Ce 30 mars demeurera sans doute dans les mémoires car il a constitué un moment historique en Pays Basque. Du Boucau à Bayonne en passant par Hendaye de multiples situations qui pourraient faire croire à un certain surréalisme mais qui soulignent surtout la fin des lignes politiques traditionnelles.
Les priorités des électeurs et électrices ont peut-être plus qu’ailleurs indiqué qu’il ne suffisait plus de représenter un des deux blocs pour s’assurer d’un report de voix. L’avenir institutionnel de ce territoire a pesé lourdement dans la balance et si camps il y avait, ils s’organisaient entre ceux qui exigent la prise en compte de revendications spécifiques et ceux qui les refusent au nom d’un centralisme d’une autre époque !
Logiquement les abertzale ont largement profité de cette donne. Elle est le résultat de deux ans ou plus d’engagement en faveur d’une Collectivité Territoriale, symbole d’un pays qui
cherche toujours une forme de reconnaissance et qui n’obtient que vagues promesses ou du mépris.
Faute de l’avoir compris, certains ont sombré dans des accusations qui n’étaient pas de mise, tant il était évident que le Pays Basque se devait de ne pas prendre de risques supplémentaires.
Il avait déjà fortement donné avec les évènements récents que beaucoup avaient dans la tête ce 30 mars !
Pour autant, tout reste à faire. En premier lieu, parvenir dans une négociation qui ne sera pas facile à obtenir un Contrat territorial de qualité intégrant les préoccupations majeures qui ont été déterminées par le précédent Conseil des Elu-es. Ensuite, l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault a promis de nous soumettre quatre propositions. La Collectivité territoriale à statut particulier étant exclue il faut s’attendre à des solutions de rechange dont aucune ne fera réellement l’unanimité.
A peine, les intercommunalités installées nous vivrons donc un nouvel acte de cette décentralisation à multiples rebonds et nous serons encore n’en doutons pas dans la tourmente.
Au moment où s’écrivent ces lignes, l’hôte de Matignon vient de changer, ce qui pourrait encore une fois tout remettre en question surtout depuis que son successeur est Manuel
Valls !
Nous avons donc des semaines décisives devant nous. Il me paraît peu probable que le pouvoir actuel prenne l’exacte mesure de ce qui s’est passé ici et cela même alors que
dimanche soir la députée Sylviane Alaux appelait avec un certain courage sa famille politique à évoluer sur la “question basque”…
Il faudra donc serrer les rangs, persister dans la voie que nous avons tracée collectivement et parvenir peut-être enfin à un statut juridique pérenne pour le Pays Basque dans ses frontières historiques. Au-delà de cette satisfaction qui pourrait apparaître comme de pure forme, se cachent d’importants enjeux qui sont la maîtrise de compétences essentielles.
Trop subordonnés à de multiples instances décisionnelles, nous ne parvenons pas à des résultats efficaces et tangibles en matière de politique énergétique, de logement ou encore
de transports. Notre atout réside dans ce qui a souvent été considéré comme un handicap, un trop petit territoire, mais cette relative étroitesse peut permettre une valorisation
des complémentarités, et une plus grande cohérence des politiques publiques !
La solidarité doit prévaloir, là où l’on va tenter de nous enfermer dans des contradictions, où le chacun pour soi pourrait conduire à un redoutable échec. Il appartiendra aux nouveaux
élu-es mais aussi aux forces politiques d’entendre le message reçu lors de ces municipales, un message clair en direction d’une solution immédiate et porteuse d’avenir.
Nous sommes à un tournant, il faut continuer à travailler à la plus large union possible autour des 4 revendications de Batera, propulser ce mouvement citoyen vers une base plus élargie
encore, explorer tous les champs des possibles ! Nous ne pouvons plus ignorer que ce débat que l’on disait étranger au plus grand nombre a été déterminant pour des milliers de personnes. La revendication d’une Collectivité territoriale, la défense des ikastola, la ratification de la Charte européenne des langues régionales, ou encore le processus de paix
sont bien au coeur des préoccupations en Pays Basque !
Nul ne pourra plus le contester, et c’est l’acquis de ce scrutin ! Cet acquis nous oblige ! Collectivement il nous appartient maintenant d’en faire un bon usage, de ne pas laisser
retomber le soufflé : déterminés et convaincus, il nous faut aller de l’avant !