12 organisations de la société civile demandent à Ségolène Royal de geler définitivement l’exploitation des combustibles fossiles en haute mer.
Le mercredi 22 février, les représentants de 12 organisations de la société civile publient une lettre ouverte à Ségolène Royal, lui demandant de geler définitivement l’exploitation des combustibles fossiles dans les eaux territoriales françaises.
“Il y a presqu’un an, Mme Ségolène Royal annonçait un moratoire sur les forages en mer Méditerranée, comme réponse directe aux revendications du millier d’activistes climat qui avaient bloqué le Sommet MCEDD sur l’exploitation d’hydrocarbures en haute-mer, véritable contre-COP21 qui devait se tenir à Pau, puis annonçait sa volonté de l’étendre à l’ensemble des eaux territoriales françaises”, rappelle Txetx Etcheverry du mouvement basque Bizi!.
Le collectif d’organisations à l’origine des mobilisations de Pau l’an passé demande désormais à la Ministre de l’environnement, de la mer et de l’énergie de “passer à l’étape suivante” en commençant par geler les permis de la façade Atlantique.
Olivier Dubuquoy, de Nation Océan, souligne les conséquences dévastatrices de l’exploitation des hydrocarbures en haute mer : “au-delà de l’effet catastrophique que pourrait avoir une marée noire sur les écosystèmes des différentes zones convoitées par les pétroliers, nous sommes certains que l’exploitation de ces gisements accentuerait lourdement le réchauffement climatique”.
Geler définitivement l’exploitation des fossiles en mer est doublement important. Les réserves de combustibles fossiles actuellement exploitées sont suffisamment grandes pour nous faire sortir de la trajectoire des 2°C de réchauffement. “Exploiter de nouveau gisements est donc incompatible avec les engagements pris lors de la COP21. La France, qui a joué un rôle moteur pour l’adoption de l’Accord de Paris doit donc faire preuve d’exemplarité, a fortiori au moment où un climato-sceptique occupe la Maison Blanche”, ajoute Clémence Dubois, chargée de mission “Zéro Fossile” pour 350.org.
Les signataires de la lettre ouverte (ci-dessous) à Ségolène Royal :
Jacques Beall, Surfrider Foundation Europe
Maxime Combes, Attac
Florent Compain, Amis de la Terre
Olivier Dubuquoy, Nation Océan
Fanny Delahalle, Alternatiba
Txetx Etcheverry, Bizi!
Nicolas Haeringer, 350.org
Denez L’Hostis, France Nature Environnement
Jean-François Julliard, Greenpeace
Cécile Marchand, ANV-COP21
Laura Morosini, Chrétiens Unis pour la Terre
Pierre Perbos, président du Réseau Action Climat
Le texte de la lettre ouverte à Ségolène Royal, ouverte à signature sur le site suivant
Madame la Ministre,
En avril dernier, vous avez décidé d’un “moratoire immédiat sur la recherche d’hydrocarbures en Méditerranée française“, gel que vous avez publiquement annoncé vouloir étendre à l’ensemble des eaux françaises pour tous les nouveaux permis.
Cette annonce précurseuse représente une étape décisive de la transcription concrète de l’Accord de Paris dans les politiques françaises. Geler le développement des projets d’extraction de combustibles fossiles est en effet indispensable pour respecter les objectifs adoptés à l’issue de la COP21.
Les gisements de gaz et de pétrole actuellement exploités sont suffisamment grands pour nous faire sortir de la trajectoire des 1,5°C de réchauffement climatique – et si nous exploitons de surcroît tout le charbon des mines actuellement en production, nous dépasserons largement les 2°C.
Il est désormais indispensable de passer à l’étape suivante, de s’assurer que votre engagement personnel puisse s’appliquer à celui ou à celle qui vous succèdera et de geler définitivement l’accord de nouveaux permis d’exploration comme d’exploitation dans l’ensemble des eaux françaises. Pour débuter ce processus il faut élargir le moratoire à la côte Atlantique et à la Guyane et abroger les permis Parentis Maritime, Parentis Maritime Sud, Marges du Finistère ainsi que PER UDO et PER SHELF.
L’élection de Donald Trump s’annonce catastrophique sur le plan de la lutte contre le réchauffement climatique, à un moment où nous ne pouvons pourtant plus nous permettre d’attendre. Comme il l’avait annoncé, ses toutes premières décisions constituent un retour en arrière brutal – qu’il s’agisse d’autoriser le développement d’oléoducs ou de remettre en cause les engagements de la COP21.
Le rôle des dirigeants du monde entier les plus attachés à la lutte contre le réchauffement climatique est donc désormais de “compenser politiquement” l’absence de volontarisme des dirigeants les plus rétrogrades.
La France n’est malheureusement pas à l’abri de la victoire de personnalités politiques aussi rétrogrades que Trump, y compris en matière climatique. Il est donc indispensable de mettre à profit les mois qui restent pour s’assurer que, quel que soit le résultat des élections présidentielle puis législatives, la France reste un pays moteur de la lutte contre le réchauffement climatique.
Il s’agit en outre d’une manière très concrète de transcrire la résolution pour une “société bas-carbone” adoptée par l’Assemblée nationale “encourageant les investisseurs institutionnels, les entreprises, notamment celles dont l’État est actionnaire, et les collectivités territoriales à cesser d’investir dans les énergies fossiles“.
Veuillez agréer, Madame la Ministre, l’expression de nos sentiments les plus distingués,
Jacques Beall, Surfrider Foundation Europe
Maxime Combes, Attac
Florent Compain, les Amis de la Terre
Olivier Dubuquoy, Nation Océan
Fanny Delahalle, Alternatiba
Nicolas Haeringer, 350.org
Txetx Etcheverry, Bizi
Jean-François Julliard, Greenpeace
Denez l’Hostis, France Nature Environnement
Cécile Marchand, ANV-COP21
Laura Morosini, Chrétiens Unis pour la Terre
Pierre Perbos, président du Réseau Action Climat