Retranscription de la prise de parole de l’Artisan de la Paix Michel BERHOCOIRIGOIN lors de l’inauguration de la sculpture de Koldobika Jauregi (“Arbolaren Egia” ou “La vérité de l’arbre”) le dimanche 8 avril à l’Esplanade Roland Barthes.
Nous sommes aujourd’hui, jour pour jour, un an après de désarmement qui a été un moment historique sur chemin de la paix. Un désarmement qui a changé le paysage ! Cet œuvre est le symbole de ce changement. Cet œuvre s’inscrit dans le sens de l’Histoire après Aiete, Luhuso, le 8 avril 2017.
Je veux ici tout d’abord rendre hommage à Mixel Bergouignan qui a été un compagnon de route à Luhuso et le 8 avril dernier. Il restera associé à ces engagements qui auront permis de dépasser une situation bloquée.
Suite à Luhuso, et au désarmement, quelque chose s’est débloqué. Un espace de travail est ouvert avec le ministère de la justice et nous pouvons employer le terme de confiance pour qualifier cette relation.
Les premiers résultats concrets arrivent, et il y a volonté de poursuivre. Le weekend que nous venons de vivre a été un moment très intense. Le forum de vendredi était consacré à la question des victimes, et celui de samedi à celle des prisonniers.
Mais quand nous avons parlé des victimes, nous avons parlé également des prisonniers. Et quand nous avons parlé des prisonniers, nous avons aussi parlé des victimes.
Car, parler des victimes, ce n’est pas oublier les prisonniers. Et parler des prisonniers, ce n’est pas oublier les victimes.
Les personnes très proches des victimes nous ont dit vendredi qu’ils ne voulaient pas que leur souffrance soit instrumentalisée par les uns ou les autres. Qu’ils ne veulent pas être utilisés pour alimenter les tensions, et cultiver la haine et la vengeance qui empêchent les pas.
A toutes les victimes, nous leur devons Vérité, Reconnaissance, Réparation.
Sur la question des prisonniers, Il a été dit qu’ils sont une des clés qui vont rendre possible la paix, et qu’il faut leur donner la possibilité de participer au processus. Cela a été ainsi dans tous les processus. Il faut supprimer toutes les mesures d’exception, et ensuite adapter le cadre légal aux processus de paix : c’est ainsi dans tous les processus de paix.
L’œuvre que nous inaugurons aujourd’hui est le symbole de la transition, de la situation d’hier qui aura causé tant de souffrances, dans tous les camps, vers un avenir sans haine et sans violence.
Quel symbole plus fort qu’une arme plantée au sol et qui se transforme en arbre de vie ! C’est le sort que nous souhaitons à toutes les armes de la Terre ! Et à toutes les stratégies de tensions si dangereuses pour la paix…
Cet œuvre s’appelle « La vérité de l’arbre ». Ce n’est pas « l’arbre de la vérité », parce que, comme cela a été répété au cours des forums, il n’y a pas UNE vérité, il n’y a pas UN récit, il n’y a pas UNE mémoire. A nous de créer une mémoire collective dans laquelle cohabiteront toutes les mémoires ! A nous tous de construire, sans rien oublier, le Pays Basque que nous voulons transmettre aux générations futures.