Progression d’EH Bildu au détriment du PNV

Les souverainistes progressent de 4,5% en moyenne dans un scrutin marqué par l’ombre d’ETA que la droite espagnole a réactivé pour gêner le PSOE. Celui-ci sort affaibli de cette consultation où la droite retrouve des couleurs en Hegoalde et en Espagne. (...)
EH Bildu, la mutation : son but est de devenir une alternative crédible au PNV, donc de rassembler des électeurs issus de divers horizons. À l’image de son rival de centre droit, lui aussi attrape-tout hétérogène. (...) Relève de génération au PNV : pour le scrutin du 28 mai, le parti jeltzale a féminisé ses têtes de listes. Il prépare le renouvellement progressif de ses trois principaux leaders. Jusqu’en mai 2023, le PNV brillait pas sa domination masculine. (...)

Le 28 mai en Navarre

La nouveauté de ce scrutin est l’éclatement de la droite navarraise. Hier les régionalistes d’UPN, le PP et Ciudadanos étaient rassemblés sous une bannière unique, Navarra+. Suite aux votes imprévus de ses députés à Madrid, elle a éclaté. Le PP et l’UPN se livrent depuis à une guerre fratricide, avec un net avantage pour les seconds.
Dès lors, Maria Chivite, présidente socialiste de la province depuis 2019, est assurée de renouveler son mandat avec le soutien d’EH Bildu qui veut d’abord éviter un retour de la droite au pouvoir. (...)

Emigration d’Iparralde

De 1832 à 1914, le nombre de ceux qui quittent nos trois provinces est quantifié à environ 150.000 jeunes gens —beaucoup entre 16 et 25 ans— alors qu’en 1900, le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule ne comptent que 185.000 habitants. Le phénomène se poursuivra jusqu’à la fin des années 60 au XXe siècle. On évalue alors à plus de 2000 les jeunes quittant chaque année Iparralde, après la deuxième guerre mondiale.
A sa naissance en 1960, le mouvement Enbata fit de ces 2000 jeunes Basques en partance, un slogan pour réveiller les consciences et dire non à la fatalité. Selon certains observateurs, ces chiffres sont sous-estimés mais ils donnent le vertige. Ils montrent comment le Pays Basque a été privé des forces vives de sa jeunesse depuis des siècles. (...)

Témoignages de membres d’ETA

Couvrant la période des soixante ans de l’organisation armée basque, un livre publie aujourd’hui huit témoignages de membres d’ETA, — dont quatre femmes — issus de quatre générations différentes. Ils sont extraits d’une enquête réalisée par Caroline Guibet Lafaye, directrice de recherche au CNRS, déjà autrice de deux ouvrages évoqués en 2021 dans ces colonnes : A l’écoute des acteurs de la lutte armée  et Ethique de l’engagement politique armé. 
L‘universitaire Alexandra Frénot est co-auteure de ce recueil intéressant à plus d’un titre. D’abord du fait de la rareté des ouvrages en français consacrés à ETA. Ensuite parce que la plupart des livres sur le sujet reprennent, dans le meilleur des cas, les déclarations officielles d’Euskadi Ta Askatasuna ou celles de ses dirigeants, empreintes souvent de langue de bois. Rare est la parole de militants qui ont consacré leur vie à notre lutte de libération nationale et en ont payé le prix, toujours énorme. (...)

Moyens de survie

L'Edito du mensuel Enbata - Nos gouvernants ne sont pas avares de grandes déclarations d’amour à l’égard des langues régionales, mais la réalité des moyens dévolus à leur enseignement et à leur usage les contredit chaque jour. En Pays Basque Nord, la place de l’euskara à l’école et dans la cité demeure largement minoritaire.
En inversant les situations, quelles seraient les réactions hexagonales si seulement 16% des élèves suivaient une filière d’enseignement en immersion du français et 35% en filière bilingue ? (...)

La dispersion au passé

L’Édito du mensuel Enbata - Le 24 mars, le gouvernement espagnol annonce le prochain transfert en Pays Basque des cinq derniers prisonniers politiques basques. Il signe la fin de la politique de dispersion commencée il y a 34 ans. Elle fut une des armes majeures de l’Espagne pour tenter de briser l’unité du collectif des presos. Ils étaient 755 en 2008, pour un pays de trois millions d’habitants. La punition instaurée par un ministre PSOE, Enrique Mugica Herzog, fut subie par des milliers de familles obligées de parcourir souvent plus de 2000 km, pour 40 minutes de parloir, de dépenser des fortunes en frais de déplacements. Seize personnes y perdirent la vie.
Cent soixante et un gudaris sont désormais incarcérés en Pays Basque, la France en retient treize à Lannemezan, à 140 km d’ici. La décision intervient douze ans après qu’ETA ait annoncé l’arrêt définitif de la lutte armée. Douze ans de trop, la déclaration de paix unilatérale ne fut pas négociée. Douze ans inutiles parce que le collectif des presos a résisté. Douze ans de vengeance supplémentaire infligée à des proches qui n’étaient coupables de rien. (...)

Les indépendantistes catalans dans la tourmente

D'âpres négociations entre ERC et Madrid permettent de redéfinir certains délits dont sont accusés les leaders souverainistes. Mais le pouvoir judiciaire n’applique la réforme qu’à moitié.
Les divergences de stratégies entre ERC et Junts deviennent abyssales et le poison de la division brise durablement l’unité du camp indépendantiste, sur fond de rivalités pour les prochaines élections municipales le 28 mai et les législatives de novembre. Elles seront un test. (...)

Qui décide pour nous ?

L'Edito du mensuel Enbata - La construction de la Ligne à grande vitesse ou LGV, pour laquelle nous devrons payer un impôt supplémentaire, bouleversera le territoire d’Iparralde, ses équilibres économiques, démographiques, culturels, linguistiques, environnementaux, tout son système de mobilités. Bien que ce projet soit majoritairement contesté par nos élus locaux, il nous est imposé par des décideurs situés à Pau, à Bordeaux, à Paris, à Bruxelles et même à Bilbao.
Les Basques, qu’ils soient d’origine ou d’adoption, ne maîtrisent pas leur devenir. (...)