Comme Enbata l’a déjà abordé dans son éditorial en euskara n°2199 du 20 octobre, il est bon de revenir plus en détail sur les “primaires socialistes” des 9 et 16 octobre derniers en les comparant à la consultation populaire Batera adossée aux Régionales de mars 2010. D’abord pour souligner la réussite des primaires citoyennes organisées par le Parti socialiste et pour, ensuite, estimer au regard de ces primaires la superbe performance réalisée par la plate-forme Batera un an auparavant. Pour en faire une lecture comparée, nous avons tenté de dresser les résultats en Pays Basque des uns et des autres. Si nous possédions, et pour cause, le bilan précis de la consultation Batera, il nous a été extrêmement difficile de maîtriser les résultats des primaires socialistes partiellement rapportés par la presse et éclatés en bureaux de vote sur Internet.
Quelle que soit son opinion politique, chacun a pu saluer dans la «primaire citoyenne socialiste», des 9 et 16 octobre derniers une innovation de la vie publique en France. L’initiative avait pourtant été accueillie avec beaucoup de scepticisme, voire d’opposition. Mais bien de ses adversaires, tel le Premier ministre François Fillon, ont fini par reconnaître la “modernité” de cette procédure et envisager d’y recourir aux présidentielles de 2017. Le temps qu’aura duré cette expression originale de dé-mocratie directe et participative a permis de balayer bien des objections. Les citoyens, de tous bords ont approuvé son déroulement et suivi ses débats télévisuels.
Pas question pour nous d’en faire l’apologie mais simplement de rappeler, à cette occasion, qu’en Pays Basque, nous avons déjà pratiqué ce type de consultation citoyenne. La plate-forme «Batera» a en mars 2010, posé aux électeurs des 259 communes du Pays Basque la question suivante: «Etes-vous favorable à la création d’une collectivité territoriale Pays Basque?». Les abertzale ont été au cœur de l’organisation de cette consultation populaire dans des conditions matérielles souvent difficiles suite à la lettre comminatoire du Préfet des Pyrénées-Atlantiques adressée aux mai-res pour qu’ils refusent tout concours de locaux et de matériel de vote, allant à Anglet jusqu’à un arrêté municipal d’interdiction. Il nous a donc fallu placer urnes, bulletins de vote et registres d’émargements sur la chaussée publique face aux bureaux de vote officiels des élections régionales du même jour. Malgré cela cette consultation parallèle a recueilli une participation citoyenne supérieure à celle des «primai-res socialistes» du mois dernier.
Qui dira désormais que les gens se désintéressent de la vie politique, pour les Présidentielles ou ici, plus localement, pour l’identité basque? D’autant que l’arrêt définitif des ac-tions d’ETA, qui nous comble le cœur, ramène exclusivement au débat démocratique le destin collectif du Pays Basque.