Consensus (très) mous

1000PlacesdeParking
Exemple luzien de foutage de gueule en matière de stationnement et mobilité : contre le projet de parking souterrain de 500 places, “folie d’un aspirateur à voiture en plein centre-ville”… “un parking souterrain de 1000 places à 50 mètres du port” (donc du projet précédent).

 

Lors de ma dernière chronique, je m’épanchai sur les “consensus mous” qui entourent aujourd’hui les messages ou propositions dont le mouvement abertzale était jadis seul porteur, et tentai d’attirer l’attention sur les risques que cette situation pourrait à court terme faire peser sur la vision par la population de notre utilité politique, à partir du moment où tout le monde finirait par se revendiquer un peu abertzale.

Tapin sur l’euskara

Alors que nous sommes en pleine ambiance électorale, cette tendance au consensus mou brille de tous ses feux, la volonté des candidats de toutes tendances de vouloir ratisser large les portant à se faire les champions d’à peu près tout, y compris donc des thématiques promues par les abertzale : euskara, culture basque, politique foncière et politique du logement, agriculture durable fondée sur un modèle paysan local, et quelques axes plus particulièrement portés par des listes abertzale en fonction de réalités très locales –je pense par exemple aux mobilités et au stationnement dans une commune comme Saint-Jean-de-Luz.

Mais parfois, la comparaison des principes et des actes laisse apparaître un fossé béant que pourtant les gens ne parviennent pas toujours à percevoir, la force de la communication ayant trop souvent raison de la meilleure clairvoyance.

À mon avis, le domaine le plus flagrant dans lequel cela se manifeste est l’euskara. Il est pourtant aisé d’observer les communications écrites et orales des divers candidats pour constater l’opposition entre l’amour transi qu’ils portent à la langue basque et la place symétriquement faible qu’ils lui accordent dans leur campagne : au mieux, la traduction du titre de la profession de foi voire des têtes de chapitres des programmes, mais ensuite un développement des textes entièrement unilingues, histoire de conserver en tête l’idée que l’euskara c’est bien pour faire joli et pour pouvoir dire “mais oui, moi aussi ma communication est bilingue”, mais que ce qui est sérieux doit rester en français. Et puis quand on a tellement de choses intéressantes à proposer aux gens, tout traduire prendrait tellement de place sur une petite brochure… Allez, une petite phrase manuscrite à la fin ou “leialtasunez” au-dessus de la signature, ça devrait suffire aux Basques les plus récalcitrants…

Quant à s’assurer que ces quelques mots sont bien écrits, sans coquille ou erreurs grammaticales grossières, n’en demandons pas trop car de toute manière, c’est bien connu, même les bascophones liront le programme en français.

C’est d’une évidence biblique : l’euskara a pour un candidat en période électorale la même fonction qu’une mini-jupe et des bas-nylon pour une prostituée : il est l’accessoire du plus vulgaire tapin. La seule différence tient dans le fait que la prostituée, elle, aura l’honnêteté d’offrir une réelle prestation, là où le candidat oubliera vite ses promesses bascophiles une fois élu.

L’euskara a pour un candidat
en période électorale
la même fonction qu’une mini-jupe
et des bas-nylon pour une prostituée :
il est l’accessoire du plus vulgaire tapin.
La seule différence tient dans le fait que la prostituée,
elle, aura l’honnêteté d’offrir une réelle prestation,
là où le candidat élu oubliera vite
ses promesses bascophiles une fois élu.

Il suffit de jeter un oeil aux réalisations de la mandature écoulée en ce domaine dans le cas des candidats sortants pour s’en convaincre, eux qui faisaient déjà les mêmes promesses six ans auparavant…

Contorsions idéologiques

Dans le domaine du logement, c’est à peu près la même chose. Difficile de ne pas se positionner en faveur du logement social (ou plutôt “pour tous” ou “accessible” car il ne faut pas trop faire peur aux gens), tant la question de l’accès à un logement est devenue centrale ; en grande partie ici du fait de l’action abertzale, d’ailleurs. Mais on atteint la quadrature du cercle lorsqu’il s’agit de promettre davantage de logements à l’année sans pour autant se mettre son électorat de résidents secondaires à dos.

À Saint-Jeande- Luz ou à Biarritz, cela donne donc un discours prétendant rééquilibrer la part de la résidence secondaire par rapport à celle du logement principal, mais surtout en rappelant avec reconnaissance tout l’apport de ces logements de villégiature dans l’économie locale et en évitant toute taxation qui serait “confiscatoire”. Donc en gros, on est obligé de reconnaître qu’en de telles proportions c’est un réel problème, mais comme c’est notre électorat on ne tape pas trop dessus.

Les mêmes contorsions concernent le logement social, tout aussi périlleuses pour les adducteurs : comme on est pour le social, on s’engage à en produire, mais en priorisant l’accession sociale à la propriété parce que c’est commode en termes statistiques depuis la loi ELAN, feignant d’oublier que les heureux élus n’attendront que quelques années pour revendre leur bien en faisant une belle culbute, faisant perdre à celui-ci sa nature sociale originelle…

La classe moyenne supérieure, celle-là même qui a les moyens d’acheter tout en entrant dans les critères d’attribution de logements sociaux, sera contente.

Parkings ici ou là

Pour finir, je ne résiste pas à la jubilation de citer un exemple luzien de foutage de gueule en matière de stationnement et mobilités. Voici Manuel de Lara, dissident du maire sortant. Il est gêné aux entournures car, ayant besoin d’un thème de désaccord justifiant sa rupture avec ce dernier, il a choisi de s’opposer à un gros parking souterrain de 500 places en plein centre-ville –projet également cisaillé par l’opposition abertzale luzienne. Mais le souci est qu’il en avait voté le principe lorsqu’il était encore dans la majorité.

La solution ? Trop facile : dire non à “la folie d’un aspirateur à voiture en plein centre-ville”, mais proposer “un parking souterrain de 1000 places à 50 mètres du port”, donc à 50 mètres également du précédent ! Et pour parfaire la blague, sur le dessin du projet il plante quelques arbres à l’étage du parking, qui devient miraculeusement un “poumon vert en plein centre”…

Les consensus mous, c’était déjà pénible. Mais quand cela tourne à l’enfumage, cela devient carrément insupportable.

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One thought on “Consensus (très) mous

  1. Etant de Bretagne, et constatant le même phénomène chez nous, j’ai aimé cet article. Il semblerait donc qu’il s’agisse d’une loi quasi universelle : lêchage de c. de l’élécteur, caressage dans le sens du poil, promesse sur promesse, élection, trahison. A nous de savoir faire pression après ces élections !

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