Juanjo Etxabe Haundixe, histoire d’un Basque rebelle

Le commissaire annonce l'expulsion lors de la première occupation de la Cathédrale
Juan Jose Etxabe au centre au moment où le commissaire de police  annonce l’expulsion aux occupants de la Cathédrale (www.paysbasqueactualites.com)

Il est mort le 12 juillet 1996 à Urruña (Lapurdi). Né 59 ans plus tôt dans un des bastions du nationalisme basque à Arrasate (Gipuzkoa), il fut le premier preso d’ETA en septembre 1960 et, jusqu’en 1971, dirigea l’appareil militaire de l’organisation armée basque. Bien plus tard, sa femme Agurtzane et son frère Iñaki furent assassinés et lui-même très gravement blessé par des barbouzes à la solde de l’Espagne. Personnage haut en couleur, hétérodoxe et picaresque, Juanjo Etxabe fut l’objet d’un acharnement tout particulier de la part des autorités françaises, comme en témoignent les nombreuses expulsions du Pays Basque et incarcérations dont la dernière lui sera fatale. Enbata ouvre ici ses archives pour rendre hommage au militant disparu qui, dans une interview remarquée à l’hebdomadaire Argia, quelques jours avant de mourir, appelait de ses vœux l’union des abertzale contre l’adversaire commun.

Enbata n° 1436 du 1er août 1996

Juan José Etxabe Orobengoa Haundixe intègre dès sa création dans les années 60 les rangs d’ETA. En septembre de cette année, premières actions et premières arrestations que raconte Jacques Kaufman dans son livre «Mourir en Pays Basque, le combat impitoyable d’ETA» (1), qui a recueilli le témoignage de Juanjo lui-même, à propos d’une action à Donostia : «C’est le moment, Etxabe fait sauter le couvercle de son pot de peinture, y trempe son pinceau. Il tend le bras et commence à écrire : «Gor…». Il n’a pas le temps d’achever le premier mot. —J’avais à peine commencé à peindre que je sens le canon d’un pistolet derrière mon dos. —Haut les mains! Garde civile! Les deux jeunes gens dans leur inexpérience, ne s’étaient pas rendu compte que le mur qu’ils avaient choisi pour peindre «Gora ETA», était justement celui du garage de la caserne, gardé 24 heures du 24 par des policiers.
En un quart de seconde, le jeune Basque se retourne. Le garde civil n’a pas le temps de le maîtriser que déjà, Etxabe s’est saisi du pot de peinture et le lui jette au visage. Déconcerté, le policier fait feu, mais il a perdu l’équilibre et ses balles se perdent dans la nuit. Etxabe a détalé à toutes jambes ainsi que J… qui n’a pas vu à temps l‘ennemi. Derrière eux claquent des coups de feu, on vocifère des ordres. L’alerte est donnée (…). «A six heures du matin, ils nous arrêtent. Cela tirait de tous les côtés. Les gardes civils nous emmènent à la caserne et l’interrogatoire commence (…)».

Tenir, ne pas révéler ses contacts
Son camarade sait quoi répondre aux policiers. Mais lui, Etxabe, pourra-t-il résister aux coups ? En entrant dans la caserne au petit jour, menottes aux mains, il n’a qu’une seule pensée: ne pas trahir l’organisation, «tenir», ne pas révéler ses «contacts», le nom de son «patron», le chef du front militaire.
—Arrête ! Un policier plus prudent que les autres tente de raisonner ses collègues : —Tu vas le tuer si tu continues ! Etxabe, deux fois s’est évanoui sous les coups, mais il n’a toujours pas parlé. Il est debout, menottes aux mains, dans une pièce située au deuxième étage de la caserne. Des «spécialistes» des services de renseignement l’ont roué de coups depuis son arrivée. Ils avaient branché une radio dans la pièce et poussé le son au maximum pour étouffer le bruit de mes cris».
Le 20 août 1962, après l’explosion d’une bombe près du palais Aiete où réside Franco, Etxabe est à nouveau arrêté. Libéré, il entrera quelque temps plus tard dans la clandestinité et le 29 octobre 1965, la police arrête son frère Gregorio et le menace une nuit durant, de l’exécuter, s’il ne révèle pas où se cache son frère Juan José.
En septembre 1967, travaillant dans une entreprise de déménagement de Bayonne, il est expulsé par les autorités françaises de douze départements de ce pays. Après l’exécution par ETA du chef de brigade politico-sociale Melitón Manzanas à Irun le 2 août 1968, toute la famille Etxabe, son père et ses quatre frères sont arrêtés.

