Un document important a été rédigé par le mouvement EH Bai sous la forme d’un projet de 40 pages à usage des élections municipales 2014. L’intérêt de ce document réside dans sa parution assez précoce et dans la possibilité de l’amender ou le compléter au cours des assises EH Bai/Bil Gaiten d’avril dernier. Pantxoa Bimboire jette un œil d’expert sur le volet économique du document.
Le document rédigé par EH Bai embrasse plusieurs domaines de la société pouvant susciter questions, débats et orientations… Les chapitres principaux du document couvrent logement, urbanisme, euskara, économie, institution et participation citoyenne, environnement, services publics, sports et loisirs, formations.
Bien entendu, je me suis plutôt intéressé au volet économie et, sur les quatre pages, je me suis permis de relever des oublis ou positions, même s’il faut saluer, à mon avis, un virage important dans un positionnement de fond sur la nécessité, pour Iparralde, de promouvoir «l’économie productive» (par opposition à l’économie résidentielle), comme l’indique l’extrait: ne pas accepter d’enfermer notre économie dans la spécialisation sur le tertiaire…
Un travail par thème
Après un café sympathique pris entre les participants, relativement nombreux et d’horizons divers et variés, venait le travail en commission. Je m’inscrivais dans la commission économique. J’ignore si cette dernière était la plus fournie, mais l’évaluation d’environ 25 personnes, et, la qualité des présents, me donne à penser que quelque chose évolue, en bien, dans le «personnel politique de notre microcosme»
Nous devions terminer à 11h30, et, les interventions intéressantes de Xabi Larralde (panorama général), Jean-Claude Mailharin (focus sur les clusters) et Jean-Roch Guiresse (enseignement supérieur en Iparralde) étaient largement entrecoupées de questions, d’avis et de compléments.
Quelques remarques sur des a priori encore tenaces
Je me suis permis de rappeler quelques éléments dans les discussions soulevées dans cette commission, et, ayant la possibilité de les argumenter, je préfère y revenir: mettre en avant dans les secteurs productifs la recherche de valeur ajoutée, la qualité et l’innovation me paraît relever d’objectifs liés à la phase de maturité de l’entreprise, et, comme je l’ai dit, bon nombre d’entreprises d’Iparralde qui se sont révélées des exemples ont débuté par des volontarismes courageux de pionniers fous, ne comptant ni les heures ni les efforts, et, quelquefois faisant un travail que personne ne voulait faire. La recherche du confort social, de l’innovation et de la qualité, bien souvent, ne survenant qu’ensuite, quand les marges de manœuvre étaient dégagées par des réserves (bénéfices antérieurs non distribués). Il parait donc illusoire, d’inscrire, dès le départ, l’entreprise dans un réseau de contraintes et de devoirs qu’elle aura du mal à conjuguer, même si l’orthodoxie économique de gauche l’y aurait invitée. Dans ce monde imparfait, les réussites exemplaires sociales se trouvant dans des marchés protégés ou dans des entreprises matures.
En ce qui concerne les clusters, le développement donné par l’intervenant n’a pas permis néanmoins de réaliser le besoin impérieux et vital de financement (au moins dans l’étape de lancement). Les cinq principaux clusters (eurosima/glisse, osasuna/santé, uztartu/agroalimentaire, goazen/tourisme, euskaleureka/btp) devraient être portés par la collectivité territoriale (qui n’existe pas encore), le département, la région ne jouant que partiellement leur rôle de dynamiseur de l’initiative économique collective et la CCI BPB ne pouvant tout assumer. La réalité du terrain est donc encore difficile, même si l’espoir est grand.
Enfin, la notion de capitalisme populaire est une question centrale dans l’économie d’Iparralde. Les réussites passées pour se doter d’outils : Herrikoa, GFAM/Lurzaindia, Clef Clje, ne sont pas assez répandues dans la jeunesse. Le ticket d’entrée dans la création d’entreprise est de plus en plus élevé (c’est-à-dire que l‘investissement minimal par salarié embauché est de plus en plus important). Ce n’est pas forcément la forme juridique (coopérative ou société classique) qui est en jeu, mais le financement des machines, formations, mise en marché, pertes initiales, etc.
Les stratégies locales, par EPCI ou communautés de communes
Après un repas rapide, au bon rapport qualité prix, le travail se répartissait en divers ateliers. J’étais à celui de Errobi. Après un énoncé des huit compétences d’Errobi: développement économique, aménagement de l’espace, euskara, déchets, rivière, eau, logement et culture. En synthèse j’y ai retenu: que nous étions sous représentés dans les commissions de travail qui les préparent, trustées par les maires et adjoints aux maires, que nous étions trop souvent cantonnés à l’euskara et que nous étions quelquefois trop timides, alors que sur le plan économique, nous avons des choses à dire et à montrer.
Les questions des stratégies (premier tour et deuxième tour) étaient aussi à peine abordées. Pas de synthèse mais une remarque partagée: pas de consigne sur les alliances au deuxième tour qui ne seraient précisées qu’à l’échelon local.
En conclusion, une bonne journée de mise en commun, au cours de laquelle les échanges ont été riches.