“Des résultats encourageants”

Dante Edme-Sanjurjo, co-président de l'Eusko (Photo Bob EDME)
Dante Edme-Sanjurjo, co-président de l’Eusko (Photo Bob EDME)

L’Eusko, la monnaie locale du Pays Basque est en circulation depuis le 31 janvier 2013. Un an après le début de l’Eusko, Alda! fait le point avec Dante Edme-Sanjurjo, co-président de l’Eusko. A deux mois de l’Assemblée Générale de l’Association Euskal Moneta (prévue le 12 avril à Ustaritz) cet éclairage permet de mieux connaître les premiers résultats de l’eusko. Un nouvel outil de transformation écologique et sociale et de re-euskaldunisation de la société d’Iparralde s’enracine au Pays Basque.

Alda! : Un an après les débuts de l’eusko, où en est la monnaie écologique et sociale d’Iparralde ?
Dante Edme-Sanjurjo : L’eusko a connu un démarrage fort avec dès le lancement, le 31 janvier 2013, 800 utilisateurs et 192 entreprises ou associations acceptant l’eusko. Il a ensuite bien continué sur sa lancée puisque nous étions à la fin de l’année 2.700 utilisateurs et un peu plus de 500 prestataires.
Si l’eusko a été très vite adopté par des centaines de personnes d’horizons très différents, c’est sans doute parce qu’il renforce à la fois l’euskara et les commerces de proximité, les entreprises et les associations, tout en étant un bon outil pour préserver l’environnement et l’emploi local en relocalisant l’économie.

Alors que l’eusko aborde sa deuxième année, l’adhésion est-elle toujours aussi forte ?
Côté entreprises, plus de 90% ont renouvelé leur adhésion ou sont en train de le faire, et dans les 10% ne renouvelant pas, près de la moitié ont cessé leur activité. Le niveau d’adhésion des entreprises et commerçants du Pays Basque est donc élevé, ils y croient et sont de plus en plus nombreux. Il faut donc qu’en face, les utilisateurs particuliers soient aussi au rendez-vous. Ce n’est pas le moment de se démobiliser, car au bout d’un an, rien n’est gagné. Il faut que tout le monde réadhère, en passant dans l’un des vingt bureaux de change du réseau. Cependant, dans le cas de l’eusko, l’adhésion ne suffit pas : il faut maintenant que tout le monde prenne l’habitude de changer ne serait-ce que 20 ou 30 eusko par mois, et plus si possible, pour que l’eusko soit un acteur encore plus efficace dans le domaine écologique, social et de la promotion de l’euskara.

En quoi vos attentes ont-elles été dépassées ?
Nous avions imprimé pour le lancement 126 500 eusko, en pensant pouvoir tenir deux ans avec. Nous nous basions sur la progression de la monnaie la plus dynamique d’Europe, le chiemgauer, lancé en 2003 au sud de la Bavière. La barre des 100.000 chiemgauers en circulation a été franchie au bout de quatre ans, en 2007. Mais les 126.500 eusko ont été mis en circulation en quatre mois seulement, et nous avons dû réimprimer 350.000 eusko début juin.
Autre surprise : nous avons mis en circulation 343.000 eusko et seuls 98.000 ont été reconvertis en euros par les entreprises, ce qui veut dire qu’elles réutilisent en moyenne 71% des eusko qu’elles reçoivent, pour payer leurs fournisseurs ou leurs salaires. C’est bon signe : pour le chiemgauer, ce niveau de réutilisation, qui montre que le réseau est diversifié, n’a été atteint qu’au bout de 7 ans seulement.
Couv-LibéEnfin, avec 260.000 eusko en circulation et près de 500 entreprises, associations et commerçants dans le réseau, l’eusko est aussi devenu en un an la première monnaie locale de l’État français, et la 2e ou 3e d’Europe à notre connaissance. Cela a attiré l’attention des médias français, qui s’intéressent de plus en plus aux monnaies locales complémentaires. L’eusko a même été à la Une de Libération. C’est une bonne chose car il faut que partout l’existence et l’utilisation des monnaies locales complémentaires se banalisent pour entrer dans le quotidien des gens.
Il y a aussi des projets de monnaies locales en Hegoalde, beaucoup nous contactent, et il serait intéressant d’imaginer un système commun entre le Sud et le Nord. Commun, mais sans doute pas unique, car nous sommes sur deux juridictions différentes. À eux de voir s’ils veulent créer une monnaie très différente de la nôtre, ou adapter l’eusko à leur territoire pour faciliter les échanges.

