La marche pour la justice climatique à Bayonne a rassemblé 1000 personnes ce samedi 21 septembre et s’est conclue par une occupation festive et déterminée du Pont Saint-Esprit. Celle organisée par Bizi Barnekalde, Avenir et l’Université Populaire du Pays Basque en a réuni 70 au même moment à Saint-Étienne-de-Baïgorry. La veille, 500 lycéennes et lycéens avaient réalisé une marche climat ponctuée de diverses actions et interventions. La rentrée se place d’emblée sous le signe d’une mobilisation active pour le climat et la justice sociale.
Ces actions et manifestations venaient conclure une semaine marquée par un rapport scientifique alarmant sur l’évolution actuelle de la situation climatique et par la décision de justice relaxant deux militant-e-s climat poursuivi-e-s pour avoir décroché un portrait présidentiel, « au bénéfice de l’état de nécessité et pour motif légitime » devant l’inaction de l’État face au « dérèglement climatique (…) qui affecte gravement l’avenir de l’humanité ». Ces mobilisations précédaient l’ouverture à New York d’un sommet de l’ONU sur le climat et annonçaient une multiplication d’actions en Pays Basque nord, notamment sur la question des transports et mobilités, l’un des premiers postes de gaz à effet de serre, mais également sur bien d’autres « fronts » locaux de la bataille climatique.
3 marches climat en 2 jours
Le vendredi 20 septembre, les lycéens ont ouvert cette nouvelle séquence de mobilisations avec une marche réunissant 500 jeunes à Bayonne, à l’appel de Fridays For Future Pays Basque. Une banderole « Cette société consume nos forêts et déracine l’Humanité ! Alda sistema, ez klima ! » ouvrait la manifestation. Les jeunes grévistes pour le climat ont réalisé un Die In devant la sous-préfecture pour signifier que le dérèglement climatique s’accélère et s’aggrave, avec une perspective dramatique de +7°C à la fin du siècle. Ils y ont dénoncé l’inaction de l’État et applaudi la relaxe des deux activistes d’ANV-COP21 à Lyon. Puis ils ont symboliquement planté un cerisier à l’esplanade Roland Barthes, pour plaider la reforestation des régions frappées par la déforestation, l’urbanisation ou les incendies de forets, avant de conclure en annonçant une série de nouvelles actions pour les jours à venir.
Le samedi 21 septembre a connu deux marches climat, l’une à Bayonne et l’autre à Saint-Étienne-de-Baïgorry. 70 personnes ont défilé dans cette commune rurale juste après qu’une vélorution ait relié diverses centrales hydroélectriques du canton. Des décisions administratives récurrentes (destructions de seuils sur les cours d’eau, difficultés pour les renouvellements d’autorisation, etc.) sont en effet en train d’amoindrir le potentiel de production d’énergie renouvelable en Pays Basque intérieur, et les élus locaux réclament un moratoire sur tous les projets de destructions de barrages ou d’effacements de seuils.
A Bayonne, ce sont 1000 personnes qui ont marché dans le centre ville à l’appel de Bizi derrière une banderole « Climat, justice sociale : assez de bla bla, des actes ! Klima, justizia soziala: hitzetatik ekintzetarat !». Dans une prise de parole lançant la manifestation, un des représentants de l’association, Txetx Etcheverry, a souligné que de nombreuses choses bougeaient en ce moment et qu’il fallait « redoubler d’efforts pour faire avancer de multiples dossiers en cours : alternatives au tout voiture, capacités de production locale d’énergie renouvelable, outils pour une agriculture paysanne, bio et locale, moyens au service d’une économie beaucoup plus circulaire et relocalisée, Plan climat-air-énergie territorial, Plan de déplacements urbains, Plan local de l’habitat, programmes des diverses listes municipales etc. Nous devons mettre la pression, à tous les niveaux, maintenant plus que jamais ! »
Le Pont Saint-Esprit bloqué et occupé
La marche s’est poursuivie par une action géante de blocage aux voitures du Pont Saint-Esprit. Un rempart humain y a coupé la circulation le temps d’installer un système de barrièrage filtrant la circulation et n’y laissant plus entrer que les bus, cyclistes et piétons. Une occupation festive et revendicative du Pont s’en est suivie où stands et messages à la craie ont permis de retrouver unies les différentes revendications populaires, syndicales et écologiques de cette rentrée sociale. Plusieurs organisations et collectifs ayant appelé à cette marche ont pu ainsi donner de la voix ensemble, parmi lesquelles le CADE, Fridays For Future Pays Basque, les Collapsonautes, les syndicats CGT, ELB et LAB, Surfrider Côte Basque, l’atelier vélo participatif Txirrind’ola, Aitzina, Emmaus, CCFD-Terre Solidaire, la LDH etc.
Romain Dussault, coordonateur de Bizi, a expliqué la cohérence d’une telle convergence « Pour ne prendre qu’un exemple, la réforme des retraites est un mauvais coup social, mais également écologique : défendre le « travailler plus » et donc « produire plus » sur une planète dont on dépasse déjà les capacités écologiques et naturelles revient à scier la branche sur laquelle l’Humanité est assise.».
Quand à elle, Marion Pichery, coordonnatrice du groupe Alternatives au Tout Voiture de Bizi a rappelé le sens de cette occupation du Pont saint-Esprit : « C’est un message que nous envoyons à la Communauté d’agglomération du Pays Basque et aux mairies du littoral basque. Vous allez payer Vinci pour délester une partie importante du trafic automobile intra-muros de nos villes. Si dans le même temps vous ne fermez pas à la circulation voiture des voies à l’intérieur de ces mêmes villes, alors vous aggravez le problème climatique et nous ne pouvons pas l’accepter. En effet, ce serait ainsi élargir le tuyau global de la circulation automobile, créant un appel d’air pour de nouveaux trajets voiture à l’intérieur des villes. Au total, plus de véhicules, plus d’émissions de gaz à effet de serre et en quelques années à peine, nos centre villes à nouveau congestionnés, mais avec bien plus de voitures qu’aujourd’hui. L’opération rocade doit obligatoirement s’accompagner de l’affectation de voies routières intra-muros au bus en site propre, à la marche, au vélo. Sur ce pont, ici même, mais dans bien d’autres endroits comme le boulevard du BAB ou la Départementale 810 par exemple ! »
Là encore, de prochaines actions et mobilisations ont été annoncées sur ces questions de mobilité et de transports, dans les mois à venir, avec une réunion d’ores et déjà fixée pour les préparer, le lundi 7 octobre à 19H00 au local de la Fondation Manu Robles-Arangiz, au 20, rue des Cordeliers à Bayonne.