Quelle crise ?

QuelleCriseJe vais me faire traiter d’iconoclaste pour oser un titre pareil. Pourtant, je dois avouer que des questions lancinantes hantent mon esprit. Et comme je ne suis pas le seul à me les poser…

Nous venons d’entendre que les dirigeants de notre économie proposent de revenir à la semaine des 40 heures pour sortir de la crise, diminuer le chômage. On compte en France à peu près 30.000.000 de gens au travail avec chacun 1650 heures par an. Si nous passons à la semaine des 40 heures, ils feront 1885 heures, 14% de plus. Le travail faisant déjà défaut, j’avoue ne pas comprendre comment il y en aurait davantage pour ceux qui n’en ont pas, si ceux qui en ont déjà, prennent encore davantage d’heures. La conséquence mathématique ne sera-t-elle pas que le chômage augmentera de 14%, passant de 9,7% à 11% ?

Nombreuses questions

Mais, ai-je bien lu : les salariés Français travailleraient déjà en fait 39,5 heures par semaine. Pourquoi diable demande-t-on la semaine des 40 heures si nous y sommes déjà ? Ces heures paient moins d’impôts et de charges sociales que les heures normales. En plus d’enlever du travail aux chômeurs, ils contribuent donc au déficit de la Sécu.

J’ai entendu, comme tout un chacun, qu’augmenter le pouvoir d’achat stimulerait l’économie. Pas de doute que les gens achèteraient davantage, mais quoi ? Des téléphones Nokia fabriqués en Norvège, des voitures DACIA roumaines, des télévisons chinoises, des ordinateurs japonais, des Nike de Taiwan, des habits cousus, dans les conditions que nous savons, par les sous-prolétaires du Bengla Desh ? J’ai même vu de l’ail argentin et des haricots éthiopiens chez Casino. Je ne vois vraiment pas comment une frénésie d’achat freinerait le chômage. Par contre je vois que le déficit du commerce extérieur, déjà important, grandirait encore.

Certains proposent de baisser les salaires. Mais gagnant moins, les gens achèteraient moins et cela aurait donc des effets négatifs sur notre économie.

Instaurer le travail du dimanche ? Quand j’ai payé mon loyer, ma voiture, l’eau, l’électricité, le gaz etc… Je ne puis dépenser plus que ce qui me reste, que les magasins soient ouverts ou non le dimanche. Et les salariés coûteraient davantage.

Autre proposition des grands patrons réunis à Jouy en Josas: baisser les charges sociales. C’est cette semaine justement que nous l’avons appris : les actionnaires ont vu leurs dividendes augmenter de 30% au cours des six premiers mois de l’année, soit un total de 30 milliards d’euros, alors qu’ils demandent 40 milliards de baisse des charges sociales. Songeraient-ils à ajouter ces milliards à la cagnotte des actionnaires ? Argent qui n’est pas réinvesti dans l’économie mais dort dans les paradis fiscaux ou bien est joué en bourse. Petite anecdote, en cette Allemagne qu’ils aiment tant citer en exemple, les dividendes n’ont augmenté que de 4% seulement durant la même période.

Ne croyez pas que cela ne nous touche que de loin. La banque si « porche » de nous, le Crédit Agricole a distribué 1,2 milliards de dividendes, AXA plus du double, 2,7 Md. L’Etat paie 40 milliards d’intérêt par an pour rembourser sa dette. A 3,5% d’intérêt. Les banques empruntent leur argent à 0,025% à la BCE. Pourquoi l’Etat ne va-t-il pas directement à la BCE, au même taux ? Cela ferait des milliards d’économie. Ou doit-il subventionner les banques, dans le besoin comme nous le savons ?

Qui pour y répondre

J’avoue ne pas avoir fait de hautes études économiques et il est possible qu’il y ait des détails importants qui m’échappent. Je ne suis pas le seul dans mon cas. J’aimerai donc que les spécialistes qui vivent parmi nous, dans les banques, à la CCI, au Conseil de Développement, à Herrikoa, dans la politique, éclairent un peu ma lanterne et celle de tant d’autres Basques qui se posent les mêmes questions, sans être armés pour y répondre.

Un dernière question : nous nous sommes rendus compte ces derniers temps que ce fameux changement de climat n’est pas un rêve. Les tempêtes de la Côte Basque cet hiver, les inondations à Lourdes et en Bigorre suivis cet été par ceux de Soule puis de Basse Navarre, nous ont montré à l‘évidence que nous étions en plein dedans. Pourtant j’ai appris, cette semaine encore, entre autres exemples, que les abattoirs de St Jean Pied de Port ont été réparés sur place. Jaun Goikoa aurait-il envoyé un mail pour assurer, comme il le fit par l’arc en ciel avec Noë au temps du Déluge, que c’était fini. Que nous ne verrions plus jamais pareilles catastrophes dans les années à venir ? Ou serait-ce les compagnies d’assurance, si riches donc, qui ont conseillé de faire ainsi pour que dans l’avenir, à l’occasion d’un renouvellement des caprices du ciel, il y ait encore du travail pour ceux qui sont au chômage ?

Voilà donc quelques questions : les réponses de nos responsables économiques et politiques seraient les bienvenues. Ce sont eux qui prennent les décisions ici. En démocratie, nous méritons bien une réponse. Des réponses claires contribueraient grandement à faire monter la confiance du peuple envers ses dirigeants et éloigneraient du Front National bien des gens, bien plus sûrement que des discours aussi vides qu’indignés.

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