Dans un article(1) publié sur son site web, dont le lien a été largement diffusé par mail, Mme Florence Lasserre députée de la Vème circonscription du Pays Basque nous informe de l’adoption, le jeudi 13 février, de la proposition de loi relative à la promotion des langues régionales portée par le député du Morbihan Paul Molac « après d’intenses débats », débats auxquels elle n’a malheureusement pas participé… Malheureusement, car il ne manquait que 2 voix pour que l’amendement reconnaissant le système immersif puisse être adopté. Parmi ces deux voix manquantes pour la reconnaissance du système immersif réclamé au Pays Basque par les acteurs de l’enseignement public, privé ou associatif, celle de la députée Florence Lasserre et du député de la VIème circonscription M. Vincent Bru.
Vincent Bru pour sa part était présent et a voté pour la proposition finale, mais il a été absent des débats. A quoi bon élire des députés s’ils ne participent pas aux débats concernant leur territoire ?
Certes, Mme Lasserre écrit après coup que « l’éveil aux cultures régionales est positif pour les élèves » et « qu’une langue régionale contribue à l’intelligence des personnes », mais n’aurait-il pas était plus intelligent justement, de participer au débat et voter les articles et les amendements qui allaient vers la reconnaissance des langues des territoires souhaitée par vos administrés ?
Mme Lasserre aborde par un curieux glissement le risque de « création de ghettos linguistiques », de « culture de repli ou d’exclusion », faisant ainsi relever la revendication linguistique d’une idéologie rétrograde. Évoquer le combat en faveur des langues régionales sous les termes de « communautarisme » et d’«autoritarisme culturel » est une position malhonnête et dangereuse.
Que la députée de la Vème circonscription des Pyrénées-Atlantiques tienne un tel (double) discours, localement ou à Paris, ne peut que discréditer tout le travail qui est fait pour transmettre et faire vivre nos langues territoriales. De plus, l’opposition entre passé, traditions et modernité est également totalement dépassée, voire insultante, Supposons qu’elle dénote une méconnaissance totale de la vitalité culturelle qui s’exprime autour de la langue basque par exemple.
Mme Lasserre dit également qu’« il ne peut être demandé à l’État de construire une politique pour les langues et cultures régionales basée sur la notion de réparation historique ». Elle se positionne ainsi sur la même ligne que le député Insoumis Bastien Lachaud qui, lors des débats sur la loi Molac, a soutenu des positions ultra-jacobines, aux côtés du Ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, présent aux débats afin que les députés Modem et En Marche ne soutiennent pas les amendements et les articles concernant l’Enseignement des langues territoriales.
Nous rejoignons Mme la députée sur un point : que les langues ne doivent pas être instrumentalisées par des mouvements politiques. C’est pourquoi nous l’invitons à reconsidérer ses propos, éviter les amalgames douteux et se méfier de l’« autoritarisme culturel »…
Adoption de la proposition de loi relative à la promotion des langues régionales
Jeudi 13 février, après d’intenses débats, la proposition de loi relative à la promotion des langues régionales, et portée par le député du Morbilan M. Paul Maulac (groupe Libertés et Territoires) a été adoptée. Elle sera ensuite examinée au Sénat.
Depuis la révision constitutionnelle de 2008, les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. Par cette reconnaissance, le législateur s’engageait dans le même temps à promouvoir et protéger ce patrimoine.
Le groupe MoDem auquel j’appartiens, est attaché à la défense et à la reconnaissance des langues régionales comme partie de notre patrimoine immatériel.
La République française reconnait les langues et cultures régionales sur son territoire, auxquelles elle confère des droits par la loi ou le règlement.
Celles-ci ne portent pas atteinte à l’identité nationale, au contraire elles l’enrichissent dès lors qu’elles sont elles-mêmes cultures d’ouverture et non de repli ; culture d’accueil et non d’exclusion.
Quel que soit le statut des écoles et les méthodes pédagogiques utilisées, l’enseignement doit accueillir et utiliser les richesses régionales : éducation artistique, éducation physique, histoire, géographie, littérature, économie… L’éveil aux cultures régionales est positif pour les élèves et apprendre plusieurs langues est une grande richesse. Une langue régionale, comme tout autre langue, contribue au développement de l’intelligence des personnes.
Aussi, je soutiens une politique positive de l’enseignement des langues et de la défense des cultures régionales ; tout en considérant que la langue française doit rester notre langue officielle. Il ne peut être demandé à l’État d’aujourd’hui de construire une politique pour les langues et cultures régionales basée sur la notion de « réparation historique ». Il ne faut pas favoriser la création de ghettos linguistiques et empêcher que la promotion de la richesse des langues de France soit instrumentalisée par des mouvements politiques afin de promouvoir une identité régionale qui serait ethnique, repliée et fermée aux autres. En d’autres termes, les revendications régionales ne doivent pas prendre la forme d’un communautarisme ou d’un autoritarisme culturel.
Toute culture est vivante. Elle ne peut rester figée sur telle ou telle période de l’histoire. Elle doit faire connaitre le passé, tout en étant tournée vers l’avenir. Le patrimoine, les traditions populaires, le travail muséologique sont des pans essentiels de l’expression culturelle. Mais une part importante doit être réservée à la création contemporaine, par les hommes et les femmes d’aujourd’hui, qu’ils s’expriment en langue française, en langue régionale ou dans les deux.
Nous n’en avons pas fini avec le jacobinisme qui vienne de droite ou de la France insoumise.