La diabolisation des Catalans est inutile et injuste

Dans une tribune au journal Le Monde, parue le 12 octobre 2017, Nicolas Marty, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Perpignan Via Domitia, estime que le débat soulevé par les velléités sécessionnistes catalanes conduit de nombreux commentateurs à présenter une image fausse d’une crise prévisible.
"Le référendum n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel sans nuages. Cette crise était prévisible. Elle s’appuie sur la convergence entre un sentiment profond de la société catalane et un ensemble de faits récents. La Catalogne se considère très largement comme une nation. Mais ce n’est pas un nationalisme borné et chauvin. Les Catalans sont des gens ouverts sur le monde, très favorables à l’Union européenne (UE) ; ils ne défendent en aucun cas un nationalisme de puissance, mais plutôt un nationalisme d’existence. La force de ce phénomène a été décuplée par une séquence politique qui, depuis 2010, a vu le gouvernement espagnol enchaîner une invraisemblable succession d’humiliations et de manifestations d’autoritarisme." (...)

Impair, passe et manque !

Le 1er octobre 17 restera dans l’histoire de la Catalogne à la fois comme un dimanche noir, mais aussi comme un extraordinaire moment d’unité !
Sans revenir sur les évènements qui l’ont marqué et dont les images ont fait le tour du monde, il convient de s’interroger sur les motivations des parties prenantes du conflit. (...)

Plus qu’un changement d’élite, un changement de régime

En 2005 le parlement catalan approuvait avec une écrasante majorité de 89% le Nouveau statut renforçant l’autonomie de la Catalogne. Ce dernier était adopté l’année suivante par le parlement espagnol. Le recours du PP devant la Cour constitutionnelle cette même année 2006 a abouti à l’annulation en partie du Nouveau statut catalan en 2010. Concomitamment, durant ces 10 dernières années, l’option indépendantiste est passée de la marginalité (aux environs de 10%) à la quasi majorité.
Alda! publie quelques extraits de l’interview, accordée à la veille du scrutin, par Quim Arrufat, ex-député au parlement catalan et actuel porte-parole national de la CUP, Candidature d’unité populaire (parti politique indépendantiste catalan de gauche et féministe, pratiquant le municipalisme libertaire), pour comprendre cette évolution et les enjeux liés au référendum d’autodétermination en Catalogne. (...)

Après le référendum

Le bras de fer se poursuit entre les deux protagonistes, malgré les appels à la médiation.
Mardi 10 octobre, Carles Puigdemont ouvre un débat devant le parlement catalan. Une déclaration unilatérale d’indépendance est dans l’air. (...)

La déclaration unilatérale d’indépendance en droit international

«L'existence ou la disparition de l'Etat est une question de fait ; (…) la reconnaissance par les autres Etats a des effets purement déclaratifs». C'est par cette phrase que la Commission d'arbitrage de la Conférence pour la paix en Yougoslavie dans son avis nº1 en date du 29 novembre 1991 a résumé tous les éléments qui rendent une déclaration d'indépendance si complexe.
Un Etat est constitué dès lors qu'il réunit trois éléments indispensables. Un territoire, une population mais aussi un gouvernement. C'est le fondement d'un Etat. Cependant, un Etat ne peut pas vivre en totale autarcie et son existence ne peut être accréditée que par sa reconnaissance par d'autres Etats. Dès lors la reconnaissance par les autres Etats semble indispensable pour la survie du nouvel Etat. (...) la reconnaissance d'un Etat est l'acte par lequel un Etat rend opposable à son égard l'existence d'un autre Etat. Tous les Etats aujourd'hui ont été reconnus par leurs pairs et l'histoire a montré à de maintes reprises combien une indépendance peut être dure à acquérir. (...)

Askatasunetik demokraziara

Enbata Hilabetekariko Sar Hitza - Espainiako konstituzioak garbi dio Espainia “zatiezina” dela. Hori da Espainiaren zutabe nagusia. Hori gabe, gainbehera eror liteke. Horregatik, Espainiak ez du nehoiz onartuko, ez gaur ez bihar, bere konstituzioaren atal hori aldatzea.
Ez da, beraz, sekula posible izanen Espainiarekin adostea independentziari buruzko erreferendumik, erreferenduma egitea bera “zatiezintasun” hori dudan jartzea bailitzateke. (...)

Comment les indépendantistes en sont arrivés là

Le référendum du 1er octobre ne tombe pas du ciel. Il est le fruit d’une longue mutation politique qui affecte l’abertzalisme catalan tout entier.
Il y a quinze ans, les abertzale catalans étaient réputés pour leur sens du dialogue et leur modération. Eux au moins étaient fréquentables. A l’inverse des Basques, violents et jusqu’au boutistes. Jordi Pujol vice-roi d’Espagne contre Arzallus le cynique, de mèche avec ETA. Aujourd’hui, les rôles sont inversés. L’évolution catalane est le résultat d’une série d’expériences, de démarches et d’événements qui ont totalement changé les sensibilités et le panorama politique du pays comme celui de l’Espagne. (...)

“Cataluña es España”

Le gouvernement espagnol a déployé des moyens sans précédent pour empêcher la mise en oeuvre du référendum catalan, limiter sa portée politique, en affaiblissant la participation des électeurs.
On mesure ici la sujétion et l’énorme déséquilibre du rapport de forces entre Barcelone et Madrid. (...)