EH Bildu et PNV sont à la manoeuvre et en rivalité. Ils redoublent d’efforts pour faire pression sur le gouvernement socialiste et ont obtenu le maximum possible en échange de leur approbation du budget de l’État espagnol par le parlement le 24 novembre.
Leur motivation est d’autant plus vigoureuse que la législature s’achève et personne ne peut dire si après les élections législatives de novembre 2023, le prochain gouvernement espagnol aura besoin des voix des députés basques pour obtenir une majorité.
Les deux partis affichent leurs trophées respectifs. Après avoir obtenu le gros morceau, la négociation du « cupo » fiscal dans des conditions acceptables, le PNV a signé un accord de principe pour la création d’une sélection officielle basque en matière de pelote et de surf. Mais ce n’est que la première étape d’un long processus dont l’issue favorable n’est pas garantie.
Le reste s’apparente à une liste à la Prévert : financement des transports publics, droit de renégocier les marchés publics en raison de l’inflation, aménagement de l’embouchure de Bilbao, extension du musée Guggenheim à Urdaibai, travaux au château d’Amaiur, restauration d’un haut fourneau à Sestao, programme de recherche en matière de traction électrique et hydrogène, lutte contre les inondations, usine de retraitement des eaux, construction de passages à niveau, accroissement de la cadence des trains de proximité, etc.
Avec une enveloppe de 70 millions, le négociateur du parti, Aitor Esteban, estime que 70 % de ses demandes ont été « raisonnablement » obtenues en faveur d’Hegoalde.
EH Bildu n’est pas en reste : l’augmentation des loyers sera limitée à 2 % jusqu’au 31 décembre 2023 et les retraites seront augmentées de 15 %. 450.000 personnes, en particulier les femmes, bénéficieront de 70 € supplémentaires par mois. Douze millions d’euros sont attribués aux enfants victimes de la terrible Talidomide. Est décidée la création de 200 postes supplémentaires de médecins généralistes, la Navarre bénéficiera du transfert de la compétence en matière de circulation routière, 3,5 millions faciliteront la circulation par le biais d’ascenseurs à Elantxobe, 600 000 € sont attribués à la création d’un mémorial des victimes du 3 mars 1976 à Gasteiz, trois millions d’euros pour faire du fort-prison San Cristobal en Navarre un lieu de mémoire, 300 000 € pour le développement des fouilles à Irulegi, un million d’euros permettront la digitalisation des radios bascophones, 250 000 € pour la promotion du cirque en euskara, 4,5 millions pour les laboratoires de recherche des universités de Navarre, d’Arrasate et du Pays Basque, en particulier concernant le développement des énergies marines, 2,2 millions pour la gestion des déchets et la sauvegarde de sites naturels, 1 million pour connecter la « voie verte » de Bergara-Lizarra avec celle de Plazola, deux millions pour financer la rénovation du théâtre Leku à Laudio, etc.
La principal succès dont se félicite EH Bildu concerne la gestion de l’impôt appliqué aux banques, aux énergéticiens (électricité, hydrocarbure) et aux grandes fortunes. Il fera désormais partie des compétences fiscales basques.
L’affaire a fait l’objet d’une polémique avec le PNV qui négociait de son côté ce transfert. Finalement, le gouvernement socialiste a préféré sceller l’accord avec EH Bildu, un sacré pied de nez.
La démarche ne manque pas de sel lorsque l’on sait qu’après les prochaines élections forales et municipales de mai 2023, une alliance EH Bildu, PSOE et Podemos mettrait en péril l’hégémonie du PNV.
En Navarre, EH Bildu a trouvé un accord budgétaire pour soutenir, sans y participer, le gouvernement de la province dirigée par une socialiste.
Dans la communauté autonome, EH Bildu a unilatéralement rompu le 21 novembre les négociations budgétaires avec le PNV qui dirige les trois provinces en alliance avec le PSOE. Ambiance.