A la SNCF il y a ce qu’on vous dit et ce que l’on vit…

Peio DUFAU à droite sur la photo, CGT Cheminots, lors d'une conférence de presse à la Gare e de Bayonne.
Peio DUFAU à droite sur la photo, CGT Cheminots, lors d’une conférence de presse à la Gare e de Bayonne.

Peio DUFAU CGT Cheminots

Depuis quelques jours, on assiste à un emballement médiatique anti-cheminots visant à opposer les salariés de la SNCF au reste de la population, mais qu’en est-il vraiment ? Passons en revue un certain nombre d’arguments entendus dans les médias.

Les cheminots seraient responsables des dysfonctionnement ?

Mais la SNCF est une entreprise publique et ce sont les gouvernements successifs qui donnent les ordres à la SNCF. Les dysfonctionnements ce sont eux qui les ont créés avec leurs choix politiques (désorganisation de l’entreprise SNCF, manque d’entretien des lignes classiques par le choix du tout LGV (Ligne à Grande Vitesse)…

Par exemple, aujourd’hui, un train de voyageur peut être supprimé par manque de conducteur, alors qu’un conducteur de fret est disponible car même s’il connaît la locomotrice et la ligne, l’organisation de l‘entreprise fait qu’il n’est plus autorisé à conduire un train de voyageur…

La SNCF coûte trop cher à l’état ? Vivement la privatisation ?

La SNCF est endettée à hauteur d’environ 50 Milliards d’euros et l’essentiel de la dette vient des constructions de LGV demandées par les élus sans que l’état ne les finance. Une entreprise privée aurait-elle dépensé de l’argent pour construire des infrastructures qu’elle savait par avance déficitaire ? Vous rappelez-vous également que l’Etat a obligé la SNCF à commander, pour 480 Millions d’euros, 15 nouveaux TGV pour sauver le site d’ALSTOM Belfort, afin de remplir leur carnet de commande alors que la SNCF n’en avait pas forcément besoin ? Une entreprise privée aurait-elle acheté du matériel dont elle n’avait pas l’utilité ?

Le ferroviaire coûte trop cher ?

En réalité, si l’on compare le ferroviaire aux autres modes de transport, celui-ci coûte beaucoup moins cher à la collectivité dès lors que tous les coûts sont pris en compte (pollution, accidentologie, santé publique, congestion routière…). Par exemple, selon l’OMS et l’OCDE, le coût annuel de la pollution de l’air due aux transports représente chaque année plus de 75 Mds €, dont 3 milliards € pour la Sécurité Sociale, le coût des accidents corporels de la route est de 32 milliards d’€ par an, la congestion des routes représente un coût de 20 Mds€ annuels. La facture est salée pour les contribuables.

Les cheminots sont privilégiés ?

Les cheminots assurent un service 24 heures sur 24 et 365 jours par an (les trains roulent la nuit et les jours fériés). Les roulants doivent découcher 2 à 3 fois par semaine et le travail en horaire décalé est la règle. Le salaire de base est au niveau du SMIC (les salariés du privé dans le fret ferroviaire sont bien plus payés que ceux de la SNCF). Aucun de mes collègues ne paient l’ISF…

Les cheminots partent à la retraite à 55 ans ?

Le nombre d’annuités du régime spécial de retraite a été aligné sur celui du privé (172 trimestres). Ce que l’on ne dit pas par contre, c’est que les cheminots continuent de cotiser pour leur retraite 28% de plus que dans le privé. Les conducteurs peuvent toujours partir à 52 ans et 57 ans pour les sédentaire, mais en subissant une décote tellement importante qu’ils continuent de travailler bien au-delà pour avoir une retraite correcte. Actuellement, un agent SNCF né en 1973 devra travailler pendant 43 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein, s’il est rentré à 20 ans il devra travailler jusqu’à 63 ans.

Si on ouvrait le transport de voyageur ferroviaire à la concurrence cela résoudrait tous les problèmes ?

L’exemple du fret ferroviaire a été ouvert à la concurrence en 2008 est pourtant parlant : depuis l’arrivée des entreprises privées, le nombre de tonnes de marchandises transporté par le train toutes entreprises ferroviaires confondus est plus bas qu’avant l’ouverture à la concurrence. De nombreuses gares Fret ont été fermées, des clients ont été abandonnés et le service s’est fortement dégradé. Vous voulez la même chose pour les trains de voyageurs ?

Supprimer le statut des cheminots résoudra les problèmes de la SNCF ?

Le statut des cheminots c’est une garantie d’emploi en contre partie des contraintes de production et du salaire plus faible que dans le privé, il garantit également une formation professionnelle de qualité permettant d’assurer la sécurité des circulations et le fonctionnement du chemin de fer public 24h/24, 365 jours par an. Le supprimer ne résoudra rien, et ne fera pas économiser d’argent.

Les cheminots ne pensent qu’à préserver leurs « avantages » ?

Les cheminots se battent pour maintenir un Service Public qui permettra à la population de bénéficier d’un service de transport ferroviaire de qualité en toute sécurité. Par exemple, les cheminots se battent pour maintenir une présence humaine dans les gares et dans les trains, ils se battent également pour le maintien des trains de nuits, luttent contre les risques de sécurité, etc.

Les cheminots et les usagers veulent la même chose, que les trains roulent avec le moins de retard et en toute sécurité. Et si vous pensez que le prix baissera avec l’ouverture à la concurrence, rappelez-vous qu’une entreprise privée doit absolument faire des bénéfices pour satisfaire ses actionnaires alors qu’une entreprise publique doit équilibrer ses comptes et satisfaire ses usagers.

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One thought on “A la SNCF il y a ce qu’on vous dit et ce que l’on vit…

  1. Cet article est clair et précis, c’est une réalité que les usagers ne veulent pas voir. Si, demain vous n’avez pas ce moyens de transport pour vous rendre au travail, vous perdrez votre emploi, et deviendrez un des artisans de cette perte. Le malheur dans notre nouvelle société en décadence, c’est que chacun condamne avant de juger objectivement. Rien n’est jamais parfait, mais chacun d’entre nous doit s’efforcer de concilier et de faire de son mieux. Les cheminots sont de ceux-là et ils ne sont pas les seuls.
    Alors de grâce refusez de porter des œillères.

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