De Paris à Vesoul, de Vesoul à Port-sur Saône
Le 1er septembre 1969, Juan José Etxabe entame un grève de la faim pour protester contre les autorités françaises qui viennent de le jeter en prison. Hospitalisé à Mont-de-Marsan puis jugé à Dax le 19 septembre, il sort enfin de la maison d’arrêt: «A 7 heures du matin, j’ai été libéré, mais à la porte de la prison, deux gendarmes m’attendaient qui, malgré mes protestations, comme un criminel, sans autres affaires que celles que je portais, en sandales alors qu’il pleuvait, et sans argent, m’emmenèrent à Paris et de Paris, à Vesoul. De Vesoul, j’ai été emmené à Port-sur-Saône et de là, à deux kilomètres, dans une usine de construction de matériaux où, sans même me donner à manger, je fus conduit vers un baraquement pour y habiter. Il n’y avait ni meuble, ni draps et on m’a seulement donné deux couvertures sales et un oreiller.
L’on m’ordonna de commencer à travailler le lundi 22 septembre comme manœuvre dans cette entreprise qui s’appelle SELAN, sans aucun respect pour mon libre choix et ma profession antérieure. Je refusais catégoriquement, étant donné aussi ma déficience physique, consécutive à la grève de la faim. Les policiers tentèrent de m’intimider en me menaçant de me remettre directement à la police espagnole (…). Je suis revenu dans mon pays. Une fois de plus, je vous demande de me laisser vivre en Pays Basque», écrit-il dans une lettre adressée au préfet des Pyrénées-Atlantiques le 27 septembre 1969 (Enbata n° 132).

Etxabe - Manif Mairie7
Manifestationà la Mairie de Bayonne. A la mi 70, en solidarité avec Juan Jose Etxabe, dix réfugiés, onze militants d’Enbata et des membres du PSU commencent un jeûne à la mairie de Bayonne. Henri Grenet les fait expulser.(www.paysbasqueactualites.com)

Enbata et PSU solidaires
Arrêté de nouveau dans les Landes en février 1970, il entre en grève de la faim à la prison de Dax. Libéré puis arrêté encore, il est condamné le 16 mars 1970 à trois mois de prison par le tribunal de Bayonne et entame encore une grève de la faim. En solidarité, dix réfugiés, onze militants d’Enbata et des membres du PSU commencent un jeûne à la mairie de Bayonne. Henri Grenet les fait expulser. Après force péripéties —expulsions de la cathédrale et hospitalisation— Etxabe obtient le droit de résider en Pays Basque.
Alors qu’ETA scissionne avec le départ des trotskystes de la 6ème assemblée (ETA VI), Etxabe reste fidèle à ETA V avec un tout petit noyau de militants. Il vit de près le procès de Burgos et participe à l’enlèvement du consul allemand Eugen Beilh. En juin 1971, après une année de tensions internes, Etxabe quitte ETA.

Il écrit au préfet et au ministre
Mais son passé de militant le poursuit et le 6 octobre 1972, les autorités françaises l’arrêtent à nouveau, l’emmènent à Dax puis à Longwy près de la frontière belge, où elles l’assignent à résidence. Dans une lettre adressée le 7 novembre 1972 au ministre de l’Intérieur et au préfet des Pyrénées-Atlantiques, il écrit: «Conscient de l’arbitraire d’une pareille mesure, je retournais à Bayonne, et après consultation de mon avocat, je me laissais délibérément arrêter, afin de comparaître devant un tribunal et connaître ainsi les raisons de mon expulsion. A ma grande surprise, je fus remis en liberté, sans même avoir comparu devant le procureur de la république. En compagnie de 60 réfugiés et Basques du Nord, j’ai entrepris une nouvelle grève de la faim et je suis obligé de constater que les explications que vous donnez, monsieur le ministre et monsieur le préfet, sont inexactes.
Vous affirmez en effet, que nous avons été avertis à plusieurs reprise, de cesser nos activités. C’est faux. Depuis le mois d’avril 1970, date à laquelle j’ai été libéré, jamais je n’ai fait l’objet d’une remontrance à cet égard, n’ayant d’ailleurs aucun motif pour en recevoir».

Son frère Iñaki abattu par les barbouzes
Le 1er janvier 1974, peu après la mort de Carrero Blanco, arrestation et expulsion de plusieurs réfugiés, dont Juanjo Etxabe à la frontière franco-belge. Ils refusent de s’y rendre et disparaissent dans la nature.
Les groupes de barbouzes para-policières s’acharneront sur toute la famille Etxabe durant l’année 1975. Les restaurants des deux frères à Elorrio et Baiona (rue Pannecau) sont l’objet de plusieurs attentats. Son troisième frère Iñaki est tué à bout portant le 5 octobre 1975 dans son auberge de Mondragon. «Dans la soirée de ce 5 octobre, plusieurs gros contrôles policiers s’effectuent, la garde civile fouille : le climat de terreur déjà installé est, ce soir-là, le prélude à un assassinat. Vers 23h 15, à Mondragon, Iñaki Etxabe, 39 ans, s’affaire dans l’office de son bar-restaurant. Il reste une dizaine de consommateurs, des habitués. Luis, frère cadet d’Iñaki, range quelques tables. La porte d’entrée est ouverte violemment par quatre nouveaux arrivants en civil, mais armés. Ils obligent les consommateurs à se coucher à même le sol : «Nous venons tuer les Etxabe!». Luis réalise tout de suite, il s’échappe, une mitraillette commence à crépiter : Iñaki accourt de l’office. «Que se passe-t-il ? Veut-on encore me casser le bar?» Il fait face aux individus, il veut savoir. C’est alors que les coups de feu partent. Iñalki s’écroule, la face contre terre. Il est mort» (Enbata n° 379). La veille, la voiture de Juanjo est brûlée à Saint-Jean-de-Luz.
Mais c’est le 2 juillet que le coup le plus dur lui sera porté avec l’attentat de la Triple A (Alliance apostolique anticommuniste, ancêtre du GAL), devant son restaurant de Donibane Lohitzun. Son épouse Agurtzane Arregi succombe à ses blessures en laissant trois orphelins. Etxabe survit miraculeusement à 11 balles de mitraillette. C’était le 30e attentat commis depuis avril 1975, en territoire de l’Etat français sur les réfugiés basques. Suite aux nombreuses transfusions sanguines reçues après cet attentat, Juanjo souffre d’une hépatite C.

