En mars de cette année, Udalbiltza, l’assemblée des élu-e-s municipaux d’Euskal Herria a lancé son processus de réorganisation. Depuis, l’institution nationale est au travail et a tenu sa première conférence de presse en Iparralde le 21 novembre dernier.
Dix ans de silence forcé
Udalbiltza a été créée en 1999, lors d’une réunion qui s’était tenue à Bilbao avec la participation de 1.778 élu-e-s.
Lors de cette première réunion cinq principes avaient été adoptés :
- proclamer l’existence d’Euskal Herria comme nation
- aider à la structuration politique d’Euskal Herria
- promouvoir la construction nationale
- faire avancer les relations entre les municipalités de tous les territoires
- projeter sur le plan international l’existence d’Euskal Herria comme nation.
Après la rupture de l’Accord de Lizarra-Garazi et suite aux divergences survenues en 2001, Udalbiltza s’est divisée en deux expressions. Après avoir lancé un appel aux élu-e-s de tous les partis, elle s’est de nouveau réorganisée, après une pause forcée de près de dix ans puisqu’il convient de rappeler que le gouvernement espagnol a lancé en 2003 une opération contre Udalbiltza, qui a abouti à son acquittement en 2011.
Aujourd’hui, 1424 élu-e-s (dont 176 maires) ont publiquement exprimé leur soutien à Udalbiltza parmi lesquels on trouve un peu moins de 100 soutiens d’Iparralde. Ce chiffre est toutefois à relativiser puisque, les élections approchant, Udalbiltza a décidé de mener un travail d’adhésion au lendemain des municipales de mars prochain.
Lecture de la situation politique actuelle
A Bayonne, Mertxe Aizpurua –maire d’Usurbil et présidente d’Udalbiltza – et Daniel Olzomendi – maire d’Ostabat et vice-président d’Udalbiltza – ont fait une lecture politique de la situation du Pays Basque Nord sans appel.
Udalbiltza entend travailler au niveau des 7 provinces et déplore à ce titre les obstacles nombreux mis en place par les Etats français et espagnol. Du refus de la Collectivité Territoriale aux attaques incessantes à l’encontre de l’euskara en passant par l’entêtement à fermer toutes les portes au processus de paix entamé en Euskal Herri, la provocation ultime est venue avec la proposition de nouvelle carte des cantons qui prévoit la création d’un canton basco-béarnais, bafouant ainsi les limites historiques du Pays Basque. Pire encore, les outils existants sont sans cesse menacés et trainés dans les tribunaux (ikastola, EHLG…). C’est pourquoi, Udalbiltza a décidé de participer à la manifestation de samedi dernier à Mauléon.
Concernant la politique linguistique, l’assemblée des élus entend travailler particulièrement sur les territoires qui n’offrent aucune reconnaissance à l’euskara en particulier sur Iparralde. Et si pour l’instant l’accent est mis sur le développement économique d’Euskal Herri, par la réactivation du Fond de Cohésion et de Développement, les autres axes de travail ne sont pas pour autant laissés de côté.
Favoriser la mise en réseau et le travail commun
Pour l’année 2014, Udalbiltza présentera dans les prochaines semaines son calendrier. L’accord stratégique signé avec Gaindegia (institut de statistiques à l’échelle d’Euskal Herria) a permis de dresser un diagnostic précis, commune par commune selon des données objectives. A la lecture de ces chiffres, 3 zones sont ressorties comme «territoires marginalisés» en terme de population, de services et économie. Et l’un d’entre eux a particulièrement retenu l’attention d’Udalbiltza : celui autour des Pyrénées. C’est ainsi qu’Udalbiltza entend lancer un programme spécifique sur 103 communes en concertation avec les acteurs locaux. La méthodologie mise en place consiste à s’appuyer sur les associations, organisations ou entreprises locales, main dans la main avec les élus municipaux du territoire, pour définir les priorités et recenser les besoins les plus urgents. C’est ainsi que l’institution nationale multiplie les réunions ces derniers temps, et donne rendez-vous en début d’année 2014 pour présenter officiellement ses objectifs par un plan appelé «Pirineotako ekimena».