Et revoilà la LGV !

TGVToujoursPlusViteLa ligne repointe son nez… à grande vitesse et s’inscrit au menu des débats de la Communauté Pays Basque. Lors du dernier conseil le 8 avril, il ressortait de l’examen des documents que l’ex Acba avait consigné une somme de 4,5 millions au budget 2017, concernant l’engagement de financer le tronçon Tours-Bordeaux, ce qu’avait refusé pour sa part l’agglomération Sud-Pays Basque.

Reprenons : les collectivités territoriales d’Aquitaine étaient invitées en 2011 à verser solidairement 842 millions pour le financement des travaux de la ligne nouvelle sur une partie qui ne concernait pas son territoire. Une solidarité qui devait trouver son juste retour ensuite, les Régions bénéficiaires devant assurer un soutien identique lorsqu’on attaquerait les travaux au sud de Bordeaux… Une sorte de “takacroire” tout à fait original auquel ont souscrit des palanquées d’élus.

Dans une convention (2011- 2016) signée en grande pompe sous la houlette d’Alain Rousset, l’Acba s’engageait pour la coquette somme de 27 millions soit 4,5 millions/an. Elle versera son obole par deux fois en 2011 et 2012 avant de se raviser et de bloquer sa participation au motif que l’engagement de l’Etat n’était plus acquis pour la partie Pays Basque. Nous étions seulement cinq élus à voter contre ce rapport, car même si la suspension des paiements nous convenait, la raison invoquée était tout à fait contraire à notre avis sur le projet ! A ce jour les collectivités qui ont suspendu leurs paiements sont au contentieux pour non-exécution de la Convention, ce qui justifie la prudence et la consignation des dites sommes.

LGVMur1Lors du vote du budget, comme il fallait s’y attendre, la question fut soulevée par Filipe Aramendi, élu d’Urrugne et opposant farouche aux lignes nouvelles en Pays Basque. Le président justifia la position de l’exécutif dans l’attente d’un jugement qui sera opposable à la CAPB pour le cas où une condamnation interviendrait. Néanmoins il donna un avis favorable à ce que l’assemblée soit appelée à débattre sur le sujet dans le courant de l’année.

Immédiatement pourtant ont surgi les arguments habituels en faveur de la ligne à grande vitesse, dont le plus ressassé : il faut payer pour le tronçon Tours-Bordeaux car déjà mécaniquement cela nous fait gagner une heure de trajet depuis Paris. C’est tout de même réduire une histoire de plusieurs millions d’euros à un gain de temps relativement faible au regard du gouffre financier qu’il provoque et ne jamais le comparer au gain qui serait obtenu en améliorant simplement les voies existantes.

Ce débat vieux de presque 30 ans est éreintant, mais dans le contexte actuel il est surréaliste. Il représente le vieux monde de la fin du XXe siècle, celui qui croyait que les ressources étaient inépuisables, celui qui ne voulait pas entendre que le toujours plus amenait notre perte, celui qui voulait ignorer le lien économique, social et environnemental.

C’est tout de même
réduire une histoire
de plusieurs millions d’euros
à un gain de temps relativement faible
au regard du gouffre financier
qu’il provoque
et ne jamais le comparer au gain
qui serait obtenu
en améliorant simplement
les voies existantes.

Car, va venir aussi la rengaine du train et de son bilan carbone bien plus satisfaisant que l’avion ou la bagnole en ne prenant pas en compte l’analyse du cycle de vie et la production démentielle de gaz à effet de serre qu’une telle construction va engendrer.

Le jour où l’équilibre sera rétabli nous n’aurons plus mal aux dents depuis longtemps. Il est étonnant que ce discours soit encore aujourd’hui tenu par certains élus socialistes, qui par ailleurs sont devenus récemment les tenants d’une transition énergétique absolue, les thuriféraires de la fin du projet de Notre Dame des Landes alors que cela interroge de fait la même question : celle des formes de développement de notre société.

On ne peut à la fois prôner le maintien de l’agriculture paysanne et fermer les yeux sur la destruction des espaces agricoles, on ne peut se vouloir le chantre de la relocalisation de l’économie et encourager l’inflation des élites circulantes, on ne peut réclamer la multiplication des logements accessibles aux revenus moyens et transformer le Pays Basque en Riviera de l’ouest, on ne peut vouloir l’accès aux transports pour tous et rendre le ferroviaire encore plus onéreux.

Non, on ne peut pas dire tout et son contraire.

Nous avons un choix à faire de façon déterminée et dans l’urgence, celui du monde dans lequel nous voulons vivre, et si nous n’optons pas résolument pour un modèle plus économe en ressources, plus respectueux des écosystèmes, moins polluant, nous signerons notre perte. Le temps des projets pharaoniques est derrière nous, nous devons retrouver le sens de la mesure, répondre à nos besoins mais ne plus élaborer de modèle de société qui nécessiterait trois planètes si d’aventure l’ensemble des humains se mettait en tête de nous imiter. “Voici le temps d’un monde fini” selon Albert Jacquard, la LGV en est un somptueux emblème et c’est à ce monde-là que nous devons définitivement tourner le dos.

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