Juan Jose Etxabe en grève de la faim en 1979 et une de ses filles s'adressant au médias.
Juan Jose Etxabe en grève de la faim en 1979 et une de ses filles s’adressant au médias.(www.paysbasqueactualites.com)

S’il doit y avoir un étranger…
Nouvelle expulsion par Paris le 17 août 1979, il entame aussitôt sa sixième grève de la faim, avec ses filles Izar et Arnaiz, à la mairie de Saint-Jean-de-Luz, puis en l’église de Sokoa. C’est alors qu’il envoie au préfet des Pyrénées-Atlantiques une lettre demeurée célèbre : «Dans l’arrêté préfectoral que vous avez envoyé au commissariat de Saint-Jean-de-Luz, vous me considérez comme un étranger. Permettez-moi de vous rappeler que je suis Basque, que je vis en Pays Basque et qu’entre vous et moi, s’il doit y avoir un étranger, ce sera forcément vous (…)». Comment expliquer une mesure d’expulsion qui rend Etxabe indésirable à Saint-Jean-de-Luz, mais pas à Irun ou à Périqueux?
Dans une deuxième lettre, il persiste et signe: «Que voulez-vous, monsieur le préfet? Qu’après avoir été privé de mes allocations, du capital-décès de ma femme, de mon travail, des avantages de la sécurité sociale (j’ai encore trois balles dans le corps), que voyant hypothéquer l’avenir de mes enfants, vous voudrez peut-être que je vous fasse cadeau de mon bar-restaurant, des 50% du fonds commercial de prêt à porter «Saioa» et que je parte tranquillement de l’Etat français ? Que je renonce à ce qu’avec tant de sacrifices et d’efforts, nous avons réussi ? Que je renonce aux droits indiscutables de mes trois enfants nés à Bayonne ? Non, monsieur le préfet ! Si vous voulez faire de moi un hors-la-loi, vous le ferez. Mais je vous croyais assez préoccupé par les hors-la-loi existants déjà, sans en créer un nouveau, par vous-même» (Enbata n° 574).
Coup de théâtre le 25 août, après l’intervention du Biltzar des maires du Labourd et du député Bernard Marie, le ministre de l’Intérieur annonce que la situation d’Etxabe va être régularisée dans les trois mois. Nouveau coup de théâtre le 9 octobre 1980, la police l’arrête devant son domicile de Donibane Lohitzun et le reconduit à la frontière.

Etapes de la libération
Interpellé à nouveau le 15 novembre 1980 dans l’Ariège, il est incarcéré à Fresnes, où il entame une grève de la faim… au moment où la barbouze Zurita, considéré comme le meurtrier de sa femme Agurtzane vient d’être étrangement libéré le 17 octobre. Finalement, après un jeûne de près d’un mois en prison, Etxabe est libéré le 18 décembre et obtient un titre provisoire de séjour.
Depuis, Juanjo Etxabe vivait en Euskal Herria où il était membre du mouvement Elkarri. Le 21 mai 1996, il se faisait une dernière fois incarcéré par la France, sur ordre cette fois-ci de la juge Laurence Le Vert, en même temps que Mikel Isasi, ex-membre de la direction du PNV et du gouvernement basque. Il sera libéré le 22 juin.
Malade et affaibli, ayant beaucoup souffert de sa dernière incarcération, il meurt à Urrugne le 12 juillet 1996, juste après avoir accordé à l’hebdomadaire Argia une interview remarquée où il égratigne HB, sans toutefois désavouer la formation politique et appelle de ses vœux la poursuite de la lutte et l’union des abertzale face à l’ennemi. Ce sera son testament politique: «Euskadi a perdu son indépendance en plusieurs étapes, d’abord la conquête par les armes, puis sur le plan juridique et finalement dans le domaine culturel. Notre processus de reconstruction nationale doit reprendre ces étapes en sens inverse: fortifier et développer notre culture, lui donner un cadre juridique et, quand il le faut, agir sur le plan militaire. Ces dernières années, nous avons fait un assez bon travail en matière culturelle. Mais du point de vue socio-politique, nous n’avons pas été bons du tout».

Tel fut l’homme qui nous a quitté, un rebelle basque dans le siècle. Avec tous ses exploits et ses excès, déjà de son vivant, il est tout droit entré dans l’histoire et la légende d’un peuple.

(1) Librairie Plon, 1976, pages 48 et suivantes.

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