La sur-densification de la côte basque attend son Messie ; le Tram’bus comme décrit et prédit il y a cinquante ans par la MIACA. Regard dans le rétroviseur nous fait sentir “le mal qui est fait” !
Selon le syndicat des mobilités du Pays Basque, un accord passé entre l’Agglomération Pays Basque, la société Vinci Autoroutes (exploitante des autoroutes A 63 et A64) et l’Etat, permettra aux usagers de bénéficier d’une réduction de leur facture de 50%. Ceci à partir du 1er octobre, à raison d’au moins 20 aller-retours mensuels, sur les portions Ondres-Biriatou et Guiche-Bayonne. (Valable pour les voyages domicile-travail et domicile-lieux de loisirs). L’A 63 doit ainsi contribuer au “désengorgement” de Bayonne-Anglet-Biarritz. Et devenir la rocade urbaine qui ne disait pas son nom, dès la mise en service de son premier tronçon (le contournement est de Saint-Jean-de-Luz), en 1972. Certains spécialistes estimaient alors, que le tracé de la voie tant attendue “sur la route des vacances”, (vers les plages de la Côte basque et le “sol y playa” des rivages espagnols) était trop proche de la Côte et des zones urbaines d’Anglet-Biarritz-Saint-Jean-de-Luz. L’objectif numéro Un consistait alors, à faciliter l’accès aux plages du Pays Basque. L’essentiel avait un nom : “fluidification” du trafic sur l’ex- RN10 (devenue RD 810). La Mission interministérielle d’aménagement de la Côte Aquitaine (MIACA), active de 1968 à 1988, avait été pourtant chargée de “repenser” la globalité du littoral et surtout d’anticiper les changements entraperçus pour le moyen terme. Mais personne n’avait envisagé l’explosion du fret routier, passé de 500 camions/jour à 10.000 camions/jour, entre le début des années 70 et les années 2000.
Une zone sur-urbanisée
Dans une Aquitaine sous-équipée, la MIACA avait pour mission et ambition de réguler la pression foncière et immobilière à l’heure du tourisme de masse naissant des années 60- 70. Elle décida de l’aménagement d’une poignée de projets-phares structurants. 14 sur le littoral aquitain, dont six au Pays Basque : Chiberta à Anglet, Côte des Basques à Biarritz, Untxin à Ciboure/Urrugne, Sokoburu et baie de Chingudy à Hendaye. Ceci dans un contexte basque souvent tumultueux, marqué par les rudes campagnes contre la “touristification” qui faisaient rage à cette époque charnière.
Quarante ans après, à quoi donc ressemble la Côte Basque (environ 40% de la population basque concentrée sur moins de 8% de la superficie du territoire), vue de l’A63 et de l’ex- RN10 ? L’autoroute (revégétalisée depuis sa mise à 2×3 voies) se partage entre portions encadrées de murs protecteurs et de buttes de terre anti-bruit tout en offrant quelques salutaires échappées paysagères sur les collines voisines. Vue de l’ex-RN 10, la côte victime de son attractivité, prend l’allure d’un mur de béton en construction. Elle donne l’image d’une zone sur-urbanisée ayant toutes les peines à loger son monde. Image d’un espace restreint en voie de littoralisation (phénomène engagé au début de la seconde moitié du XXe siècle) et de métropolisation (terme apparu dans les années 90), mouvements que l’on dirait imparables, dont le Pays Basque n’a d’ailleurs pas l’exclusivité…
Quarante ans après, à quoi donc ressemble la Côte Basque vue de l’A63 et de l’ex-RN10 ? Elle donne l’image d’une zone sur-urbanisée ayant toutes les peines à loger son monde. Image d’un espace restreint en voie de littoralisation et de métropolisation, mouvements que l’on dirait imparables, dont le Pays Basque n’a d’ailleurs pas l’exclusivité…
A la va-comme-je-te-pousse
On y construit à la va-comme-je-te-pousse, la palme revenant à la traversée d’Anglet, Avenue de Bayonne entre rond-point de l’aéroport B.A.B., carrefour Saint-Jean (proche de la mairie d’Anglet) et rond-point du Cadran. Son prolongement vers le sud, Avenue d’Espagne, est touché lui aussi. Au total, des centaines et des centaines de logements sortis de terre en un rien de temps, des résidences déjà construites dans le désordre, d’autres en cours de bâti, d’autres à construire. Avenue de Bayonne, ces résidences donnent tout net (sauf exception) sur cette artère sur-densifiée qui attend son Tram’bus comme le Messie. Le mal est fait et sera rapidement consommé. La nostalgie n’y pourra rien !
Quelques respirations via l’aéroport, vers le sud, et le voyageur finira par arriver à Bidart dont la grand route (ponctuée de trois ronds-points et d’un radar, hors d’usage pendant des mois sous l’effet gilets jaunes), se construit à la vitesse grand V entre supermarchés, résidences, enseignes variées de toutes tailles et placards publicitaires à tout-va. Sa traversée est déjà un boulevard urbain saturé. Après une échappée visuelle fugace mais agréable vers la plage d’Erretegia en contrebas, l’automobiliste croise la plage de l’Ouhabia à fleur de route. Le pont de la voie ferrée franchi à son arrivée sur Guethary, il côtoie l’autoroute deux kilomètres plus loin, et longe la zone d’activités de Jalday sur plusieurs centaines de mètres où les murs antibruit sont pain béni pour “graffitteurs”. L’automobiliste traversera Saint-Jean-de-Luz et Ciboure “comme il pourra”, selon les saisons et les heures. Urrugne lui tendra les bras entre hypermarché, parkings, château d’Urtubie et vaste parc arboré, alors que Biriatou et la Bidassoa finiront par s’annoncer en direction de l’A8 et de Saint-Sébastien…
La nostalgie à fleur de peau
Pouvons-nous espérer tirer quelque leçon salutaire du funeste tableau qui se peint sous nos yeux à ce rythme effréné et destructeur, pour ne pas rajouter du béton au béton ? La nostalgie, on peut le comprendre, affleure. Pour s’en convaincre ? Se diriger vers Bayonne où le Musée Basque consacre l’une de ses expos de l’été à la Côte Basque Avant Après / Kostaldea, Aitzin Gero. Hier et Aujourd’hui. Réalisée à partir de documents anciens puisés dans le fonds du musée(1), elle revient sur une époque où le Pays Basque accueillait ses premiers établissements de bains, ses premiers touristes et s’équipait en conséquence…
(1) Exposition jusqu’au 29 septembre. Parcours dans les collections photographiques du Musée : Côte Basque/ Kostaldea Avant Après. A voir aussi à Saint-Jean-de-Luz (à Ducontenia) Denbora Hartan, consacrée au port de pêche alors que la ville devenait station balnéaire. Jusqu’au 18 août.
Très bon article