Indépendance stratégique

L'Édito du mensuel Enbata - D’abord le Covid. Et puis la guerre en Ukraine. Dans le sillage de ces deux évènements mondiaux majeurs, l’Europe et toutes les nations du monde n’auront jamais autant questionné leur propre souveraineté.
Si cela pourrait réjouir les abertzale qui en espèrent des dividendes, ou les militants du climat, qui croient deviner l’avènement d’une transition énergétique, l’avenir n’est sans doute pas aussi évident. (...)

Le nez dans le ruisseau

L'Édito du mensuel Enbata - Les élections présidentielles françaises confortent, dans le même élan, la montée en puissance du discours de l’extrême droite et la démission de l’État français, incapable de garantir une nécessaire transition écologique ni même de limiter la précarité et les inégalités ou d’éviter le “double échec sanitaire et politique” dans la crise du Covid, nous rappelle, Nicolas Goñi dans les colonnes d'Enbata.
Certes, le Pays Basque Nord est un territoire qui reste “peu impacté par la montée des opinions d’extrême droite”, a décortiqué Txomin Poveda, dans une longue réflexion en trois volets. Mais, ajoute le sociologue, “on assiste toutefois à des prises de position parfois inquiétantes qui naissent discrètement dans le brasier des problématiques qui impactent la population du territoire”.
L’antidote du militantisme basque n’exclut pas le discernement. (...)

Cause toujours

L'Édito du mensuel Enbata - Nos gamins des ikastola, ou des filières bilingues, sont donc anticonstitutionnels. Le raccourci est un peu court et la sentence, qui semble davantage évoquer une politique de natalité chinoise qu’une chance d’épanouissement, leur fait une belle jambe. Mais l’esprit est là.
Quand ils seront grands, nos enfants seront bilingues anticonstitutionnellement et sauront au moins caser le mot le plus long du dictionnaire français. (...)

Front commun pour le droit de se loger

La manifestation massive pour le droit de vivre et de se loger a posé les bases, le 20 novembre dernier à Bayonne, d’un véritable Batera du logement qui ouvre désormais ses chantiers pour réguler méthodiquement le marché du foncier et de l’immobilier.
Avec cette assise large à Bayonne, ce Batera du logement entend faire du Pays Basque rien moins qu’un territoire d’expérimentation, permettant d’installer des mécanismes d’encadrement des prix ou d’imposer des clauses anti-spéculatives. (...)

Anachronique

L'Édito du mensuel Enbata - Et l’orchestre du Titanic continue à jouer… Cette fois, cela n’a pas le charme de musiciens consciencieux qui vont couler en tambour et trompette, ni même d’un hymne à la vie qui repeindrait la peur en beauté. Nous sommes en novembre 2021, dans le récit haletant d’un livre d’histoire qui s’écrit à toute vitesse, entre un rapport du GIEC qui nous coince en flagrant délit de sabotage et une COP26 qui met en scène la partition du naufrage...
La LGV est un anachronisme stupéfiant, qui ne résonne au présent que pour nous parler de cette COP26, de lobbies puissants qui contiennent les décideurs, de logiciels que les briscards de la politique sont incapables de mettre à jour. (...)

La foi sans loi

L'Edito du mensuel Enbata - La visite ce mois d’août de la ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, a montré un décalage entre les réflexions de notre territoire et ses propres préconisations. Habitée d’une vision libérale, elle ne souhaite par exemple pas encadrer l’obtention de logements secondaires, ni limiter les loyers, au moins pour les huit prochaines années. Emmanuelle Wargon préfère plutôt assouplir les règles qui contraignent à construire des logements sociaux. On la rappellera quand on n’aura besoin de rien.
Dans cette attente et dans un environnement sans loi, digne du “Far West” déplorait l’élu luzien Peio Etcheverry-Ainchart dans Le Monde, les Basques gardent la foi. L’occupation du terrain Berroeta d’Arbonne, depuis le 23 juin dernier, devient une bataille emblématique et contient tous les germes des combats à mener. (…)

Quelques secondes et une éternité

Le 18 février 2010, le procureur de la Cour d’appel de Pau interroge Mixel Berhocoirigoin sur ses revenus. Il risque jusqu’à un an de prison et 15.000€ d’amende pour prétendre créer une Chambre d’agriculture alternative. La réponse est aussi simple qu’une poignée d’euros, quelques centaines, même pas le SMIC. (...)
Dans l’interstice de ce procès comme dans ce temps éternel, depuis que Mixel nous a quittés ce samedi 8 mai, un matin où des centaines de marcheurs en faveur de la paix gravissaient symboliquement les sommets basques, les images se bousculent à la porte de ce journal dont il était un rédacteur indéfectible et avisé, dans la nécessité, toujours brûlante, d’expliquer. Et dans cet enterrement, aux allures de pastorale, on ne savait plus très bien qui pleurer ni applaudir, du compagnon, du bâtisseur, du militant, du syndicaliste, du faiseur de paix, du meneur de batailles ou de cette foule sans laquelle il n’aurait pas marché d’un pas aussi déterminé. (...)