Certains capitalistes surpuissants, dotés et dopés d’un égo gigantesque, sont considérés comme des génies pour avoir amassé en peu de temps d’immenses fortunes. En fait ils sont éminemment dangereux car ils ont d’énormes pouvoirs, des ambitions illimitées et pas de scrupules ni de vergogne. Ils ont pillé la terre, ils l’ont polluée, donc elle ne leur suffit plus : voici qu’ils montent à l’assaut du ciel et à la conquête de planètes inhabitables. Ils dépensent des sommes colossales pour vivre quelques instants de gloriole et d’ivresse en orbite spatiale, sans rien ramener de scientifique ou de technique à l’humanité qu’ils exploitent. Ce formidable gaspillage d’énergie, cette super-pollution, c’est dingue, non ? L’orgueil démesuré dévie la pensée, mais dangereusement et ces potentats ont les moyens d’imposer à tout le monde leurs luxueux caprices.
Pourtant cet “exploit” spatial n’est qu’un détail par rapport à leur capacité globale de nuisance : poids exorbitant de leurs entreprises dans le marché mondialisé, vaste liberté d’initiative et d’investissement, lourde ou sournoise influence personnelle, lobbying effréné, possibilité d’acheter les principaux moyens d’information, de corrompre les décideurs politiques, de soutenir aux élections suprêmes des candidats fascisants, de se payer des gardes personnelles…
Que pèse la bonne volonté des États démocratiques face à la puissance ravageuse et aux manigances de ces oligarques géants ? A peu près ce que pèse un cordon de dunes côtières face à un gros tsunami…
Mais le pire est à venir, car ces géants prétendent cornaquer la marche en avant de l’économie mondiale et, finalement, dessiner l’avenir de l’humanité. Non contents de posséder la terre, ils comptent bien s’approprier le ciel. L’espace privatisé pourrait devenir à brève échéance un nouveau Far West sans foi ni loi, livré aux appétits des plus puissants, des plus voraces, des plus égoïstes, des plus malins, des moins honnêtes. Après avoir démoli la terre, ils vont démolir le ciel !
Les ressources minérales de notre planète étant en voie d’épuisement, ils iront chercher les métaux rares sur la lune et sur Mars. Ils prétendent même y installer une partie privilégiée de l’humanité pour fuir une terre qu’ils auront rendue inhabitable.
Comment arrêter ces projets insensés ? Nous n’avons pas d’autre univers vivable que notre bonne terre-mère, les scientifiques le disent clairement. Donc, on risque de gaspiller dans des aventures insensées et finalement mortifères des sommes inouïes qui devraient servir à sauver la vie sur la planète bleue.
Autre chose est la recherche scientifique menée dans l’espace par des organisations responsables et contrôlables : elle apporte des informations précieuses sur la terre et sur le ciel, notamment pour améliorer la situation des humains comme des autres vivants. Mais, là aussi, l’on peut subir une dérive dangereuse, car certains chefs d’États ou de gouvernements autoritaires ne cachent même pas leur intention de porter éventuellement les conflits dans l’espace par un système de fusées capables d’attaquer les satellites artificiels et les stations spatiales ennemies, ou simplement concurrentes.
Il y a donc un risque énorme d’appropriation de l’espace, comme d’ailleurs des pôles terrestres, de la haute mer et des fonds marins, par des puissances publiques ou privées. Déjà, l’on assiste à une certaine saturation du ciel par la multiplication des satellites artificiels, d’où des nuisances inquiétantes comme la difficulté des observations astronomiques et la surabondance de débris encombrants, voire dangereux. A quand le renforcement de traités internationaux déjà existants, mais notoirement insuffisants et débordés ?
Plus largement, ne serait-il pas temps de mettre au pas ce capitalisme sans frein qui se croit tout permis depuis la chute de l’Union Soviétique et le recul des partis communistes ? Vaste sujet de réflexion.
S’il y avait une formule magique de révolution mondiale ça se saurait, sans doute aurait- elle déjà fonctionné. Mais la lutte pour le climat et pour les ressources renouvelables, contre le gaspillage et la pollution, cette lutte vitale nous donne des raisons nouvelles de remettre en question ce système qui mène l’humanité à sa perte si on le laisse faire plus longtemps. Elle peut nous donner aussi de nouveaux angles d’attaque et des moyens nouveaux de résistance.