Les élections sénatoriales auront lieu en septembre. Quelle position doivent adopter les abertzale de gauche devant ce scrutin particulier ?
La date est fixée, c’est le dimanche 24 septembre prochain qu’auront lieu les élections sénatoriales dans les Pyrénées-Atlantiques, comme dans la moitié des départements de l’Hexagone. Ce jour-là, 1859 électeurs, en ultra-majorité des élu·es, seront appelé.es à élire les trois sénatrices et sénateurs du département pour les six prochaines années.
Un sentiment d’éloignement, et pourtant
Le Sénat est l’assemblée représentative des territoires. Le mode de scrutin lui-même renforce ce rôle de défense des sujets locaux. À ce titre, la sénatrice ou le sénateur est une force d’appui considérable pour les élu·es municipaux·ales, dans la défense de certains projets locaux.
Les dossiers spécifiques au Pays Basque Nord tels que la bataille en faveur du droit au logement pour toutes et tous, la préservation des terres agricoles, les luttes écologiques, la bataille contre la voie nouvelle LGV, l’obtention d’un statut pour l’euskara et la capacité de décider et de financer une politique linguistique ambitieuse, ou encore la résolution des conséquences du conflit font l’objet de consensus larges sur le territoire. À l’heure où la Corse, la Kanaky, la Polynésie ouvrent des voies de dialogue ou tout du moins une interlocution avec Paris afin de demander plus de souveraineté locale, le Pays Basque ne dispose pas encore de ce rapport de force. Le rôle des parlementaires en la matière est primordial. Nous sommes légitimement en droit d’attendre de nos futurs sénatrices et sénateurs qu’ils portent pleinement et sincèrement les sujets locaux, qu’ils usent de leur poids politique pour atteindre des sphères décisionnelles et mener un véritable travail d’interpellation de l’État français.
En ce sens, même si le Sénat paraît loin de Bayonne, cette instance qui discute de tous les projets de lois de l’État français et qui dispose d’une voix prépondérante sur l’Assemblée nationale pour les dossiers liés aux réformes institutionnelles, prend quotidiennement des décisions qui conditionnent l’avenir des habitant.es d’Iparralde.
Le poids abertzale sur cette élection
Pour le camp abertzale, cette élection n’est pas complètement naturelle. Avec 60% des électrices et électeurs béarnais, ce scrutin est assez compliqué structurellement. Ceci explique d’ailleurs pourquoi EHBai ne s’est jamais présenté à ces élections. On se souviendra pourtant d’initiatives comme celles de Frantxoa Dascon, d’André Darraidou ou encore Sauveur Bacho qui ont tenté de faire de cette élection un porte-voix des revendications locales.
Mais la forte progression électorale et les bons résultats obtenus ces dernières années par le camp abertzale, en particulier aux municipales de 2020 et aux départementales de 2021, placent EHBai dans une situation inédite. Le vendredi 9 juin prochain, tous les conseils municipaux désigneront leurs représentant.es pour voter aux sénatoriales. Quelques projections arithmétiques permettent d’évaluer le poids électoral abertzale aux alentours de 90 à 100 voix. Pour mémoire, en 2017, si Frédérique Espagnac avait une avance très nette sur ses concurrents (le deuxième candidat de sa liste ratant son élection à seulement 14 voix près), la différence de voix entre Denise Saint Pé (élue 2ème) et Brisson (élu 3ème) ou entre Brisson et Labazée (non élu, 4ème) était justement d’une centaine de voix. Déterminant.
Les autres forces politiques
Quelle voie possible pour défendre le projet politique abertzale dans cette élection ? A droite, Denise Saint Pé repart tout comme Max Brisson. L’autre sortante, la sénatrice PS Frédérique Espagnac, est aussi sur la ligne de départ. Une union de la gauche qui pourrait reprendre des thématiques spécifiques est-elle envisageable ? Certainement pas autour de La France Insoumise qui a fait savoir publiquement il y a quelques jours que Sandra Pereira était chef de file du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Le Parti Communiste a également travaillé sur une liste. De son côté, EELV, qui n’a pas pu constituer de liste en 2017, a d’ores et déjà, désigné ses chefs de file. Les questions restent entières concernant d’éventuelles dissidences : le PS et les centristes étaient partis avec deux listes chacun il y a six ans. Jean-René Etchegaray entend-il jouer un rôle dans ce scrutin ?
Voilà les principaux paramètres d’une équation complexe posée au camp abertzale et à EHBai en particulier.