La démesure caractérise notre société moderne sous bien des aspects :
- au niveau économique par la poursuite d’une croissance infinie, sur laquelle repose le capitalisme et qui pousse à la dérégulation, soit l’abolition des règles (limites) des économies nationales et locales,
- au niveau social, par le creusement des inégalités, aujourd’hui même entre riches et hyper-riches,
- au niveau de notre rapport au temps et à l’espace, par le désir d’aller toujours plus vite, plus loin et plus souvent,
- au niveau écologique, par l’exploitation des ressources naturelles et l’émission de pollutions au-delà des capacités (limites) de renouvellement et d’absorption de la planète ; par l’exploitation des ressources non renouvelables en repoussant les limites techniques au-delà du bon sens écologique (pétroles non conventionnels) ; par la destruction des espaces naturels et de la biodiversité qui risque de dépasser les seuils d’équilibre écologique planétaire (peut-être déjà dépassés)…
- au niveau climatique, par l’augmentation exponentielle des émissions de gaz à effet de serre, au-delà des seuils (limites) observés dans l’histoire du climat stable
- au niveau culturel, par le désir insatiable d’accumulation matérielle, ou consumérisme ; par le modèle social que constitue la classe des riches,
- au niveau politique, car la perte de la mesure va de pair avec le reflux démocratique et politique, puisque c’est précisément le choix de la mesure et de la limite qui est au fondement de la démocratie et de la politique,
- au niveau moral, par la démesure ostentatoire et la perte de décence de la « jet-set » et de la classe des « ultra-riches »,
- au niveau philosophique, par le tabou sur la mort et le développement de l’idéologie transhumaniste (qui considère la mort comme une « erreur » à corriger et qui prévoit, par la convergence industrielle prochaine des biotechnologies, des nanotechnologies et des sciences cognitives, l’avènement d’un humain potentiellement tellement modifié qu’il ne serait plus considéré comme homo sapiens)… ou bien plus simplement par le rêve d’une jeunesse éternelle (chirurgie esthétique, publicité…), en tout cas par la négation ou le refus de la « finitude » de l’humain (et donc de ses limites).
La lutte contre la démesure, et pour la restauration démocratique de limites fait le lien entre l’écologie et les questions sociales (l’austérité, la dette, le chômage, les délocalisations étant aussi liés à cette caractéristique d’accumulation illimitée). Elle pose la question d’un accès égalitaire aux ressources, à la fois au niveau social et au niveau écologique. La notion de revenu maximum acceptable est une des limites possibles à faire avancer dans le débat public, autour de laquelle construire un rapport de forces, des alliances, une évolution des consciences.
C’est dans cette perspective que s’inscrit le défilé festif et revendicatif qu’organise Bizi ! mercredi prochain à 11h00 (rendez-vous au bout du Pont Saint-Esprit côté gare) dans le cadre de la traditionnelle manifestation du premier mai à Bayonne, pour appuyer la revendication d’un revenu maximum autorisé. Rejoignez nous y pour donner plus de force à cette revendication.
Elise Bancon, Valerie Capdeville, Alain Douillet, Paule Etchelecou, Iban Grossier, Jonathan Palais, membres de la Coordination de Bizi