S’il y a bien une constance dans les élections municipales bayonnaises, c’est le cas de la division de la gauche. Le candidat Henri Etcheto ne fait pas l’unanimité parmi les forces en présence et c’est un euphémisme. Le problème se pose d’autant plus cruellement après ce premier tour qu’il sort aussi en tête des forces de l’opposition avec près de 30% des suffrages, loin devant les abertzale, écologistes, Ensemble et France Insoumise (13,12%) et Bayonne demain – Bihar Baiona (11,21).
Certes, le socialiste a perdu du terrain. Il était à 35,26% des voix en 2014 et s’est déplumé, au cours de son mandat d’opposant, des écologistes et d’une partie de son équipe qui a formé Bihar Baiona. Mais il cumule à lui tout seul plus de scrutins que les autres forces d’opposition réunies.
Sur le papier, le rassemblement à gauche peut inquiéter la liste ouverte de droite, réunie par le maire sortant Jean-René Etchegaray et ses 40,33% de voix exprimés. D’autant que l’“alternance à gauche” est ardemment appelée par des militants des trois listes d’opposition. Mais dans les faits, il y a Henri Etcheto et la promesse d’un joli pataquès en cas d’alliance.
Côté gauche bayonnaise, c’est l’apparatchik socialiste qui provoque le rejet. Côté écolo, le promoteur de la LGV ou le défenseur des voitures en centre-ville. Côté abertzale, le jacobin indéfectible. Et du côté d’Etcheto lui même, une partie de la droite bayonnaise et d’anti-abertzale congénitaux renieront cette alliance. D’autant que la gouvernance de Jean-René Etchegaray rompt avec la droite dure et a su mettre de l’eau dans son vin. Si d’aventure les têtes de liste risquaient l’alliance, la réaction chimique n’est pas calculable.
Reste que la bonne performance vient de Bihar Baiona, nouvelle liste qui a su franchir le cap des 10%. Les abertzale, en progression de trois points, n’ont pas vraiment capitalisé l’alliance avec les écologistes et la gauche. Le maire sortant gagne 11 points sur son premier tour de 2014, mais cette fois avec Sylvie Durruty qui pesait alors 18,54% des voix et malgré une liste d’extrême droite inédite qui plafonne à 5,58%. Henri Etcheto est en recul de six points mais son résultat illustre une vraie dynamique. Ce que dit ce scrutin exceptionnel à 60% d’abstention.
Mais le péril Etcheto pose tout de même une question : pourquoi le socialiste reste t-il candidat à Bayonne alors que sa seule personne a déjà fait perdre la gauche bayonnaise et que d’autres candidat-e-s de sa liste pourraient faire l’unanimité ?