L’éditorial d’Enbata du 19 avril 2012 constitue une tribune au vitriol contre des déclarations de Jean Tellechea, courageux et méritoire militant du PNB, à l’hebdomadaire «La Semaine du Pays Bas-que».
Un doute vient tout de suite à l’esprit: cette lourde attaque n’est-elle pas dirigée justement contre Jean Tellechea car ce dernier fait de l’ombre à la coalition EH Bai en se présentant comme il en avait parfaitement le droit aux dernières élections pour dé-fendre les couleurs du PNB et comme il le fera peut-être pour les prochaines législatives? N’y a-t-il pas une part de jalousie dans cette dure charge? Sinon une certaine crainte à l’approche des législatives?
Et l’éditorialiste d’Enbata d’appeler à son secours rien moins que les mânes du fondateur du nationalisme basque, Sabino Arana Goiri et ceux du leader de la résistance basque au franquisme, Juan Ajuriaguerra (la citation de ce dernier-soit dit en passant- est très suspecte). Que connaît l’éditorialiste d’Enbata de ces deux personnages? En tous cas, deux personnages qui n’ont pas souvent l’honneur de cet hebdomadaire, c’est peu de le dire! Au passage, même s’il n’est pas cité, pour faire sans doute bon poids, on condamne Michel Labéguerie qui aurait été coupable d’une «forfaiture»; sur l’ épisode auquel il est fait allusion, il y a beaucoup à dire et je renvoie les lecteurs intéressés à mon article paru dans le livre qu’Eusko Ikaskuntza a consacré il y a quelques années à ce grand humaniste et défenseur exemplaire de la langue et de la culture basques.
Allons!, l’éditorialiste d’Enbata n’avait-il pas mieux à faire que de censurer si brutalement l’expression de Jean Tellechea parlant à propos du mot «abertzale» de «vivre ensemble»? Ce dernier, s’adressant à un media et à des lecteurs non spécialement engagés dans la cause nationale basque, ne voulait-il pas signifier qu’il y aurait lieu aujourd’hui d’adopter une définition large du concept d’«abertzale», un mot qui a été trop souvent galvaudé et qui est largement mé-connu dans le grand public?
Ne serait-il pas temps de sortir du «ghetto abertzale», de faire partager nos idées? «C’est à croire que nous ne voulons pas grandir», s’interrogeait un chroniqueur dans Enbata du 29 mars dernier. Ne serait-il pas temps de s’adresser, de parler, de travailler, de «vivre» avec d’autres gens —et singulièrement en effet pour les sympathisants du PNV avec des démocrates-chrétiens, des centristes, des écologistes, des «humanistes» au sens large? Ne serait-il pas temps de leur montrer la réalité de ce que représente le mot «abertzale» en Iparralde et en 2012, c’est-à-dire pour moi «celui ou celle qui aime le Pays Basque et qui désire son développement le plus harmonieux possible sur les plans politique, économique, social, culturel et environnemental»?
Jean-Claude Larronde
Réponse de l’éditorialiste
Mr Jean Tellechea vide de son contenu le mot abertzale inventé par le fondateur du parti auquel il appartient… en tant qu’élu et membre du comité directeur.
Il situe le Parti nationaliste basque «au cen-tre de l’échiquier politique français» et ajoute que ni le mot «autonomie», ni le mot «indépendance» ne font partie de son vocabulaire politique. Avouez qu’il y a tout de même de quoi être surpris. Rien d’étonnant que de tels propos suscitent des réactions.
Quant à l’attitude pitoyable du député Mi-chel Labéguerie, un des fondateurs du mouvement Enbata, Jean-Claude Larronde lira avec profit deux articles parus dans ce journal: «Lecanuet a parlé, perdons nos illusions», Enbata n° 62 de juin 1966 et «Lever une équivoque», la mise au point du Comité directeur du mouvement Enbata, parue dans le n° 74 de juin 1967. Les informations rapportées dans ces deux textes sont tout simplement accablantes. Dommage que certains persistent à les ignorer.