Des sa création, Euskaltzaindia / Académie de la langue basque s’est organisée en deux grandes sections: “Iker saila”, section de recherche et “Jagon saila” section de sauvegarde. La section de recherche était nécessaire car, à la fin de la décennie 1910-1920, il n’existait au Pays-Basque qu’une seule université, l’Université de Deusto, près de Bilbao, qui n’avait pas de département consacré à la langue basque. En France, Bordeaux était la seule université en Aquitaine et la chaire de langue basque ne fut créée qu’en 1948. Par la section Recherche, l’Académie affirmait son désir de suppléer à la carence des deux Etats, français et espagnol. Depuis, les choses ont bien changé car l’étude de l’euskara, ou mieux encore, les études en euskara, existent, non seulement à Deusto qui en a compris l’intérêt, mais à l’Université du Pays-Basque dans ses trois campus de Bilbao, Vitoria et Saint-Sébastien, ainsi qe dans celle de Mondragón (université technologique) et les deux de Navarre, celle de l’Opus-Dei et l’université publique pour le Pays-Basque Sud, les universités de Bordeaux et de Pau auxquelles il faut ajouter le département interuniversitaire de Bayonne en ce qui concerne le Pays-Basque Nord. Belle promotion en vé-rité.
Veiller et promouvoir, c’est le défi lancé par Euskaltzaindia et ses membres qu’ils soient titulaires, membres correspondants ou membres d’honneur. Veiller sur la langue et la promouvoir relève plus particulièrement de “Jagon saila”, la section de sauvegarde qui est formée de deux commissions.
a) La commission de “Corpus” est chargée de veiller sur le corpus de l’euskara et, plus particulièrement, elle se préoccupe de la qualité de la langue. Sur le site Internet d’Euskaltzaindia, avec plus de 50.000 vi-sites par mois, le service de consultations “Jagonet” contient une base de données avec questions et réponses qui, au mois de juin dernier, a été consulté par 5.000 personnes, démonstration parfaite de son utilité et de son succès.
Un groupe de travail s’est donné comme projet intitulé “Euskalkietatik euskara batura, nola osatu hiztegi batua” la manière de compléter le dictionnaire de la langue standard par un apport en provenance des dialectes, ce qui démontre le souci d’Euskaltzaindia de nourrir “l’euskara batua” à partir des dialectes, c’est-à-dire de la lan-gue vivante.
b) La commission de la promotion “Sustapen batzordea” s’occupe du statut de la langue, de son utilisation dans la vie courante. Il y a quelques années, elle a fait une enquête sur l’utilisation de l’euskara dans les cinq diocèses du Pays-Basque, enquête complétée cette année pour une meilleure connaissance de l’utilisation de l’euskara dans la liturgie. D’autre part des journées qui ont eu lieu à Bilbao en 2008 ont abordé le problème de la langue basque et de la consommation et, cette année, avec la collaboration de l’UNESCO et de l’Université de Deusto a été étudié le thème intitulé: immigration et langue basque. Enfin, un vaste projet a été lancé sur l’histoire sociale de l’euskara qui relève à la fois de la linguistique, de la sociologie et de l’historiographie.
Veiller et promouvoir, tel est le but de “Jagon saila” dont les efforts pour la propagation de ce patrimoine national qu’est la langue se veulent à la hauteur des défis de la confrontation quotidienne avec les langues dominantes que sont le français et l’espagnol.
L’euskara est la langue officielle de l’Académie et celle-ci n’a de cesse que l’officialisation obtenue pour les trois provinces d’Euskadi soit étendue à toute la Navarre et, bien entendu, à l’ensemble des trois provinces de France. Elle l’a clairement demandée en 1994 lors de sa réunion à Biarritz. En rappelant que la devise d’Euskaltzaindia est “Ekin eta Jarrai” (Agir et persévérer) il est donc de son devoir de remplir pleinement sa tâche demain aussi bien qu’aujourd’hui.