Le festival Euskal Herria Zuzenean nous attend du 30 juin au 2 juillet, à Irisarri. Retour sur quelques aspects de cet événement festif, culturel et militant qui en font une expérience plutôt unique en son genre.
De « L’Eurock des peuples contre la world compagny » à « Etengabe azalberritzen », en passant par « Herri bat zuzenean », « Sorginen zelaian, gurea asma » ou « Auzolanaz berpiztu », les slogans entonnés par Euskal Herria Zuzenean (EHZ) depuis 1996, témoignent de l’évolution d’un festival qui a sans cesse su se réinventer. Tout en restant fidèle à ses engagements, EHZ a toujours fait peau neuve au gré des dynamiques sociales qui ont traversé le Pays Basque et des générations de militants qui se sont succédé pour pérenniser cet événement. Niché depuis cinq ans au pied du Baigura, à Irisarri, la 27ème édition du festival EH entend ainsi continuer à faire vivre la culture basque et à susciter l’engagement des jeunes pour un modèle de société plus solidaire, plus juste et résolument anticapitaliste. Durant trois jours, des artistes venus d’horizons et d’univers divers fouleront les planches d’EHZ, tandis qu’un espace de réflexions et de débats donnera aux festivaliers l’occasion d’échanger autour de différents enjeux de société. Mais le festival ne pourrait se tenir sans la force collective de près de 500 bénévoles et militants qui, cette année encore, viendront donner un coup de main précieux.
Une programmation vivante et éclectique
Dès la première édition, les banderoles arborées dans les champs d’Arrosa faisaient le procès de « la marchandisation du monde » et prônaient la défense des cultures minorisées et opprimées par le rouleau compresseur capitaliste. Plus que jamais, EHZ aspire à affirmer une culture basque vivante, loin des représentations folklorisées et aliénées qui transforment de plus en plus notre culture en un simple produit marketing répondant aux besoins du marché néolibéral. EHZ n’est pas seulement un événement musical. C’est surtout un lieu d’expression culturelle, où la langue et la culture basques tiennent une place majeure. Dans la continuité des dernières éditions, entre le théâtre, le cirque, la danse et les expositions, la programmation est pensée pour tous les publics. Sans céder à une logique de « tête d’affiche », EHZ porte une attention particulière à la diversité des styles musicaux. Le groupe post-punk Belako partagera la scène avec les incontournables du rock basque Willis Drummond et Kristonak. Les rythmes enjoués de Gatibu, Kolinga, Afrika Bibang et Zetak feront vibrer le public. De plus, trois groupes traverseront la mer et les océans jusqu’à Irisarri : le groupe mythique métal Soulfly, les quatres musiciens de Madmadmad ainsi que les Islandais FM Belfast qui apporteront dans leurs bagages une musique électronique déjantée. Enfin, comme à son habitude, l’un des objectifs d’EHZ est de mettre en avant les projets artistiques d’Iparralde. Le trio folk Habia jouera ainsi sur une des scènes d’Irisarri, aux côtés d’Akts, d’Aho Zakil Konekxion et de Kuma No Motor.
Un festival engagé
Pour EHZ, le féminisme, l’anticapitalisme, l’écologie, la justice sociale, l’internationalisme ne sont pas des mots en l’air. Ils se traduisent par leur mise en pratique concrète et l’engagement des militants-bénévoles. Pour cette édition, nous avons amélioré le système de toilettes sèches et tâchons comme chaque année de nous fournir en produits locaux, issus de l’agriculture paysanne pour notre restauration. D’autre part, d’année en année, EHZ peaufine la mise en place de son protocole visant à prévenir, sensibiliser et lutter contre toutes formes d’agression sexiste, lesbo/homophobe et raciste. Le festival veut être un lieu sûr pour toutes et tous, et aspire par la même occasion à promouvoir et généraliser ce type de protocole dans toutes les festivités d’Iparralde. Aussi, il est toujours utile de préciser qu’ EHZ est un festival « no logo » et autogéré, ce qui implique la prise en charge par les bénévoles de tous les pans de l’organisation (sécurité, alimentation, communication, etc.), sans les sous-traiter à des entreprises privées.
Dès la première édition, les banderoles arborées dans les champs d’Arrosa
faisaient le procès de la « marchandisation du monde »
et prônaient la défense des cultures minorisées et opprimées
par le rouleau compresseur capitaliste.
Enfin, EHZ ne s’est pas fait en un jour. Cette année, nous avons ainsi mis l’accent sur la transmission des connaissances liées à la culture basque et à l’engagement bénévole et militant. De février à mai, EHZ a proposé, à titre gratuit, différents ateliers ludiques et pédagogiques autour de la culture et de l’événementiel à plus de 300 élèves de plusieurs lycées d’Iparralde. Il s’agit, en somme, de montrer que l’organisation d’un tel évènement, en grande partie autofinancé et sans but lucratif, est possible grâce au travail de centaines de bénévoles et à la transmission des responsabilités au fil des générations. Par ailleurs, afin d’intégrer les néo-bascophones, nous nous sommes rendus auprès de plusieurs classes d’AEK. S’il n’est pas nécessaire d’être bascophone pour venir au festival ni même pour être bénévole, nous souhaitons susciter la pratique du basque dans l’espace public et dans un cadre informel, au-delà des écoles et des salles de classe, prônant la défense des cultures minorisées et opprimées par le rouleau compresseur capitaliste.