Nos gudaris incarcérés presque tous rapprochés

Gudari
Dans le labyrinthe judiciaire espagnol, Xabier Atristain retourne pour la nième fois en prison.

La politique de dispersion mise en œuvre par l’État espagnol en 1989 tire à sa fin. Onze ans après l’arrêt définitif de la lutte armée, onze ex-militants d’ETA vont rapidement intégrer les prisons de Zaballa, Martutene ou Basauri en Pays Basque, a annoncé le 14 octobre le Secrétariat général des institutions pénitentiaires. Sur nos 175 prisonniers de guerre incarcérés en Espagne et en France, une douzaine se trouve à entre 300 et 450 km de leur domicile, 145 sont en Euskal Herria. Une vingtaine sont dans les prisons de territoires limitrophes, Cantabrie, Soria ou Saragosse. Douze des quatorze presos en France sont à la prison de Lannemezan, à 230 km de Donostia.

En 2011, l’Espagne et la France comptaient 527 prisonniers de guerre basques, les rapprochements se sont nettement accélérés en 2021. Un an plus tôt, 27 % des presos étaient encore en Andalousie.

Sur les 137 incarcérés en France, seuls six d’entre eux se trouvaient dans les centres de détention de Lannemezan et de Mont-de-Marsan.

Ibon Fernandez Iradi est connu à Bayonne pour s’être évadé du commissariat en février 2002. Après 19 ans d’incarcération il est atteint d’une grave sclérose en plaques. La France l’a fait quitter le 20 octobre la prison de Lannemezan pour rejoindre celle de Donostia.

La bataille se poursuit sur un autre terrain. Depuis que le gouvernement basque détient la compétence sur le gestion des prisons, il a accordé à 29 militants le troisième degré, c’est-à-dire la liberté conditionnelle. Le procureur de l’Audiencia nacional qui conserve la haute main sur ces décisions a présenté des recours sur 16 de ces mesures et étudie cinq autres cas. Suivant sa logique de juridiction politique habituelle, la haute cour a pour l’instant révoqué trois décisions de mise en liberté conditionnelle.

Le dossier de Xavier Atristain est en ce domaine particulièrement scandaleux. Le 17 février, notre preso a retrouvé la liberté grâce à une décision de la Cour européenne des droits de l’homme, excusez du peu. L’Espagne a attendu un mois pour appliquer la sentence qui l’a condamnée le 18 janvier, l’obligeant à libérer un « terroriste ». Mais la « justice » espagnole ne l’entend pas de cette oreille, elle s’acharne. Le 2 juin, le Tribunal suprême réincarcère Xabier Atristain. Un mois plus tard en juillet, la liberté conditionnelle lui est accordée par le ministère basque de la justice. L’audiencia nacional est saisie du dossier après un recours du procureur. Le prisonnier de guerre basque retourne en prison le 14 octobre.

En 2010, Xabier Atristain apprit que la police espagnole souhaitait l’entendre suite à l’arrestation en février d’Ibai Beobide en Gipuzkoa. De bonne foi, il se rendit volontairement au commissariat de Biarritz. Un mois plus tard, la France le livra à L’Espagne. Là-bas, l’audiencia nacional le laissa libre. Mais en septembre de cette même année, il fut réincarcéré. Placé sous le fameux régime de l’incommunication, il fut torturé et avoua tout ce que la police voulait lui faire dire, y compris « le meurtre de Manolete » (1). Après deux ans de prison préventive, il fut libéré en septembre 2012, dans l’attente de son « jugement ». Il fut condamné en 2013 à 17 ans de prison. 9 ans plus tard, la Cour européenne des droits de l’homme le fit sortir de prison. Ce roman kafkaïen, serait risible s’il ne s’agissait de la vie d’un homme et de son bien le plus cher, sa liberté. D’une vie devenue calvaire parce qu’un être humain est ici le jouet d’un harcèlement inouï de la part d’un Etat qui se prétend de droit.

A croire que certains magistrats des hautes cours espagnoles fonctionnent comme le soldat japonais Hiro Onoda qui continua la guerre de 39-45 jusqu’en 1974, sur l’ïle Lubang aux Philippines, refusant d’admettre que l’Empereur avait signé la reddition. Ils ne savent pas que la guerre est finie.

(1) Référence à une blague sinistre en cours dans les commissariats espagnols : grâce aux mauvais traitements, les policiers se targuent de faire avouer au « terroriste » basque que c’est lui qui a tué le torero Manolete qui, comme chacun sait en Espagne, mourut encorné par un taureau Miura, à Linarés en 1947.

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