Le système politique est à bout de souffle dans l’état français et la période troublée que nous traversons, démontre que la démocratie est en danger et que nous pouvons tout imaginer lors des prochaines échéances. Perte de légitimité, perte de confiance, certitude que la République n’est plus “le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple”, le quinquennat de François Hollande nous aura ôté nos dernières illusions !
L’épisode dernier de l’utilisation de l’article 49-3, pourtant mainte fois utilisé par le passé résonne comme l’acte de rupture du pacte représentatif qui nous lie depuis 1958.
Fallait-il en arriver là ? Quand un gouvernement “de gauche” touche à l’essentiel tout en étant totalement incapable d’en faire comprendre les raisons, il y a fort à parier que le pays se révolte et fasse barrage à des dispositions qui remettent en question le fondement du contrat social hérité du Conseil de la Résistance.
Nous avons en ce moment au pouvoir, une cohorte de maladroits aux idées incertaines qui se persuadent qu’en faisant la politique du pire, ils parviendront à réformer pour le meilleur.
Quand le pouvoir n’est plus qu’un sentiment de toute puissance déconnecté de toutes les réalités, il est vécu comme insupportable par ceux-là même qui l’ont conféré.
Le pouvoir doit avoir des limites sinon la démocratie n’est qu’un leurre.
“Par la disposition des choses le pouvoir doit arrêter le pouvoir…” écrivait Montesquieu, phrase qui ne doit pas être connue du locataire de Matignon qui confond volontiers autorité et autoritarisme !
La Ve République a vécu et son acte de mort résulte de l’inversion du calendrier électoral imaginé par Lionel Jospin. Dès ce moment, le parlement est devenu l’appendice de l’élection présidentielle privant la représentation nationale de toute autonomie, fondant ainsi une sorte de monarchie républicaine. Le débat s’est étiolé, jusqu’à disparaître totalement en transformant des député-e-s en soldats de l’exécutif.
Ainsi on peut faire campagne en “ennemi de la finance” et terminer 4 ans plus tard avec un ministre de l’Economie qui en est le plus grand thuriféraire ! Ainsi on peut s’ériger en grand prêtre de la COP21 et réduire comme peau de chagrin tous les acquis du Grenelle de l’environnement ! Ainsi on peut s’engager pour le vote des étrangers aux élections locales et mettre le feu au pays avec la déchéance nationale ! Ainsi on peut vouloir mettre un terme aux “contrôle au faciès” et finir avec une surveillance policière de masse ! Ainsi on peut tout et surtout n’importe quoi !
On peut même devenir le président d’une république sombrant dans les excès les plus divers, où les plus grands scandales sont ceux des fraudes les plus retentissantes, où une oligarchie bien en place s’accapare richesse et bien commun !
Certes le système n’est pas nouveau, il s’est mis en place lentement et les deux quinquennats précédents ont largement contribué à l’appauvrissement du pacte républicain. Mais en votant en 2012, nous avions pour beaucoup d’entre nous fait le choix du rafraichissement des institutions, de la justice sociale, de l’écologie et nous sommes très loin du compte !
Il est évident que dans quelques mois, on nous suppliera d’éviter le pire, on nous invitera à faire barrage à la droite, on nous expliquera que gauche et droite c’est forcément différent….
Je crains qu’à toutes ces criailleries la réponse ne soit une somptueuse indifférence tant j’imagine peu que puisse se lever le moindre espoir !
D’ici là nous aurons connu la pantomime des primaires à gauche, où le casting envisagé prête plus à rire qu’à espérer.
Car si on peut comprendre la nécessité à droite de les organiser, il est totalement surréaliste d’en souhaiter le pendant à l’autre bout de l’échiquier. En effet, comment imaginer qu’un président en exercice puisse aller se confronter publiquement à quelques camarades issus des mêmes rangs, et le lendemain représenter la France dans les plus hautes institutions internationales ? On touche le fond !
Refonder le pacte républicain serait sans doute une véritable nécessité, mais cela nécessite un large consensus.
Or le personnel politique actuel n’en n’est tout simplement pas capable, tellement il est empêtré dans des intérêts de caste, de partis, de chapelles diverses et variées.
Et ce faisant ils prennent de sacrés risques pour l’avenir.
Le pouvoir confisqué génère des réactions dont il est difficile à l’avance de mesurer l’ampleur, et que cela se traduise dans les urnes ou dans la rue, il en sort rarement le schéma d’une démocratie apaisée.!