Ve république et sortie de l’euro

VRépublique1Au sortir d’une IVe république au régime parlementaire déliquescent, la constitution de la Ve république de M. Debré avait pour objet de stabiliser l’exercice du pouvoir et de donner aux président, premier ministre, gouvernement et assemblée nationale une majorité confortable. Un certain nombre de maux frappent à présent cette organisation politique pyramidale.

Par le type d’élection à deux tours et par ses pouvoirs, la constitution de la Ve république donne au président un rôle unique dans le reste de l’Europe. En donnant 75% des élus dès lors que l’on obtient 50,01% des voix, elle accentue l’effet d’écrasement. Cette pratique a rempli ses objectifs par le passé. Elle induit néanmoins, depuis 1981, le phénomène pervers de l’alternance droite gauche et de la bipolarisation de la politique. Chaque gouvernement s’attache dans les deux premières
années à casser ce qui a été fait par le précédent puis, plus tard, les contextes économiques font que les politiques menées, s’éloignent des programmes orthodoxes de la campagne électorale. En caricaturant, on élit droite ou gauche, mais on ne peut que gouverner au centre car les marges de manoeuvre sont faibles et les règles que l’Europe s’est données sont strictes. Et les sondages dégringolent dans les deux ans qui suivent… Pire les militants du camp au pouvoir désavouent leur champion. Enfin cette constitution interdit la recherche des alliances, alors que le monde moderne, par sa complexité, force à combiner des pratiques concrètes de terrain, des expérimentations dégagées de toute idéologie. Les exemples de la gouvernance en Allemagne et, toute proportion gardée, dans la Communauté  autonome basque montrent que l’on construit avec mais pas contre : ici, déjà l’expérience municipale de Biarritz, les ouvertures sur la langue basque d’un élu UMP à la tête de l’Office, les positions des élus de tous bords sur la Collectivité territoriale et sur la paix en Pays Basque forcent le respect. La Ve république doit donc  évoluer pour encourager la recherche d’alliance et le renforcement du centre de bonne volonté.

Bon sens et inégalités

Nous observons que le début de la mise en place de mesures de bon sens paraît positif. Au prix de la bipolarisation, impossible donc d’être pour si on est dans l’opposition. Pourtant, est positive la remise en place du service d’autobus inter-cités qui participe de l’action décongestionnante du transport de l’Hexagone, autoroutes, trains, avions, qui converge vers Paris. Pourtant, est positif l’énorme chantier de simplification administrative dont j’ai entendu qu’il allait s’intéresser aussi à la feuille de paye, véritable plaie de l’initiative économique. Pourtant est très positive, pour nous, la montée en régime de la région et de la communauté de
communes Pays Basque, au détriment du département sclérosant et des communes clochemerlesques. Pourtant est importante, la proposition Allaux sur la taxation des résidences secondaires. Pourtant va aussi dans le bon sens l’obligation de la compensation si le salarié travaille le dimanche.

Bien entendu, ces mesures ne sont pas de nature à changer de fond en comble l’économie de la France. Mais faut-il pour autant les refuser sous le prétexte  fallacieux qu’elles n’ont pas été générées par un camp politique ? Néanmoins, le secrétaire du PS s’exprime longuement sur la justice sociale. Je souhaiterais, aussi, rappeler qu’une réforme titanesque à mettre en place dans cette voie consisterait à mettre à égalité de traitement tous les salariés (publics et privés, bien entendu) vis-à-vis du départ à la retraite (en tenant compte de la pénibilité, il est vrai), des jours de carence, des jours de congés annuels (c’est sur ce dernier volet que les injustices sont les plus criantes).

Sortie de l’euro

J’entends, de plus en plus, des réflexions sur l’hypothèse, dite salutaire, de la sortie de l’euro. Le maintien de l’Hexagone dans l’euro, même de plus en plus délicat à cause de ses déficits et de sa dette abyssale, est fondamental. C’est ce maintien avec, il est vrai, la confiance sur les biens fonciers et immobiliers de l’Etat qui lui permet la prise de risque des organismes prêteurs à des taux très faibles. Imaginons la catastrophe économique si les taux augmentaient de quelques points, les coûts de l’emprunt pour assurer les fins de mois de l’Etat pourraient représenter deux à cinq fois la ressource de l’impôt sur le revenu! Et la spirale des déficits  serait enclenchée.

Cette constitution interdit la recherche des alliances,
alors que le monde moderne, par sa complexité,
force à combiner des pratiques concrètes de terrain,
des expérimentations dégagées de toute idéologie.

Si l’on sort, on retourne donc au franc. On négocie les emprunts avec les organismes bancaires mais on est seul sur les marchés pour en négocier les taux. Catastrophe annoncée et aggravée du fait que la spirale de la dévaluation du franc est entamée. Des mesures drastiques sont prises : éducation nationale, armée,
recherche, collectivités, etc. Le chômage s’aggrave mais les caisses sont vides pour les dépenses sociales. On achète tout ce que l’Hexagone ne produit pas en dollar ou en euro (qui deviennent très chers) : énergie (gaz, pétrole), biens d’équipement, habillement, etc. Devant cette impossibilité, la production made in France  reprend, mais on se trouve devant un isolement type Albanie ou Espagne, voire tiers-monde. L’hexagone court aussi le risque de se faire acheter par des investisseurs que le décalage des monnaies pousse à la prise de risque.

L’Europe que nous avons choisie n’est pas l’idéale. Il est vrai que nos élus européens sont peu sollicités par les élans volontaristes proeuropéens que nous devrions avoir (réseau téléphone, convergence sociale, fêtes communes, etc.). Le couple franco-allemand pivot de cette construction se délite par le seul fait de l’évolution
économique du partenaire français. Il faut donc recoller les morceaux et mettre en place les mesures salutaires pour construire une Europe qui nous ressemble et nous rassemble.

Il faut un programme qui doit être bâti sur le bon sens, le concret, l’expérimentation, la décentralisation et hors des idéologies.

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