50 ans de l’exécution d’un anarchiste catalan

Salvador Puig Antich. Street art dans le quartier Errekaleor de Gasteiz.

Hasard du calendrier. La mort de Robert Badinter (1928-2024) immense « conscience » française du XXème siècle, aura coïncidé à quelques semaines près, avec le 50ème anniversaire de l’exécution à Barcelone, de l’anarchiste catalan Salvador Puig i Antich (1948-1974), membre du MIL, ex-Mouvement Ibérique de Libération.

En France, Robert Badinter l’ancien ministre de la Justice du président François Mitterrand, fut donc l’artisan de l’abolition de la peine de mort, promulguée en 1981. Ceci dans une France encore traumatisée par la double exécution du duo Roger Bontems / Claude Buffet survenue le 28 novembre 1972, dans l’enceinte de la prison de la Santé à Paris. Deux hommes que la presse de l’époque désigna volontiers comme les « assassins de Clairvaux », du nom d’une prise d’otages sanglante survenue dans cette prison aménagée sous les toitures d’une abbaye cistercienne médiévale du XIIe siècle. Prison aujourd’hui désertée, après avoir été l’une des plus sécuritaires de l’Hexagone.

Faut-il rappeler que Roger Bontems et Claude Buffet n’avaient pas obtenu la grâce du président Georges Pompidou. Faut-il rappeler par ailleurs que Robert Badinter fut l’avocat de Roger Bontems, repris de justice dont il ne parvint pas à éviter la mort sous le couperet de la guillotine. Ceci en dépit de tous les espoirs qu’il avait, semble-t-il, fait naître chez le condamné. L’avocat en avait quasiment fait une « affaire personnelle », dira son entourage.

Le MIL issu de Mai 68

Pourquoi un rapprochement Badinter / Puig i Antich ? Parce que les deux hommes aux parcours diamétralement opposés, furent confrontés à la question de la peine de mort infligée soit par décapitation en France, soit par strangulation en Espagne, du fait du recours à ces outils de sinistre mémoire, guillotine et « garrote vil ». Ce dernier implanté depuis des siècles en Espagne, fut couramment utilisé au XIXème siècle, alors que la peine de mort allait y être abolie durant la Transition démocratique. Salvador Puig i Antich fut exécuté le 2 mars 1974. Il fut accusé d’avoir commis l’irréparable au sein du MIL, lequel ne fut pas considéré comme un mouvement terroriste, mais une organisation issue de Mai 68 qui toutefois n’hésitait pas à faire usage de ses armes. Le MIL s’adonnait essentiellement à des vols et des braquages dans des banques, alors qu’il se constituait un butin de plusieurs millions de pesetas.

Un émoi énorme

C’est ainsi que Salvador Puig i Antich finit par faire usage de son arme sur la personne d’un jeune policier Francisco Anguas, ce dernier ayant été chargé d’investiguer le groupe auquel adhérait Salvador Puig i Antich. Si l’on en croit les récits de l’époque, ce dernier commit une erreur magistrale. En effet, il oublia son portefeuille dans un bar, avant d’être rapidement identifié. Une confrontation entre membres du MIL et la police s’acheva par la mort du policier (24 ans) dont la mère finalement mourut de chagrin. Et quelques mois plus tard, par l’exécution du jeune anarchiste antifasciste (25 ans), sous la férule du « garrote vil » (le garrot) dont l’utilisation est définitivement supprimée depuis l’approbation de la Constitution de 1978 en Espagne. Sa mort provoqua un énorme émoi en Espagne et bien au-delà.

« La mort de Puig i Antich provoqua un énorme émoi en Espagne et bien au-delà. »

Une prison « mémorielle »

D’aucuns ont demandé la révision du procès intenté à Salvador Puig i Antich, pour cause d’erreurs commises (manque de preuves notamment), lors de l’instruction de son cas. En vain à ce jour. Au début de ce mois de mars, quoiqu’il en soit, les 50 ans de la mort de Puig Antich auront été l’occasion d’évocations sous le toit de la prison barcelonaise dite Model ou Modelo, lieu de détention n’abritant plus de prisonniers, mais devenu espace de mémoire. La famille de Salvador Puig i Antich, la mairie de la cité de même que Manuel Huerga, cinéaste auteur d’un film intitulé Salvador, y ont pris directement part. Ce dernier, ainsi que le rapportait le quotidien « El Périódico » lors de la présentation de ces journées mémorielles, a lancé un appel « à la fin de l’endormissement général qui, selon lui, frappe la jeunesse en proie à un conformisme préoccupant » …

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