Le «bon sens» et «l’illusion» ou l’illusion du «bon sens».

Rajoy&MAcronPetites réflexions lexicales a l’intention des autorités françaises sur la question catalane.

Pour vous, vous qui nous avez fait un beau discours sur l’Europe il y a quelques semaines, les choses sont simples. Il y a d’un côté un État et de l’autre une région, une province même. Et pour vous l’ordre des choses est évident : le bon sens veut que l’État soumette la Région et ses habitants à sa volonté, à sa loi.

C’est à votre ami de l’autre côté des Pyrénées, le seul interlocuteur valable selon vous, que j’emprunte le «bon sens». Lui parle de «sensatez».

C’est un mot qui semble anodin mais qui peut en réalité être très nocif . Le «bon sens» ou la «sensatez» c’est presque toujours la loi imposée par celui qui détient la force. Un État se définit bien par le fait qu’il détient sur un territoire donné le monopole de la coercition ?

Quand le « bon sens» et la «sensatez» parlent aux masses, je m’inquiète. Parce que l’avenir n’est que rarement fait par le «bon sens» qui commande quasiment toujours que rien ne change. Il est l’arme utile du conservateur. Le «bon sens» nous indique qu’il ne faut pas faire de vagues. Il peut-être le sens-unique et dans cette affaire pourrait même être le sens inique.

Pourtant « bon sens » est un mot qui sonne bien, qui est doux à l’oreille ; chacun semble le comprendre sans effort. C’est du prêt-à-penser, du prêt-à-décider.

Il y a d’autres mots qui peuvent être ambigus. Il y en a un qui a été utilisé par un ancien premier ministre d’origine catalane (dont vous étiez le ministre de l’Économie), c’est le mot «illusion». Pour lui c’est cela l’indépendance catalane : «une illusion». Mais quand on connaît, comme cet ancien premier ministre le catalan (la langue de la région qui doit se soumettre) et le castillan (la langue de l’État qui parle de «sensatez»), on sait que ce sont de faux amis. En effet «il.lusió» (catalan) et «ilusión» (castillan) signifient plutôt une espérance mélangée d’impatience. La langue de notre ex-premier ministre aurait-elle fourché ? Non, bien sûr. Mais j’espère que ceux qui, à Barcelone ou à Madrid, ont écouté ses paroles auront bien compris la subtilité linguistique. Sinon ils pourraient croire que cet ancien chef du gouvernement a perdu le «bon sens» qui le caractérise.

Pourtant aujourd’hui l’ex-président catalan (selon le  «bon sens») ou le président en exercice (selon bon nombre de catalans) a expliqué devant la presse combien les poursuites dont il fait l’objet avec son équipe, ressemblent à de la vengeance et à une violence dont seuls font preuve ceux qui perdent leur sang-froid. Et je pourrais même dire ceux qui perdent le bon sens si je voulais insister un peu plus sur l’ambigüité de l’expression. Que ferez-vous ?

Serez-vous demain encore derrière les tenants de la «sensatez» ? Continuerez vous de les soutenir au risque de ne pas être dans le sens de l’histoire, qui n’est peut-être pas le «bon sens».

Vous me direz que «le sens de l’histoire» est aussi une expression discutable. Mais aujourd’hui il semble bien que des millions de catalans veuillent donner à l’histoire un autre sens que celui que les dirigeants de Madrid veulent leur imposer avec cette «sensatez» qui les anime.

Ne croyez-vous pas qu’il serait temps que vous regardiez les choses autrement et particulièrement la carte de l’Europe ? Quand on change d’axe pour regarder une carte on voit parfois la réalité autrement. Dans certaines circonstances il faut tourner la carte dans un autre sens que celui que vous indique le «bon sens».

Voyez ! Pour les uns l’indépendance est une «illusion» et pour les autres elle est une «il.lusió».

Si vous tenez vraiment à l’avenir de l’Europe comme vous le prétendez, tournez vous un peu plus vers ceux pour qui l’Europe est une «il.lusió» afin que nous ne perdions pas nos illusions concernant l’avènement d’une véritable démocratie européenne.

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