
ELB-LURZAINDIA-OSTIA
En 1972, sur le plateau du Larzac, cent trois paysan.nes signaient un acte fondateur : ne jamais quitter sa ferme, quel que soit le prix donné. On l’appela le serment des bâtons. En 2018, en Bretagne, dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, un autre serment était scellé en plantant des milliers de bâtons dans le sol : venir en cas d’agression de la zone.
Aujourd’hui, nous prenons le relais de ces deux luttes victorieuses en faveur de l’agriculture paysanne et de l’environnement. Nous allons à notre tour poser un nouvel acte, en plantant nos bâtons sur la prairie de Marienia, menacée elle aussi par des appétits d’argent et de béton. Nous faisons le serment de préserver cette terre pour toujours, de la protéger si jamais des promoteurs immobiliers voulaient y entamer des travaux, de la cultiver afin de lui multiplier sa valeur nourricière.
Les bâtons nous soutiennent et nous rassurent. Ici pour déplacer les vaches, là pour la transhumance des brebis. Sous forme de cannes quand les problèmes où l’âge sont là. Bâtons de repères, bâtons qui maintiennent nos dunes, de la parole partagée, des pastorales et du voyage, de l’engagement, de la révolte… Au Pays Basque, il porte le nom de makila, symbole de notre culture et de notre puissance, compagnon des marcheur.ses et arme potentielle, objet d’estime et cadeau offert en signe de respect.
Ces makila, présents lors de diverses manifestations en faveur de Marienia, seront les garants d’une bataille que nous allons gagner, nous en sommes convaincu.es. La force collective qui émane de cette dynamique unitaire, dans la diversité de nos choix et de nos capacités, est un facteur déterminant pour y arriver. Il n’est pas le seul. Si aujourd’hui nous sommes en mesure de barrer la route à une multinationale, de planter des légumes à la place de parpaings, d’alerter sur le besoin de politiques pertinentes pour pallier au manque de logements, c’est avant tout grâce au travail de deux associations qui se mobilisent sans cesse depuis plus de dix ans pour sauver Marienia. Un grand merci à Nahi Dugun Herria, groupe abertzale municipal de Cambo et au CADE, collectif des associations de défense de l’environnement.
En 2024, avec ces deux associations, nous signions la déclaration de Marienia, nous engageant à nous mobiliser jusqu’à l’arrêt complet de ce projet d’artificialisation en combinant différentes tactiques, y compris sur le terrain. Plus d’une vingtaine d’organisations syndicales, culturelles, paysannes, sociales s’associaient à cet appel. Ce dossier est devenu emblématique, à l’échelle de tout un territoire, tout comme la LGV, E-CHO, Aroztegia dans la vallée du Baztan. Tous ces projets et bien d’autres ont en commun la voracité sans fin des grandes entreprises prêtes à toutes les destructions pour la croissance de leurs profits. Ce sont également les appétits personnels de leurs soutiens politiques.
Alors nous devons nous rassembler pour amorcer une autre voie. Nous devons faire résonner le chant de nos makila là où la terre est en danger. Nous mettre en marche pour cheminer ensemble, nous entraider pour obtenir des victoires concrètes, nous projeter pour que la ténacité militante engendre des acquis bénéfiques aux populations et au vivant. N’attendez pas, tout le monde doit s’impliquer dans cet élan, localement et globalement.

Aujourd’hui, à Cambo, nous franchissons un nouveau pas. A partir de demain, cette terre ensemencée de Marienia aura besoin de soins pour pouvoir y recueillir de bonnes récoltes. Un groupe de paysan.nes est à l’œuvre et nous vous invitons à les rejoindre dans leur démarche. Des journées d’entretien des plantations auront lieu durant cet été, venez donner la main, prenez part au groupe de suivi de l’initiative.
Ensemble nous gagnerons Marienia, ensemble nous construirons un véritable rapport de force pour restaurer, défendre et occuper la terre, en vue de l’arracher au ravage marchand. La terre est à celles et ceux qui la cultivent.