Agustin Ibarrola, le dernier des « grands »

Agustin Ibarrola.

L’artiste a contribué à forger l’art basque moderne du XXème siècle, aux côtés de Jorge Oteiza et Eduardo Chillida. Antifranquiste, homme de gauche, il connut la prison à deux reprises.

Il a quitté la scène à 93 ans, au terme d’une longue vie d’artiste multifacettes. Il avait pourtant encore à faire, lui qui s’efforçait de réaliser des oeuvres de format réduit, à la mesure de ses forces ultimes. Agustin Ibarrola (Basauri 1930 – Kortezubi 2023) avait intégré le cercle des plus grands artistes basques de la seconde partie du XXème siècle, tels Jorge Oteiza, Eduardo Chillida, Nestor Basterretxea ou bien encore Jesus Echevarria et Juan Antonio Sistiaga, pour ne citer qu’eux…

Au fil des dernières décennies de la seconde partie du XXème siècle, ces hommes constituèrent une avant-garde extraordinaire leur ayant ouvert les portes des grands musées où incarner une nouvelle école basque de la peinture et surtout de la sculpture. C’est avec Jorge Oteiza (Orio 1908 – Donostia 2003) que, résidant momentanément à Paris, Ibarrola intégra le groupe avant-gardiste Equipo 57. Puis, ce furent Estampa popular, l’école de Deba, le cercle Emen (« Ici »), qui vit le jour en Biscaye. En parallèle, furent lancés les cercles Gaur (« Aujourd’hui ») en Gipuzkoa, et Orain (« Maintenant ») en Alava, alors que Danok (« Tous ») prévu en Navarre, ne parvint pas à se matérialiser.

Le bois d’Oma

On lui doit, entre autres oeuvres monumentales, la « création » du bois d’Oma en Biscaye, dans le village de Kortezubi. Pas de chênes centenaires à admirer, mais de solides pins dont les troncs ont été peints de rayures ou autres motifs symboliques et joyeux. Sujet aux intempéries et aux atteintes des ultraviolets, aménagé en 1982, cet espace emblématique avait grandement souffert des ravages du temps.

Un « nouveau » bois d’Oma (d’une dizaine d’hectares) placé sous l’autorité de la Diputacion de Biscaye, a donc été inauguré, non loin de sa première forêt, quelques jours avant sa mort. A une certaine époque, il fut aussi adepte de travaux sur de vieilles traverses de chemin de fer auxquelles il prêtait une deuxième vie !

Durango accueille actuellement l’exposition « A base de papel. Papera ardatz ». Outre le papier, il travaillait aussi le métal et la pierre.

Emprisonné pour ses idées

Ibarrola a survécu à ses principaux compagnons de route sans avoir cessé de travailler. Première exposition à 18 ans à peine ! Son monde à lui ne se bornait ni à la peinture ni à la sculpture classique espagnole. Il s’ouvrit à la nouveauté, au cubisme notamment. À la liberté des formes. À la liberté d’idées vouées à ce que l’on pourrait appeler la « résistance démocratique ». N’ayant pas la moindre affinité avec la cause indépendantiste basque, il était resté proche du syndicat Comisiones Obreras (CC.OO) et du mouvement anti-ETA Basta Ya. Il se heurta aussi à l’extrême-droite qui ne l’épargna guère. Antifranquiste convaincu, l’homme fut poursuivi par le régime et emprisonné pour ses idées communistes, à deux reprises au moins. La première fois en 1962, condamné à 9 ans d’enfermement. Libéré en 1965, il fut à nouveau incarcéré en 1967.

Les barreaux du franquisme

À 11 ans, abandon des bancs de l’école. À 14 ans, au travail dans un atelier de sandales. Né pauvre dans une famille ouvrière, l’homme aspirait à un art accessible à tous, proche de la nature. Epris de liberté, il se heurta pourtant aux barreaux, dont on retrouve une évocation dans son immense « Guernica » (1967) que le Musée de Bellas Artes de Bilbao a pu acquérir en 2021, avec le soutien financier des institutions basques. Constituée d’une dizaine de panneaux, l’oeuvre spectaculaire était un hommage au Guernica de Picasso (1937) déposé au musée Reina Sofia de Madrid, éloignée de la version colorée plus tardive de José Luis Zumeta (1967). Ibarrola choisit le noir, l’anthracite, le gris, le blanc. Tragique, durissime, sa palette explosive dégage une extraordinaire force vitale qui nourrit l’admiration.

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