“Les ikastola sont en alerte rouge”

Indo1Alors que les effectifs scolaires d’Iparralde stagnent ces dernières années, ceux de Seaska augmentent chaque année de plus de 5%. C’est dire si le modèle éducatif et le projet pédagogique des ikastola sont devenus attrayants pour des parents qui ne se reconnaissent plus dans l’organisation centralisée et uniformisante proposée par l’Education nationale française. Nombre de parents non bascophones, à qui leurs parents n’ont pas transmis l’usage de l’euskara ou simplement ne sont pas issus d’un milieu basque, optent pour le modèle immersif en euskara pour leurs enfants.

Loin d’être vécue comme un handicap, comme elle était présentée au siècle dernier, la maîtrise de l’euskara, et plus largement le bilinguisme, est à présent considérée comme une chance offerte aux enfants de mieux s’insérer dans la réalité locale et un gage de meilleure réussite dans la vie. Au moment où l’administration de l’Education nationale fait la sourde oreille aux demandes de postes nécessaires pour faire face à l’augmentation de ses effectifs, Enbata a voulu recueillir le point de vue de Paxkal Indo, président de Seaska, sur les difficultés prévisibles pour la prochaine rentrée scolaire. 

Seaska a récemment fait publiquement état de son mécontentement à propos des négociations avec l’Education Nationale. Quelles sont les raisons de votre insatisfaction?

La troisième convention triennale entre le ministère de l’Education Nationale, la Fédération des Ikastola Seaska, et l’Office public de la langue basque arrive à son terme à la fin de cette année scolaire. Nous avons unilatéralement décidé de mettre un terme à la négociation conduisant à sa reconduction.

A la rentrée 2018, nous aurons 230 élèves supplémentaires. De 3.686 élèves de la maternelle au lycée en septembre 2017, d’après les prévisions nous passerons à 3.920 élèves en septembre 2018. 90 élèves de plus en primaire, 90 élèves de plus en collège et 50 de plus au lycée.

Ikastola en chiffres

36 établissements : 31 primaires, 4 collèges, un lycée polyvalent

Seaska fêtera ses 50 ans en 2019 et devrait dépasser les 4.000 élèves à la rentrée 2019

Lors des réunions de décembre et janvier, le Rectorat s’est engagé à prendre en charge les postes d’enseignants du second degré nécessaires pour accueillir les nouveaux élèves. Concernant le premier degré, l’inspecteur d’académie des Pyrénées Atlantiques, Pierre Barrière, nous a annoncé 4,5 postes supplémentaires pour la rentrée 2018. Mais lors de la réunion de mars, l’inspecteur d’Académie et le Rectorat nous ont indiqué qu’ils n’avaient plus aucun poste à nous accorder pour la rentrée prochaine, mettant ainsi un terme aux négociations.

Le différent porte donc essentiellement sur les moyens alloués par l’Education Nationale?

Avec zéro poste supplémentaire et les organisations de postes proposées par l’Inspecteur Barrière, deux ikastola sur trois seraient touchées. En primaire, il y aurait des classes de 29 élèves et voire même de 50 élèves par endroits. Au lycée, nous aurions des classes de 39 élèves et en collège des classes de 36, 38, voire même de 47 élèves. Au Pays Basque nous avons toujours été contre l’élevage intensif.

Face à cette situation inacceptable, les ikastola se déclarent en alerte rouge. Nous allons nous mobiliser tant qu’il n’y aura pas de changement d’attitude de Pau, Bordeaux et Paris, et ce jusqu’à obtenir les postes dont nous avons besoin.

Nous ne comprenons pas comment, d’une part avec  32.000 élèves de moins en primaire sur tout l’Hexagone à la rentrée prochaine 3.800 postes supplémentaires sont annoncés par le ministre Jean-Michel Blanquer à France Inter le 05 mars dernier. Et qu’au même moment, avec 230 élèves de plus, nous n’aurions pas d’augmentation de postes ? Nos enfants sont-ils  des citoyens de deuxième zone ? 

