“Pourquoi devrions-nous travailler sur notre avenir s’il n’y a pas d’avenir ? Le 15 mars faisons grève pour le climat !”. Johan Rivière, 17 ans, Terminale S à Bayonne est signataire de cet appel lycéen car il ne compte pas “céder à l’indifférence face à une catastrophe climatique qui touchera les générations futures”. Il répond aux questions d’Alda! sur l’origine et les enjeux de cet appel.
Qu’est-ce-que l’appel de la jeunesse à une grève pour le climat ?
Depuis l’appel à la grève pour le climat de Greta Thunberg(1), les jeunes du monde entier ont compris que l’on pouvait agir contre les leaders de ce monde pour mettre en avant la catastrophe climatique qui met en danger notre avenir. La date du 15 mars a été proposée comme date internationale de mobilisation des jeunes pour le climat. En France les lycéens et étudiants ont rejoint ce mouvement et l’idée de faire une grève internationale le 15 mars a conquis les jeunes français. Au Pays Basque nous avons rédigé l’appel Les lycéen·ne·s, ensemble maintenant pour vivre demain à rejoindre cette journée pour tous les lycéens. Cet appel permet aux jeunes basques, qui ont commencé à nous suivre, notamment sur les réseaux sociaux, de prendre conscience qu’on peut se faire entendre par nos dirigeants. L’appel du Pays Basque a ensuite été repris pour rédiger un appel national qui demande aux lycéens de toute la France de rejoindre cette journée. Cela a fait germer de nombreuses initiatives, jusqu’à 91 aujourd’hui dans toute la France. Elles sont recensées sur le site https://ilestencoretemps.fr/youthforclimate/fr/youthforclimate…
Quelle a été la réponse du Pays Basque à cet appel ?
L’enjeu climatique, les discours de Greta, les mobilisations dans le monde, ne sont pas passés inaperçus auprès des lycéen·ne·s. Le bouche à oreille a été notre plus grand atout, les réseaux sociaux ont joué en notre faveur également et très vite des lycéen·ne·s se sont sentis concernés et ont décidé de signer l’appel “Les lycéen·ne·s, ensemble maintenant pour vivre demain”. L’appel a eu le même effet une fois diffusé, il a permis à d’autres jeunes de se retrouver dans ce propos et de rejoindre le mouvement.
Comment expliquez-vous, à ceux et à celles qui ne le voient pas, que notre avenir est en jeu avec le changement climatique?
Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers une augmentation de la température terrestre de +1,5°C. C’est énorme. Imaginez que votre température corporelle passe de 37,5°C à 39°C. C’est à peu près ce qu’il va arriver sur notre planète. Sauf que ces 1,5°C sont aujourd’hui presque souhaitables. Car en continuant à attendre ou en restant indifférents comme le sont actuellement nos dirigeants, la température moyenne risque d’augmenter de +2°C, +3°C, +5°C. Et ce n’est pas tout. Cette augmentation de température a des conséquences également sur d’autres paramètres, comme par exemple la fonte du permafrost qui risque d’intensifier encore le réchauffement climatique ou la fonte des glaciers qui risque d’augmenter fortement le niveau de la mer. Dans un futur proche si nous n’agissons pas maintenant, notre vie quotidienne ne sera plus la même.
Concrètement, qu’est-ce que vous êtes en train d’organiser pour le 15 mars ?
Le 15 mars nous comptons organiser une journée de grève qui aura un impact sur la société. A Bayonne il y aura une manifestation, un die-in, des formations à la non-violence et au climat et d’autres surprises.
Quelles revendications mettrez-vous en avant ?
Nous voulons faire prendre conscience de l’urgence climatique pour que tout le monde agisse et surtout ceux qui en ont le pouvoir, montrer que nous sommes nombreux à être conscient du problème et défendre notre futur parce qu’il est plus que temps de passer à l’action. Nous cherchons à imposer au gouvernement d’agir face au réchauffement climatique. Les solutions sont de mettre en place une société plus sobre, c’est-à-dire moins productrice d’énergie, de réduire drastiquement l’utilisation des énergies fossiles, pour utiliser les énergies renouvelables, mais aussi stopper la déforestation d’arbres qui permettent de limiter la présence des gaz à effet de serre. Au niveau local notre but est de sensibiliser la population et surtout de montrer aux lycéens qu’il est possible de se mobiliser contre un gouvernement irresponsable. Plus concrètement, notre objectif est de maintenir une température moyenne terrestre qui soit la plus vivable possible, à +1,5C°, et pour cela demander l’état d’urgence climatique comme il a été décidé en Suisse dernièrement, pour mettre le climat au centre de tous les débats. Par rapport à l’éducation, nous souhaitons mettre le climat au centre des programmes scolaires car c’est un thème fondamental qui n’est pas suffisamment abordé alors qu’il définira notre avenir.
Quels sont les premiers retours des différents Lycéens et lycéennes que vous avez contactés ?
Nous avons pour l’instant récolté beaucoup de positif et nous sommes confiants. Cependant, nous savons que nous ne touchons pas tous les lycéen·ne·s. Une partie reste insensible à la question climatique et n’essaie donc pas d’entrer en contact avec nous.
Enfin, quels sont les moyens de communication que vous allez utiliser d’ici le 15 mars et comment les étudiant·e·s peuvent entrer en contact avec vous ?
Nous utilisons depuis le début les réseaux sociaux qui nous permettent de toucher beaucoup de monde, mais également des méthodes plus traditionnelles comme le tractage, l’affichage, les interventions pendant les cours. Nous projetons d’utiliser l’artistique pour communiquer sur l’événement, via des vidéos que nous réalisons, des dessins et peintures, des photomontages. Nous avons une adresse mail ainsi que des comptes instagram, facebook, twitter, grâce auxquels les lycéen·ne·s peuvent nous contacter.
(1) Militante suédoise pour le climat de 16 ans, qui depuis l’été 2018 se mobilise avec le slogan Skolstrejk för klimatet (“grève scolaire pour le climat”) pour défendre le climat et les générations futures qui devront subir et tenter de “réparer les dégâts” causés par les précédentes.
Contacts :