KITZIK HERRI
La ville de Bayonne compte 10.000 nouveaux inscrits sur les listes électorales. Un chiffre colossal, si on le rapporte aux 32.000 électeurs de la cité et surtout à la vingtaine de petites voix qui a fait la différence lors du précédent scrutin de 2014. Soit près de 30% de nouveaux inscrits et 20% de la population totale. Une donnée propre à défier n’importe quel pronostic. Mais encore faut-il l’affiner.
Cette augmentation du nombre d’électeurs doit d’abord au “baby boom” de l’an 2000 et à l’inscription désormais automatique des jeunes majeurs sur les listes électorales. Il doit aussi à l’augmentation démographique de la ville, qui a franchi, il y a peu, la barre des 50.000 habitants. Cela justifie un taux de renouvellement positif entre ces 10.000 nouvelles inscriptions en six ans et les 7.000 radiations pour cause de décès, déménagements ou pertes des droits civiques. Il y a donc 3000 inscrits supplémentaires sur les listes électorales par rapport aux municipales de 2014, soit une augmentation de 10%.
Ces 10.000 nouvelles inscriptions peuvent également cacher les mouvements d’une même personne, par exemple en cas de déménagement qui induit une radiation, suivie d’un réaménagement dans la ville avec nouvelle inscription sur les listes électorales. Une seule personne peut ainsi apparaître trois fois dans ces données en étant inscrite, radiée, puis réinscrite. Mais faute de pouvoir affiner ces chiffres, on peut considérer que les projections sur le scrutin doivent compter sur cette base de renouvellement de 30% par rapport au précédent.
30% de gauche ou de droite ? Ecolos ou socialos ? Satisfaits ou remboursés ? Il faudra attendre le dénouement pendant quelques jours mais il est envisageable que Jean-René Etchegaray profite d’une “prime au sortant” des nouveaux arrivants, qu’on imagine mollement satisfaits s’ils se sont installés dans la cité.
En contrepoint, les jeunes, nouveaux votants, contribuent à l’augmentation du suffrage Vert, genre d’assurance vie qui se développe dans l’hexagone.
Le reste est politique fiction. L’arrivée inédite à Bayonne d’une nouvelle liste d’extrême-droite dans la course à la mairie, peut également affaiblir le bloc soudé de droite. Lors des élections européennes de 2019, la liste de Marine Le Pen avait atteint les 15%, contre moins de dix aux législatives de 2017 en cumulant les scores de Debout la France.
Reste l’autre grande variable, bien supérieure à ce tiers de nouveaux votants. Le taux d’abstention qui, en 2014, restait supérieur à 40%.