L’Edito du mensuel Enbata
La réélection de Donald Trump aux États-Unis n’est pas seulement un choc outre-Atlantique. Elle est le symptôme d’un malaise plus large, qui traverse nos sociétés et alimente une montée des extrêmes partout dans le monde. Cette vague populiste et réactionnaire se nourrit d’inquiétudes bien réelles, de préoccupations du quotidien, et il serait trop simpliste, voire contreproductif, de réduire ses électrices et électeurs à des individus moralement disqualifiés.
Plutôt que de juger ces choix, l’élection américaine nous démontre qu’il convient de construire une proposition politique claire qui offre des solutions aux problèmes concrets des habitants. Lors des dernières législatives, le NFP a montré que localement un tel projet est possible. Depuis, en quelques semaines seulement, Peio Dufau a fait avancer des sujets comme la défense du fret ferroviaire, la suppression de la taxe spéciale LGV, la lutte contre les culbutes spéculatives. La loi portée par Iñaki Echaniz limitant les locations saisonnières qui privent d’un toit les habitants à l’année a également été votée. Ce sont des avancées concrètes qui redonnent espoir.
Reconnecter l’action politique aux attentes de celles et ceux qui subissent les attaques d’un système qui abandonne de plus en plus de personnes en route, c’est le défi qui se présente à la gauche dans son ensemble. A quelques jours de la présentation publique du programme politique d’EHBai et de la proposition d’autonomie pour Iparralde, on peut même dire que c’est un défi auquel le mouvement abertzale entend répondre sérieusement. Dans la perspective des élections municipales et communautaires de 2026, c’est un enjeu de taille pour que le camp progressiste et social, conscient de la nécessité d’une action efficace et rapide face au changement climatique, puisse jouer les premiers rôles. Ces élections ont déjà commencé en coulisses et promettent de belles batailles.
Reconnecter l’action politique
aux attentes de celles et ceux
qui subissent les attaques d’un système
qui abandonne de plus en plus de personnes en route,
c’est le défi qui se présente à la gauche dans son ensemble.
Le mandat 2026-2032 sera aussi celui qui devra remettre en débat la question de l’évolution institutionnelle. L’agglomération à laquelle le Pays Basque a consenti après le refus de la Collectivité territoriale à statut particulier a fait ses preuves en de nombreux domaines. Mais ses limites sont également flagrantes et sujettes à critiques de plus en plus fréquentes, bien que plus ou moins légitimes selon les interventions. C’est dans ce contexte que nous voyons réapparaître un collectif qui sommeillait depuis au moins 2018 : la plateforme citoyenne Batera. Cette dernière a joué un rôle primordial dans le dossier de la reconnaissance institutionnelle, et aussi sur les questions agricole, universitaire ou linguistique. Sur cette thématique aussi, c’est bien de l’activation populaire, du débat d’idées et de la confrontation avec Paris que se structurera une position de territoire à même de définir collectivement ce dont nos batailles sectorielles ont besoin pour franchir un pas significatif.
Et il y a urgence. Le monde agricole, appelé aux urnes ces prochaines semaines, enchaîne les crises dont les conséquences néfastes s’accumulent. La langue basque, déclarée en situation d’urgence linguistique par les acteurs sectoriels, attend encore que l’État, la région et le département soient au rendez-vous du financement commun de l’Office public de la langue basque, alors que l’institution du territoire, la CAPB, a déjà pris ses responsabilités.
La réponse unitaire et de proximité semble être la plus pertinente pour parler à une population qui, légitimement préoccupée par ses conditions de vie, n’écoute plus et s’enferme dans des idées populistes qui font plus que jamais écho dans la société. Ce sont toutes nos batailles du quotidien, même celles qui peuvent paraître parfois éreintantes ou inatteignables qui construisent les victoires de demain. Celles-ci alimentent l’espoir et l’imaginaire collectif d’un pays qui se prend en main et trace une tangente afin de se démarquer d’une ambiance générale parfois bien sombre.