Le Forum social permanent tire sa révérence

Dernière réunion du Forum social permanent à Donosti.


Mise en retrait du Forum social permanent, fin de la dispersion des prisonniers politiques basques, une page se tourne. Pour autant, il reste du chemin à parcourir et du travail à accomplir pour aller au bout d’un processus de paix qui puisse réellement s’intituler ainsi.

Le Forum social permanent (Foro Sozial Iraunkorra, Foro Social Permanente) a donc pris congé de la société basque le 18 mars dernier à Saint Sébastien. Ceci, après des adieux déjà formulés quelques jours auparavant, à Mondragon en Biscaye et à Pampelune en Navarre. Le collectif associatif, auquel adhéraient plusieurs dizaines de mouvements impliqués dans le processus de paix basque, a tiré sa révérence après 10 années de présence active. Il s’est impliqué en Euskadi et Navarre en particulier, alors que le mouvement Bake Bidea (membre du collectif) s’investit activement en Pays Basque nord depuis une dizaine d’années.

Le Forum social permanent a estimé que le moment du retrait était venu, au bout du grand chemin tortueux vers la paix, parcouru depuis la conférence internationale d’Aiete. Conférence qui marqua un avant et un après décisif comme cela s’est vérifié au fil des années. À la suite de cette rencontre sans précédent, tenue le 17 octobre 2011 à Saint-Sébastien, sous l’autorité d’un groupe international réunissant Kofi Anan, Jonathan Powell, Bertie Ahern et Pierre Joxe, ETA s’était en effet, engagée à mettre un terme définitif à son action armée et à se désarmer. Ce qui fut fait notamment, avec l’expertise et le soutien de l’avocat-médiateur Sud-Africain, Brian Currin.

Président du groupe international de contact impliqué dans le processus qu’il avait « géré » jusqu’à son terme, de 1993 à 1996 à savoir le processus de paix irlandais, c’est lui qui s’est penché sur le cas basque. Le 18 mars dernier, lors d’une intervention à distance à Saint-Sébastien, il a tenu à rappeler que le processus basque n’avait pas signé la victoire d’un camp sur l’autre, mais qu’il se voulait l’aboutissement d’un processus intégral, avec implication active de la société.

Du chemin à parcourir

Pourquoi ce bref retour en arrière en ce printemps 2023, quelques jours après le soixantenaire du premier Aberri eguna d’Itxassou ? Pour rappeler qu’à ce jour « il reste du chemin à parcourir » comme l’a souligné Agus Hernan alors qu’il quittait le devant de la scène. Non sans avoir reconnu qu’à certains moments critiques, il dut se faire violence pour ne pas capituler sur ce chemin périlleux qui, au final, s’est avéré très fructueux. Un chemin atypique au dire de tous les observateurs, dans la mesure où la société civile a été amenée à y jouer un rôle clef, telle un catalyseur, du fait de la non implication revendiquée et assumée des deux États concernés, l’Espagne et la France. Du jamais-vu dans un processus de paix noué à l’étranger !

Reste que le processus de paix est désormais derrière nous ou presque. Pas complètement achevé au dire même d’Agus Hernan aux yeux de qui le vivre ensemble repose sur le respect des droits de tous et de chacun. Restent en effet à résoudre les difficultés inhérentes au traitement des victimes dans toute leur diversité, notamment « au niveau de leurs aspirations au droit à la vérité, à la justice et aux réparations qu’elles sont en droit d’attendre des Etats concernés et de la société ». Demeure aussi pendante, la nécessité de se lancer dans la construction d’un récit (ou plusieurs récits) retracé( s) avec véracité pour les acteurs eux-mêmes et pour les générations futures, de sorte qu’il(s) ne tombe(nt) pas dans l’oubli. Enfin, la fin de la dispersion ! A ce jour, l’Espagne a donc mis un terme à la dispersion des prisonniers dans l’État espagnol. Celle-ci a pris fin avec le rapatriement des 5 derniers prisonniers d’ETA incarcérés en Espagne, vers Euskadi. Cela aura été possible car la Communauté autonome basque assume désormais la compétence des prisons sur son territoire. La dispersion, notons-le, avait été instituée à la fin des années 80, en pleine période de violence armée en Espagne. Elle fut mise en oeuvre par le ministre socialiste de la Justice de l’époque, Enrique Mugica. Au dire d’Etxerat qui regroupe les familles des prisonniers, quelque 500 d’entre eux furent dispersés dans 79 prisons courant 1989. C’est dire l’ampleur de l’éparpillement. Dans l’esprit des dirigeants espagnols, ce mode opératoire devait contribuer à éviter la reconstitution de collectifs puissants et à rendre la vie des prisonniers plus difficile du fait de certains isolements.

16 victimes sur les routes

L’association Etxerat a quant à elle, accueilli la fin de la dispersion avec soulagement. Mais les millions de kilomètres parcourus par les familles au cours des dernières décennies, marqués par de nombreux accidents, ont coûté la vie à 16 membres de familles et amis de prisonniers. Le gouvernement basque qui a décidé de reconnaître ces derniers comme victimes, prévoit réparation pour leurs familles. Etxerat revendique par ailleurs la levée de toutes les politiques d’exception (certaines implantées depuis des décennies). Etxerat demande également que le retour au Pays Basque des réfugiés et déportés au Pays Basque, soit facilité selon les normes légalement en vigueur.

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