Hartzea Lopez Arana (membre d’Ostia)
Le 10 octobre, nous nous sommes retrouvé.es sur les terres de Marienia pour semer du blé panifiable et clôturer la parcelle, à l’aide de deux tracteurs et sous le regard d’une demi douzaine de gendarmes. L’occupation entamée en mai dernier se poursuit, malgré les recours juridiques quasi épuisés, une tentative de déblocage politique avortée à l’agglo, des militant.es poursuivi.es en justice et un propriétaire du champ qui saccage les cultures.
Que reste-il d’autre pour sauver ces terres de l’artificialisation ? Sans doute un changement de majorité municipale à Kanbo, disposée à modifier le PLU. En attendant, les chantiers agricoles participatifs sur le terrain font obstacle à la bonne marche des affairistes. On se doit donc de renforcer ce type d’initiatives.
Dans cette dynamique, les groupes opposés au projet de Bouygues choisissent de composer ensemble, un exercice complexe et riche en leçons. L’objectif est de renforcer une démarche unitaire, adaptée. Sorte de voie du milieu entre des pressions mesurées et des modes d’action plus déterminés, tous garants d’un rapport de force. Avec flexibilité, dans la volonté inflexible d’arriver jusqu’au bout. Un rodage pour un précédent dans une bataille devenue emblématique.
Ce combat a lieu sur un territoire où les mouvements militants sont très diversifiés. Il ne s’agit pas de nous prendre pour des messies, toute organisation et stratégie a ses potentiels et ses limites. La disparition des espaces naturels et agricoles au profit de la spéculation et la situation déplorable du logement nous montrent à quel point nous sommes encore loin des solutions pertinentes. Face au mécontentement, les services de l’Etat privilégient la répression, à l’image de qui se produit dans l’Hexagone. Ainsi, occuper une agence immobilière, participer à un rassemblement non déclaré ou faire un tag sur un mur est passible d’interpellation et de condamnation au tribunal. Il suffit de compter le nombre d’enquêtes et de procès ayant eu lieu ces derniers mois, avec un parquet très enclin à grossir les traits, qui demande systématiquement des peines et des mesures de contrôle judiciaire disproportionnées.
Tous ces remous produisent quelques secousses au sein des institutions locales, mais là non plus, ce n’est pas la volonté de changer la donne en profondeur qui prime. Le cadre actuel imposé s’avère réduit pour inverser la tendance. Parmi d’autres, la non préemption de Marienia par la CAPB est un exemple à retenir : des élu.es demandeurs de débat public bridé.es pour cause d’interférence avec le système JRE, la vice-présidente qui clôt la séquence en arguant que le terrain est constructible. Fin du chapitre ? Chacun.e en tirera ses conclusions.
Cette non-implication, qui équivaut à un ralliement au camp des notables, pourrait avoir des conséquences négatives si Bouygues se sent des ailes pour entamer son chantier. Blocages,occupations physiques du terrain et autres manifestations seraient alors à l’ordre du jour, avec un large soutien. Kanbo deviendrait un point de fixation dépassant les frontières du Pays Basque nord,une énième lutte de légumes contre du béton, de citoyen.nes face à des responsables politiques délégitimés par les délires de leur président de la république.Ce n’est pas à nous de changer de direction.