L'Edito du mensuel Enbata - Pour légitimer la domination d’un pays sur un autre, il lui faut démontrer sa supériorité soit militaire, soit économique, parfois les deux. Pour réussir l’assimilation d’un peuple conquis, il faut y ajouter l’imposition d’une culture ou d’une langue dites “plus élaborées”, dites “supérieures”. A cela, il faut laisser passer le temps pour façonner les esprits et les comportements afin d’envisager, pour chaque individu, l’assimilation comme seule possibilité d’ascension sociale dans la société du dominant.
L’accomplissement de cet effacement si parfait dans la société extérieure sera facilité par l’exercice de la démocratie représentative où “l’indigène” disposera du droit de vote, où son bulletin a théoriquement la même valeur que celui de tous les autres citoyens de l’Etat central. En deux ou trois générations, l’on peut ainsi voir disparaître des langues et des cultures millénaires ou, au mieux, les maintenir au stade résiduel. Langues, dites régionales, danse ou chant dits “folkloriques”, jouent en deuxième division, venant ainsi en contrepoint de la culture savante, dite universelle, de l’Etat. Lequel a ses haut-lieux que chacun aspire à fréquenter pour son propre épanouissement et participer à la marche du monde. (...)