SeaskaPourtant la convention tripartite ministère de l’Education Nationale – OPLB – Seaska offrait des garanties pour faire face au développement continue de l’enseignement en immersion pratiquée par Seaska?

Nous avons une convention triennale entre l’OPLB, le ministère de l’éducation nationale et Seaska, pour assurer le développement des ikastola et pour éviter les situations de crispation d’autrefois. Mais depuis la dernière convention (2015-2017), depuis l’arrivée de l’inspecteur d’Académie Pierre Barrière, la convention n’est pas respectée. Plus encore, M Barrière n’a aucune intention de la respecter.

Pourtant, le Recteur Olivier Dugrip, a clairement affirmé lors du point presse du 2 mars, qu’il n’y avait pas de problème pour renouveler la convention 2018/2020 avec Seaska. Il est clair qu’avec zéro poste, il n’y aura pas de renouvellement de convention.

Ces 13 dernières années, le poids de Seaska a doublé au Pays Basque Nord, passant de 5% à 10 % des élèves en primaire. Avec la tendance actuelle, nous attendrons les 20 % des élèves dans les prochaines années.

L’OPLB a avancé les chiffres. Ces 13 dernières années, la croissance des ikastola a atteint les 80% en primaire, 80% en collège et 46% en lycée, alors que, pour la même période, la croissance au sein des écoles privées et publiques n’était que de 1 ou 2%. Comment faire face à cette croissance des ikastola avec zéro poste supplémentaire ?

Pour vous, le fonctionnement de l’organisation actuelle de l’Education dans le département n’est pas satisfaisant au regard des mutations en cours?

Plus que d’une convention, l’organisation de l’Education en Pays Basque Nord doit se doter de son propre inspecteur d’Académie, pour répondre aux besoins de l’éducation en Pays Basque, comme cela avait été préconisé par le Conseil de Développement et le Conseil des élus du Pays Basque dès 2012.

Après la création de l’OPLB pour impulser une politique linguistique au Pays Basque, après la création de l’EPFL pour gérer le foncier en Pays Basque, puis la Communauté d’agglomération Pays Basque, nous ne pouvons plus continuer avec une organisation de l’Education à l’échelle des Pyrénées -Atlantiques. Une Inspection Académique Pays Basque doit voir le jour pour traiter les spécificités de ce territoire.

Nous ouvrons une première phase
de mobilisations jusqu’à Herri Urrats,
avec des initiatives locales
et un rendez-vous culturel important
le vendredi 4 mai après-midi.
Nous appelons les parents à poser leur vendredi après-midi du 4 mai,
afin de pouvoir participer à ce rendez-vous.

Par ailleurs, la façon dont le Rectorat peut entraver le développement de la filière professionnelle alors que le Conseil régional d’Aquitaine s’est fortement engagé dans la construction  d’un lycée professionnel est incompréhensible. Comment comprendre que l’on nous exige une nouvelle fois de passer les épreuves de sciences du Brevet en français alors que l’an dernier des moyens ont été mis en œuvre pour les faire en langue basque, et que cela n’a posé aucun problème?

Face à cette situation intolérable, nous déclarons les ikastola en état d’alerte et appelons les élus locaux, les responsables de l’Education nationale de Pau, Bordeaux et Paris à prendre leurs responsabilités, et ce sans délai.

Nous ouvrons une première phase de mobilisations jusqu’à Herri Urrats, avec des initiatives locales et un rendez-vous culturel important le vendredi 4 mai après-midi. Nous appelons les parents à poser leur vendredi après-midi du 4 mai, afin de pouvoir participer à ce rendez-vous. Tous les citoyens et citoyennes soucieuses de l’enseignement en langue basque sont également invités à participer à cette manifestation culturelle qui aura lieu à Bayonne à partir de 17h00. Kasu Ikastolak kexu.

 

 

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