Près de 500 prestataires forment le réseau eusko et s’engagent à relever deux défis : en quoi cela consiste-t-il ?
Ces défis sont sans doute la manière la plus visible dont l’eusko agit sur notre quotidien. Quand une entreprise adhère à l’eusko, elle s’engage à relever deux défis en deux ans, l’un pour l’environnement, l’autre pour l’euskara.
Pour l’euskara, il faut soit assurer un accueil en euskara à l’oral, une initiation de 20 heures avec AEK, finançable par la formation professionnelle, étant proposée à ceux qui ne parlent pas basque, soit faire traduire en euskara ce qui est écrit en français à destination du public. Certains remplissaient déjà l’une ou l’autre de ces conditions, mais une petite centaine de commerçants ont choisi l’initiation, et plus de 200 la traduction de l’affichage, que nous réalisons nous-mêmes. J’en profite pour lancer un appel, car nos bénévoles ne sont pas assez nombreux et ont besoin d’un coup de main, au moins cette année, pour finir ces traductions.
Côté environnement, l’entreprise ou l’association doit utiliser au produire au moins trois produits locaux, s’il ne peut pas il doit faire travailler trois membres du réseau eusko, et s’il ne peut pas, mettre en place le tri des déchets dans son activité. 40% des prestataires du réseau, soit plus de 200 entreprises ou associations, disent avoir ainsi pris au moins un nouveau fournisseur local depuis qu’ils sont entrés dans l’eusko. Ce sont des résultats encourageants, et on les doit avant tout à la cinquantaine de bénévoles et aux six salariés de l’eusko, qui donnent tous beaucoup.
Photo Paiement Eusko
Chaque fois que l’on change un euro en un eusko, Herrikoa prend un euro de ses réserves pour financer des projets sélectionnés par Euskal Moneta, l’association qui gère l’eusko. Avec quels résultats en 2013 ?
­­­­Grâce à ce Fonds d’investissement Eusko-Herrikoa, 30.000 euros viennent d’être investis dans deux sociétés très intéressantes, Hodei et Kom’on. Nous avons validé quelques autres dossiers, qui sont en cours d’étude chez Herrikoa, mais il nous reste 230 000 euros à investir, il ne faut pas hésiter à nous contacter.

Comme si ce n’était pas assez, l’eusko verse 3% des montants convertis par l’usager à une association que ce dernier a décidé de parrainer lors de son adhésion. Quels ont été les premiers résultats ?
Avec ce système emprunté au chiemgauer, l’usager qui change 100 euros, par exemple, reçoit bien 100 eusko, et c’est Euskal Moneta qui donne trois eusko à l’association qu’il parraine. Ou plus précisément, ce sont les entreprises du réseau qui les donnent, car ce sont elles qui financent le système avec les 5% de commission qui leur sont prélevés chaque fois qu’elles reconvertissent des eusko en euros.
Nous avons distribué 5.171 eusko au premier semestre 2013 à une trentaine d’associations comme Integrazio Batzordea, Laborantxa Ganbara, Bizi !, des ikastola, Hegaldia, Adur, etc. et nous nous apprêtons à distribuer à peu près le même montant pour le 2e semestre 2013.

Quels sont les projets en cours ou à venir?
Nous finalisons l’impression papier de l’annuaire du réseau, et nous travaillons à la fois sur le virement inter-entreprises et sur la facilitation de l’accès aux eusko, avec plusieurs pistes de réflexion, dont la plus ambitieuse, et la plus longue à mettre en place, sera sans doute la création d’un moyen de paiement électronique.

Compléter la lecture en cliquant sur : « Travailler en réseau au Pays Basque »

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