Nikolas BLAIN, abertzale, membre du groupe moteur de la plateforme Batera, adjoint au maire d’Ustaritz.
ENBATAk 60 urte
La revendication institutionnelle, celle de la reconnaissance administrative du Pays Basque Nord est historiquement portée par les abertzale. Autonomie, Collectivité Territoriale, Département Pays Basque, Agglomération Pays Basque… Quel que soit le modèle et le nom revendiqué, cette thématique a toujours été en haut de l’agenda politique du mouvement abertzale.
Parfois considérée comme la “mère des batailles” abertzale, la reconnaissance institutionnelle a pris des formes et des chemins tactiques différents au fil des années.
Sans remonter trop loin dans le temps, on peut se rappeler simplement la stratégie pour un Département Pays Basque initiée avant même les années 2000. Cela avait ouvert un débat de fond dans le mouvement abertzale mais cette stratégie d’ouverture à des secteurs non-abertzale a depuis porté ses fruits.
L’appropriation de cette revendication par des secteurs larges de la société d’Iparralde a donné une force et un écho supplémentaires. En 2002, la plateforme Batera voyait le jour avec parmi les quatre revendications celle de la reconnaissance institutionnelle. Pétitions, référendum citoyen en 2010, manifestations, rendez-vous ministériels, blocages…
Les mobilisations se sont multipliées afin d’obtenir le simple droit d’exister sur les cartes administratives. Et finalement ce n’est qu’avec la création de la Communauté Pays Basque au 1er janvier 2017 que le Pays Basque Nord a vu le jour sur le plan juridique.
Les abertzale ont toujours été moteurs de cette revendication, plaçant le curseur toujours plus haut que le point de consensus afin de maintenir un rapport de force nécessaire à son avancée.
Et si beaucoup de chemin a été parcouru, il faudra à nouveau toute l’intelligence collective du mouvement abertzale, avec ses différentes composantes, pour imaginer la suite du chemin à parcourir.
Car nous le savions déjà en 2016, lorsque nous avions accepté la proposition préfectorale de créer une agglomération, l’outil actuel n’est pas le plus adapté à notre territoire. Le suffrage universel direct, le scrutin proportionnel, la déconcentration des services, la parité sont autant de thématiques fondamentales qui doivent progresser. Et si la Collectivité Territoriale à statut particulier reste la revendication ayant obtenu le consensus le plus large, il faudra à nouveau un cycle de mobilisation fort pour reprendre la marche en avant en matière d’institutionnalisation.
Si la Collectivité Territoriale à statut particulier
reste la revendication ayant obtenu le consensus le plus large,
il faudra à nouveau un cycle de mobilisation fort
pour reprendre la marche en avant
en matière d’institutionnalisation.
Une des questions pour le mouvement abertzale est de savoir comment allier gestion de la structure actuelle et dénonciation de ses manques pour justifier une nouvelle structure plus démocratique, plus lisible pour les citoyen-ne-s.
Le mouvement politique abertzale a un débat stratégique à mener en la matière. Car tous les pas en avant obtenus ces dernières années ne l’ont jamais été que du seul fait de la mobilisation des abertzale mais rien ne s’est fait non plus sans le soutien du mouvement abertzale au sens large.