L’histoire récente des CCI est marquée par quelques évènements majeurs. La défiance grandissante du monde politique souhaitant récupérer une partie des taxes aux entreprises et asseoir ainsi une compétence économique en est un. Retour en arrière sur les Chambres de commerce et d’industrie et la place de la CCI Euskal Herri.
La défiance grandissante du monde politique envers les Chambres de commerce se traduit par la ponction arbitraire, en trois ans, de 30% des ressources issues des taxes aux entreprises et une “saisie ponctuelle” au profit de l’Etat (pour combler son déficit) de ce qui dépassait 120 jours de fond de roulement des CCI. Ces ponctions soudaines et arbitraires, dont le grand public a été tenu à l’écart, a eu pour conséquence des politiques de ressources humaines relativement mouvementées et complexes (dans un statut social particulier, le code du travail n’étant pas appliqué dans ces structures de droit spécifique).
En parallèle, une réorganisation de grande ampleur du secteur consulaire a été menée : passage de 150 CCIT (T pour territoriale), dont la CCI Euskal Herri, (puisque c’est son nom officiel), à 90 CCIT en ne gardant que les CCI dont le nombre de ressortissants est supérieur à 10.000 et équilibrage des missions entre CCIR (R pour régionale). Les évolutions des textes régissant cet équilibrage ont été négociées et un accord a été trouvé. Dans ce contexte, et malgré une récente note du préfet datée du 16/2/2017 qui plaide curieusement pour que les deux “nains” départementaux Baiona et Pau se rejoignent, la CCI Euskal Herri jouit d’une position enviée par beaucoup de CCIT : avec 17.000 ressortissants elle est qualifiée de moyenne, elle ne dépend que de 20% des ressources externes (si bien que quand l’Etat la ponctionne, la conséquence en est atténuée), elle gère des équipements stratégiques : les ports (Bayonne et Saint-Jeande- Luz), des écoles de renom (Estia, bien entendu, mais aussi Kedge – école de commerce en réseau avec Bordeaux et Marseille), elle n’a pas été taxée sur son fond de roulement, car elle venait d’acheter la drague (15 millions d’euros)… Son président, André Garreta, est aussi président de toutes les CCIT de France et son entregent a pesé sur l’élection du président de CCIF (F pour France) et, auparavant, du président de la CCIR dans laquelle il m’a proposé comme trésorier.
La fusion fin 2016 début 2017 des CCIR.
Nous étions 7 CCIT (Euskal Herri, Bordeaux, Dordogne, Landes, Libourne, Lot et Garonne, Pau) et une CCIR (CCI Aquitaine). Les 14 CCIT (en rajoutant Corrèze, Creuse, Limoges pour le Limousin, Charente, Deux Sèvres, La Rochelle, Rochefort, Vienne pour Poitou-Charentes mais en supprimant Libourne absorbée par Bordeaux) et les 3 CCIR anciennes (Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes) ont fusionné en une CCIR (CCI Nouvelle Aquitaine). Il a donc fallu travailler en 2016 sur cette fusion. Tout d’abord absorber Libourne, en respectant les étapes, les salariés les élus, etc. Il a fallu ensuite travailler sur les nouvelles CCIT qui n’avaient pas les mêmes habitudes (paramètres de gestion, règlement intérieur, travail en commission, dont la commission financière qui a joué un rôle important dans la mandature précédente au sein de la CCI Aquitaine pour faire converger les bonnes pratiques et mettre en commun des indicateurs de suivi. Tout au long de 2016, par exemple, alors que rien n’était prévu dans les textes, nous avons cheminé ensemble avec les CCIT et CCIR pour échanger les outils, missionné un audit sur la fusion, établi des budgets transitoires et leurs conséquences sur les effectifs et missions… Beaucoup de problèmes à régler, ensemble : certaines nouvelles CCIT avaient leur propre service export, paye, etc., alors que nous avions déjà mutualisé les nôtres, il n’était pas non plus question d’ajouter les effectifs des trois. Il a donc fallu mettre en place un régime transitoire de transfert d’effectifs et de compétences. En ce début 2017, nous sommes au milieu du gué. Nous sentons néanmoins un certain enthousiasme à réussir ensemble cet exercice.
Une réorganisation
de grande ampleur
du secteur consulaire
a été menée :
passage de 150 CCIT,
dont la CCI Euskal Herri,
à 90 CCIT en ne gardant
que les CCI dont
le nombre de ressortissants
est supérieur à 10.000
et équilibrage
des missions entre CCIR.
Démarche similaire ailleurs
Je suppose que cet exercice de fusion doit aussi être le lot actuel de la fonction territoriale, dans son ensemble. Pour les services régionaux des départements fusionnés dans la Nouvelle Aquitaine, des questionnements identiques se posent sur les recentrages des missions et sur les effectifs cibles pour les remplir à terme. Plus près de nous, je pense aussi que dans la nouvelle communauté Pays Basque, les choses bougent… L’organigramme des vice-présidents et délégués a montré, s’il le fallait, la grande habilité de son président, Jean-René Etchegaray. Pour moi, bien que l’exercice de simplification des doublons, de réduction des effectifs ou acquisitions de compétences nouvelles (ce qui entraîne des formation/adaptations) soit difficile, c’est l’occasion de coller au plus près du besoin et de se construire une collectivité à notre main. Il nous serait très utile d’avoir, dans les colonnes de ce mensuel, des témoignages des acteurs de cette évolution afin que la communauté Pays Basque puisse être en prise avec ses habitants. Nous, CCI Euskal Herri, souhaitons travailler la main dans la main avec la Communauté. Les présidents se parlent, les interlocuteurs sont en cours de désignation, une cellule de coordination a été créée au sein de la CCI. Elle se mettra au travail dans les prochains mois. Et nous ferons ensemble de grandes choses.