Il évince la droite espagnoliste de Navarra+ en cours de mandat, grâce à l’appui de deux ex-conseillers socialistes.
L’élection de Koldo Leoz, membre d’EH Bildu, à la tête de la mairie le 24 mars, suite au vote d’une motion de censure, a fait l’effet d’une bombe. Elle est passée inaperçue en raison des ravages de la pandémie. La cité était dirigée depuis les dernières élections par la coalition Navarra Suma ou Navarra+ (PP, UPN et Cs) qui rassemble l’ensemble de la droite régionaliste et espagnoliste de la province. A Lizarra, deux conseillers municipaux socialistes sur les trois élus de cette formation en ont eu marre de laisser à la droite la direction de la ville, alors qu’elle pouvait tomber dans l’escarcelle de la gauche. Forts du soutien du conseiller Geroa Bai —formation dont le PNV fait partie— ils ont donc passé un pacte avec l’indépendantiste Koldo Leoz, ancien maire (2015-2019), devenu élu d’opposition. Celui-ci occupera donc le fauteuil de premier magistrat jusqu’au 1er mars 2022. Un maire socialiste, Jorge Crespo lui succèdera.
Mécontent de cet accord hors normes, le PSOE a expulsé de ses rangs les deux conseillers municipaux socialistes. Cette élection a eu lieu à huis clos, alors que les consignes de confinement étaient déjà en vigueur. La municipalité encore aux mains de Navarra+ a refusé de mettre à disposition les moyens télématiques disponibles pour ce type de réunion. La nouvelle majorité abertzale et socialiste reproche à ses prédécesseurs une absence de projet, une gestion autoritaire et des méthodes discriminatoires. Elle compte remettre en route un Conseil des droits des femmes, une série de mesures en faveur de l’enseignement et de la pratique sociale de l’euskara, ainsi que le réseau de producteurs agricoles locaux Plazara! Tout cela avait été mis à mal par Navarra+… Les deux élus socialistes en rupture de ban ont répliqué à leur formation que leur attitude est conforme à la ligne du PSOE qui prône «dialogue et accords aboutissant à un gouvernement progressiste». Ils ajoutent: «Ici, nous ne sommes pas à Madrid», tactiques et positions «sectaires» n’apportent rien aux citoyens.
En Pays Basque, la cité navarraise de Lizarra (13.600 hab.) a valeur de symbole. Son nom évoque le projet de statut d’autonomie de 1931 et les fameux «accords de Lizarra-Garazi» d’août 1998. Le retour au pouvoir des souverainistes basques dans la ville réjouira le cœur de tous les abertzale.