Au dernier quart d’heure, le leader socialiste a lâché sur tout ce que lui demandait la liste BVS. Mais les abertzale jugent davantage les actes que les promesses. Ils ne peuvent accepter de mettre au poste de maire de la capitale d’Iparralde un adversaire acharné. La liste BVS se retire pour le second tour.
L’assemblée de la liste bayonnaise abertzale, Baiona verte et solidaire (BVS) a rejeté le projet de liste d’union qui lui était présenté. Il s’agissait de la fusion des trois listes de gauche au premier tour : BVO (Bayonne ville ouverte) dirigée par le socialiste Henri Etcheto —29,77% au premier tour—, BVS conduite par Jean-Claude Iriart et Sophie Bussière (13,2% des voix) et Bihar Baiona BB emmenée par Mathieu Bergé (11,21%).
Le 30 mai, au lendemain de l’assemblée générale de BVS, un vote s’est déroulé en trois phases. Sur 116 votants, 56 personnes se sont tout d’abord opposées à un accord avec Etcheto (50,91%), contre 54 partisans, soit 49,09%, les blancs et nuls rassemblant 6 voix (5,17%). Une courte majorité de deux suffrages a donc emporté la décision. La deuxième consultation au sein de BVS a été sans appel: 91 voix, soit 25% pour un accord avec BB Bihar Baiona, 21 non (18,75 %) et 4 blancs (3,45%). Le troisième vote proposait un choix entre le maintien et le retrait de BVS au deuxième tour en cas d’échec de la négociation avec Bihar Baiona. Là encore, une très courte majorité a donné 49 voix en faveur du retrait (50,52%) contre 48 pour le maintien (49,48%) et 19 votes blancs soit 16,38%.
Après des heures d’intenses réunions, la liste BB conduite par Mathieu Bergé et Sophie Herrera a décidé le 31 mai de ne pas donner suite à la proposition de BVS. Elle a fusionné avec la liste conduite par Henri Etcheto. A n’en pas douter, décision difficile pour un groupe qui avait divorcé de la maison PS au cours du mandat précédent. La chose fait des vagues en interne.
La liste BVS a tiré les conclusions du refus de BB de s’allier avec elle et du résultat du troisième vote de son AG. Baiona verte et solidaire se retire, elle ne sera pas présente au deuxième tour le 28 juin.
Quelques heures avant l’assemblée générale décisive de BVS, Henri Etcheto a quasiment «tout lâché». Il a concédé ce que lui demandait BVS, sur le plan programmatique bien entendu, mais surtout dans le domaine de la gouvernance municipale. Etcheto exigeait que son groupe BVO, en tant que tel, détienne la majorité absolue dans le futur conseil municipal. Il a finalement accepté de respecter la règle d’une répartition proportionnelle des élus, au regard des résultats du premier tour. Concernant le processus de paix et le combat en faveur des preso, la proposition d’Henri Etcheto était celle d’une forte régression dans le champ et la capacité d’intervention des élus municipaux et surtout de la ville en tant qu’institution. Ces réticences ont évidemment eu une incidence dans le débat interne.
Mais le fond était ailleurs. Des abertzale au sein de la liste et à travers tout Iparralde ne pouvaient concevoir de s’allier et d’élire un abertzale incompatible à la tête de la capitale d’Iparralde. Un futur grand élu, un Alliot-Marie bis, un Manuel Valls bayonnais qui, malgré ses promesses d’entre deux tours, allait plomber toutes les avancées, fruits de 60 ans de combat abertzale. Une régression qui pourrait durer six, douze, voire dix-huit ans. Inacceptable bien sûr de servir de piédestal à un homme pareil.
En 2014, cela s’est joué à 26 voix près et a failli coûter au Pays Basque sa première reconnaissance et existence institutionnelle, avec la création de la communauté de l’agglomération Pays Basque. En 2020, à combien de voix l’Histoire se jouera-t-elle ? Et à partir de là, comment s’effectuera la nécessaire recomposition d’une véritable alternative de gauche, abertzale, écologique, solidaire, participative qui aura 6 ans pour accéder à la gestion de la ville capitale du Pays Basque nord ?
