Logement social, attention ligne rouge

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Alors que la production de logement social peine à décoller en Iparralde, où une véritable pénurie sévit à ce niveau, le changement des règles d’attribution de ces logements sociaux pourrait menacer à terme le droit de vivre et de se loger au pays.

Jusqu’à présent, les propositions d’attribution aux demandeurs de logement social d’Iparralde se font sur le territoire du Pays Basque. Le demandeur doit y mentionner un certain nombre de communes du territoire où il serait prêt à aménager, et plus son choix est large, plus cela facilite la proposition d’attribution.

Légalement, rien n’empêche un bailleur social de proposer ces logements sur tout le département ou le préfet d’affecter, suite à un recours DALO (Droit au logement opposable), un logement à l’autre bout du département. C’est par exemple le cas en Gironde. Mais pas, jusqu’à aujourd’hui, dans ce département bicéphale et bien spécifique que sont les Pyrénées-Atlantiques.

Trois ans sur la Côte basque contre un an en Béarn

Pourtant, les motifs de procéder ainsi ne manqueraient pas, pour un logiciel purement économique, ne tenant pas compte de ce qui fait réellement la vie et le bonheur des humains, par exemple l’attachement au territoire qui vous a vu naître ou grandir, où vous avez l’ensemble de vos relations sociales, culturelles et affectives. La pénurie de logement social est bien plus aiguë en Pays Basque nord qu’en Béarn. Le délai anormalement long d’absence de réponse à une demande de logement social est fixé à trois ans sur la Côte basque contre un an en Béarn (et dans la plupart de l’Hexagone). La cherté des prix du foncier et du bâti en Pays Basque fait également que le logement social coûte moins cher à produire en Béarn.

Des bailleurs sociaux présents sur l’ensemble du département comme Office 64 ou Domofrance peuvent donc être tentés de proposer des logements sur Pau, Oloron ou Aramits. Les instances gérant les recours DALO qui doivent jongler en permanence et “ gérer la pénurie ” sont bien entendu traversées par l’idée de modifier les règles actuelles.

Enjeu central

On comprend bien ce qui est en jeu sur cette question. L’explosion du prix des logements et la spéculation immobilière aboutissent à une multiplication des congés pour vente sur la zone tendue du Pays Basque, côte et rétro-littoral étant particulièrement concernés. La crise du logement entraîne également une multiplication des congés pour reprise. (On parle ici des congés sincères, quand un familier direct du propriétaire doit réellement s’installer dans le logement loué. On voit aussi trop souvent des congés pour reprises factices, moyen frauduleux de résilier les contrats de location de biens qu’on souhaite réorienter vers la location de courte durée, ou dont on souhaite augmenter illégalement le loyer). Il devient de plus en plus difficile de trouver à se loger dans le parc privé pour la jeunesse et les classes populaires qui n’ont pas un revenu trois fois égal aux montants de loyers aujourd’hui pratiqués. Leur seule perspective devient de plus en plus l’obtention d’un logement social.

Droit de vivre et se loger au Pays

Si on commence à proposer des logements sociaux en Béarn à ces publics là —sachant qu’un refus vous fait perdre votre caractère prioritaire sur un territoire où il y a 6,5 demandes pour une attribution—, alors c’est la fin des haricots pour eux. Et ce sera l’accélération de la transformation de la Côte basque et du rétro-littoral en cité balnéaire, où les multi-propriétaires, les meublés de tourisme et les résidences secondaires auront expulsé les milieux populaires et la jeunesse hors du Pays Basque.

La réponse à la crise actuelle du logement doit se baser sur la mise en place de dispositifs contre la spéculation immobilière et le phénomène des résidences secondaires, et sur le développement accéléré du parc social(1). En aucune façon, elle ne peut passer par la proposition de logements sociaux hors du Pays Basque.

Ligne rouge

Comme l’a expliqué très récemment Alda à Office 64, au sujet d’un demandeur originaire de Lapurdi — et fortement décidé à rester vivre en Iparralde — s’étant vu proposer un logement social sur Pau et Orthez, il y a là une ligne rouge. Le Pays Basque ne pourra ni ne devra accepter aucun précédent à ce niveau, car c’est tout simplement le droit des classes populaires et de sa jeunesse à pouvoir continuer à y vivre qui est en jeu dans cette affaire. Si cette ligne rouge devait être franchie, nous devrons alors sonner l’appel à la mobilisation générale.

(1) Malgré le fait que tout pousse dans l’autre sens aujourd’hui : explosion des prix du foncier et du bâti, renchérissement des coûts de construction, ponctions de l’État sur les APL, HLM et Action logement, pusillanimité de certains maires, multiplication des recours de riverains déjà logés qui ne veulent pas de logement social autour etc. Ainsi, le PLH adopté par la CAPB prévoyait la production de 800 logements locatifs sociaux chaque année, objectif déjà insuffisant pour répondre à la demande actuelle. Mais en 2021, seule la production de 594 logements réellement financés a été assurée !

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2 thoughts on “Logement social, attention ligne rouge

  1. Le Pays Basque accueille a la fois des personnes très fortuné , mais aussi une population avec très peu de moyens et avec des problèmes sociaux graves , et depuis quelques temps un flot de migrant et de réfugier qui se retrouve mit automatiquement comme prioritaire dans l accession de logements sociaux ! C’ est a la fois une bonne chose d aider les personnes dans la grande misère , mais terriblement injuste pour la population native du Pays Basque . Et seul un mouvement indépendantiste peut contenir ce flux de personnes !!
    Mais une des solutions serai que le mouvement abertzale devienne constructeur de logements sociaux destiner a la population de se pays . Des immeubles standard , avec 3 a 4 plan d’appartements , matériaux acheter en gros , mais de qualité et a l entretien et rénovation facile , photovoltaique ou solaire thermique sur les toits , récupération d eau de pluie , ect … . Des immeubles de 6 a 8 étages en villes et 3 a 4 dans les villages , a la mode soviétique , mais au couleur basque .
    Des logements financer un peut comme Herrikoa et I-Ener . Et par tous les mouvements Abertzale du sud et du nord . Mairie , syndicat , udalbiltza , association , entreprise , simples habitants .
    Un véritable projet politico-social de la gauche et de la social-démocratie abertzale qui nous unira et qui nous permettra de loger notre peuple !!!

  2. Les demandeurs de logement au pays basque
    Et plus précisément sur la côte basque travaillent
    Sur la côte , comment peut on envisager de proposer
    Un logement à orthez ou à Oloron!!
    Autre sujet : acquisitions des résidences principales pour être revendues 2 à 3 ans plus tard
    Au double du prix d achat , avec une rénovation superficielle.
    Prendre des mesures fiscales semblent nécessaire.

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