Textes dits lors de la messe des obsèques de Jakes Abeberry, le 5 décembre 2022, ainsi que lors de l’hommage public qui lui a succédé.
Eyhande Abeberry
Aita, j’entends ta voix résonner encore quand tu t’adresses à moi, non pas un son banal et plat, non, plutôt un souffle de la famille des cuivres ; oui ça résonne tranchant et puissant comme tu l’es aita ; si puissant que tu m’as donné l’oreille musicale…
Oui la musique, quand je ferme les yeux et que je me plonge dans le passé, je me retrouve au concert comme tous les vendredis chez Koko ton frère, le chef d’orchestre qui bat le rythme en tournant inlassablement la cuillère pour remuer la purée mousseline afin d’adoucir les grumeaux. Là autour de la côte de porc purée, s’anime la discussion avec des ténors de renoms, Zigor l’ami fidèle, conteur passionné, Julen la basse imperturbable, ton frère Pierrot l’enchanteur, puis viennent les fifres pour le café, (bruit de sifflé) Maurice annonce le début de la symphonie, accompagné de membres du barreau, tiens une femme, Maite Maniort.
La symphonie peut commencer, le ton monte, l’intensité est là, à son comble.
Tout d’un coup le frère aîné bondit, c’est Albert qui veut terminer en beauté la symphonie, alors il monte haut sa voix, de plus en plus haut, et se dresse debout sur la table.
Eh bien, oui aita, là où tu es, avec tes frères tous réunis, la symphonie peut continuer, et cette fois-ci sans la côte de porc purée.
Ikus arte aita, ikus arte.