La position d’EHBAI
La Direction d’EHBAI considère :
- Que la stratégie électorale initiée par Baiona 2014 puis Baiona 2020, à savoir l’addition de forces politiques pour présenter une candidature commune est la bonne stratégie pour gagner face à la droite à Bayonne en construisant une alternative de gauche, écologiste, répondant aux spécificités du Pays Basque et renforçant le pouvoir d’agir du territoire et de ses habitant-e-s.
- Qu’une stratégie électorale qui aurait pour conséquence de faire élire Henri Etcheto maire de Bayonne avec le soutien actif des abertzale est une hypothèse qu’elle ne pourra soutenir.
- Que la situation d’Iparralde et du mouvement abertzale impose de poursuivre la bataille contre la vision jacobine qui constitue, aujourd’hui encore, le socle idéologique fondamental d’un petit nombre d’élu-e-s en Pays Basque Nord.
- Finalement, que c’est la responsabilité d’Henri Etcheto et de certains de ses soutiens si le travail en commun ne peut se mettre en place et qu’il sera seul responsable de la défaite de la gauche sur Bayonne.
Quand c’est du 50-50 on ne peut pas dire que ce sont les abertzale. Ou alors on a une vision très restreinte de ceux-ci.
Plus largement, il faudra un jour se demander pourquoi tant d’intervenant extérieurs ne laissent jamais les militants de Baiona se débrouiller seuls…
Ideia bat otoi?
Ce que je ne comprends pas, c’est que le PS s’acharne à présenter quelqu’un d’aussi anti-basque que’Etcheto : contre les subventions à l’ikastola, contre la création de la CAPB, absent du processus de paix…
Le jour ou la gauche bayonnaise choisira un autre candidat, les choses seront différentes.
Pour Alexandre, ideia bat : entre autres parce qu’Etcheto maire de Bayonne, se serait un boulet pour la CAPB.
50-50 ce n’est pas tous les abertzale!
Surtout après la campagne injuste qui a été menée par EH Bai par dessus les abertzale de Baiona.
Pffff…50-50 des abertzale ? En fait 56 anti-accord Etcheto/54 pro-accord Etcheto et 6 votes blancs qui du coup n’appuient pas la position majoritaire de la coordination BVS. Dans les 54, la moitié d’adhérents EELV, 3 ou 4 insoumis, et une vingtaine d’abertzale ; dans les 56, 5 ou 6 insoumis, et le reste d’abertzale. Bref, les deux tiers ou les trois quarts d’abertzale de BVS ont voté contre tout accord avec Etcheto malgré qu’il ait signé toutes les promesses qu’on lui demandait de signer pour devenir maire de Bayonne. Donc, la majorité des abertzale de BVS étaient bien contre le principe même d’un accord avec Henri Etcheto. Sans parler de l’encore plus grande majorité des abertzale bayonnais, électeurs de BVS mais non encartés à BVS et ne pouvant donc voter lors de cette assemblée générale.
Egia?
D’où tire tu les chiffres de la répartition des votes?
J’ai cru comprendre que les insoumis étaient quasi tous contre l’accord, ce qui veut dire que la majorité des abertzale était pour.
Surtout demande aux militants Baionatar, notamment les jeunes.
Mais le problème, ce sont les campagnes honteuses, que venait faire cette prise de position publique d’EH Bai?
Qui a lancé cette pétition qui allait contre le boulot des abertzale de Baiona?
Pourquoi d’ailleurs une pétition, ils ne pouvaient pas aller débattre simplement avec les membres de BVS?
Je ne suis pas abertzale mais je peux comprendre votre rejet d’Etcheto dont l’ultra jacobinisme est désolant.
Le résultat du vote interne a été très serré, il aurait pu être inversé. Je me demande ce qu’aurait été la réaction d’EH Bai et d’Enbata dans ce cas. Ils auraient fait comme Valls avec Hamon?
En tout cas le fait de se retirer est un clair appel à voter Etchegaray, ce qui va loin pour une liste qui se dit de gauche, surtout quand on sait qu’une majorité des colistiers du maire actuel esr très à droite et tout aussi anti abertzale qu’ Etcheto et Duzert.
Se maintenir et laisser les électeurs abertzale et autres faire leur choix aurait été plus cohérent, je crois.
Garo André, je comprends votre point de vue, et je pense que les abertzale pourraient sans doute trouver des terrains d’entente avec des gens comme vous. Cependant, je ne vois pas les choses de la même façon que vous :
Une différence importante, c’est que la liste BVS ne fait pas partie d’un mouvement Enbata (qui n’existe pas), ni du mouvement EH Bai. EH Bai n’est qu’une des 3 forces politiques qui ont soutenues BVS. Donc, de la même manière que BVS, n’était pas obligée ” d’obéir ” au choix d’EH Bai, EH Bai n’était pas ensuite obligée ” d’accepter ” le choix de BVS. Il n’y a pas de lien d’appartenance, contrairement à Valls et au PS des primaires. Encore moins avec Enbata, qui est certes un hebdomadaire abertzale, mais qui n’est ni le journal de BVS ni celui d’EH Bai.
Quand à se maintenir, vu le désaccord qu’il y a eu en interne, il me semble certain que le score de BVS au second tour aurait été catastrophique ! Qui aurait voté pour BVS, après tout ça ?
Enfin, maintien ou pas maintien, les électeurs/électrices abertzale et autres ont toujours le choix (certes, pas celui de voter BVS, mais je crois sincèrement que peu l’auraient fait, vu la situation) : il.elle.s peuvent choisir entre Etcheto et Etchegaray, et ceux/celles qui le veulent peuvent voter blanc ou s’abstenir.
En 2020, le PNB de Bayonne prononce à Bayonne un discours sous le titre “Pro Universitaire Basque”.
Avec cette devise le PNB a promu un mouvement pour l´Université du Pays Basque/Iparraldeko Unibertsitatea. On arrive ainsi en 2020 pour la résolution du problème universitaire basque.
Garai honetan, gaur egungo Iparraldean, Pau-ko Unibertsitatearen Barrutiaren zatia kontsideratzen da.
Le PNB avec Jean-René Etchegaray à Bayonne/Baiona.
Henri Etcheto = Jean-Pierre Chevènement = Manuel Valls. Jamais!!.
Henri Etcheto en faveur de l´indépendance du Québec.
Henri Etcheto Euskal Lurralde Kolektibitatearen aurka.
Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l´Australie, la Nouvelle-Zelande, Gibraltar, l´Allemagne, l´Espagne rejettent l´indépendance du Québec.
Gora Baionako EAJ!. Aurrera Baionako EAJ!.
Merci à Antton de sa réponse.
J’ai cité EH Bai et Enbata car ils ont mené une campagne inlassable contre cet accord. Soit dit en passant, je m’ étonne qu’ Enbata n’ ait pas au moins une fois ouvert ses colonnes à un de ses chroniqueurs habituels, Jean Marc Abadie, un des moteurs de la liste Bergé. (En plaisantant, dans un autre courrier, j’avais écrit qu’ Enbata ressemblait un peu à l’Huma de Marchais pendant cette campagne, on sait qu’il y a toujours un fond de vérité dans les plaisanteries)
Tout le monde est libre, les consignes de vote sont semble-t-il peu respectées quel que soit le camp, d’accord, cependant vous ne répondez pas au problème essentiel: le choix du retrait est un appel à voter Etchegaray alors que sa liste est majoritairement réac (le vieux Pays Basque d’ Inchauspé et Alliot-Marie) et tout aussi jacobine qu’ Etcheto.
Je pense qu’ Etchegaray aurait été élu dans tous les cas de figure, mais avec le maintien ce sont les électeurs de JC Hiriart qui auraient en leur âme et conscience fait le choix. Là ils sont poussés à voter pour une liste dont seuls quelques éléments, dont le tête de liste, partage une partie de vos valeurs.
Choix risqué pour le camp abertzale quel que soit le résultat final.
Oui André, mais reste à savoir qui a voté contre le maintien de la liste : les pro-accord avec Etcheto ou les anti-accords, ou un mix des deux pour des raisons les plus diverses… ? IL y a 6 ans le maintien de la liste Iriart a abouti à l’élection de Jean-René Etchegaray. Faut-il le regretter ? Sur des questions centrales comme la création de la communauté d’agglomération Pays Basque, le traitement de la question des migrants dans ce qui est devenu entretemps un important couloir de passage à ce niveau, ou encore la voie en site propre pour les bus, le maire actuel n’en n’a peut-être pas fait assez. Mais il a fait. Je crains fort qu’un Etcheto, au vu de ses positions ou de ses silences sur ces questions, aurait eu une politique clairement néfaste et condamnable sur tous ces points et sur bien d’autres. Il y a d’un côté les étiquettes, et d’un autre les positions de fond et les actes réels.