Il nous faut devenir une République

Le 27 octobre 2017, les salariées des maisons de retraite de Bizkaia ont vu leurs revendications aboutir après deux ans de lutte et 370 jours de grève.
Le 27 octobre 2017, les salariées des maisons de retraite de Bizkaia ont vu leurs revendications aboutir après deux ans de lutte et 370 jours de grève.

Le XVe Congrès confédéral du syndicat ELA aura lieu les 24 et 25 novembre 2021 à Bilbao, auquel 736 délégué·e·s participeront. La question nationale devrait y prendre une importance toute particulière. Gogoeta publie aujourd’hui une tribune libre de Xabi Anza, membre de l’exécutif d’ELA, abordant les nouveaux positionnements en débat dans le syndicat majoritaire du Pays Basque sud sur cette question. Nous l’accompagnons d’extraits de la motion centrale du Congrès évoquant, eux, la situation et les perspectives de travail en Iparralde.

Xabi Anza, membre de l'exécutif d'ELA en charge de la Formation
Xabi Anza, membre de l’exécutif d’ELA en charge de la Formation

ELA débat actuellement de la motion générale de son 15ème Congrès qui se tiendra en novembre. Dans ce texte programmatique, en plus de thèmes clés comme la précarité, la syndicalisation des secteurs sous-représentés, le renouveau de la culture militante ou le changement climatique, la question nationale va prendre une importance particulière : pour la première fois de son histoire, si le Congrès le décide ainsi, ELA va se positionner pour un Etat indépendant, pour une république.

La république dont nous parlons est une construction alternative aux États-nations que nous avons connus ; une communauté d’hommes et de femmes libres et capables de définir leur organisation en tant que pays et leur place dans le concert des nations. Nous nous engageons pour une société accueillante et des institutions inclusives, n’ayant pas peur d’une société civile organisée. Et nous défendons la souveraineté comme l’antithèse du néolibéralisme, face aux États, mais également aux grands groupes économiques et financiers qui sapent l’avenir de nos peuples.

Que d’opportunités gâchées

Ce pari peut surprendre. En effet, en 1979, notre organisation a misé sur un Statut d’autonomie. C’était une décision qui voyait la fin de la dictature comme une double opportunité. D’une part, nous pensions que le Statut d’Autonomie permettrait, de manière progressive et pragmatique, de développer des aspects essentiels pour notre avenir en tant que nation dans le domaine institutionnel, de la langue ou de la culture. Rappelons que nous avons accepté ce Statut d’Autonomie malgré ses sérieuses limites dans le domaine social et du monde du travail, et malgré la partition territoriale qui nous était imposée. D’autre part, nous le pensions également comme une opportunité pour l’État central lui-même, en croyant que le processus autonomique pouvait contribuer à forger en Espagne une culture politique capable d’assumer définitivement son caractère pluri-national, défi qu’il n’avait historiquement jamais su relever jusque-là.

Cette voie possibiliste ne fut pas celle choisie par l’ensemble du monde abertzale. En ce qui nous concerne, nous ne renions pas du tout le pari effectué à l’époque, mais nous devons aussi faire une lecture critique du chemin parcouru.

En premier lieu, nous pensons que le cadre autonomique nous a permis de développer des questions fondamentales, même si les gouvernements centraux l’ont systématiquement raboté, rendant le pacte de 1979 totalement méconnaissable. C’est pourquoi, dès 1997, nous avons proclamé que pour ELA, la voie autonomique était bel et bien morte.

Involution autoritariste

En second lieu, concernant la capacité de l’État central d’assumer son caractère pluri-national, nous croyons sincèrement que la situation est pire que par le passé. A chaque tentative de modifier le cadre juridique (avec la proposition de nouveau statut politique votée par le Parlement basque, ou avec l’Estatut catalan), la réponse des principaux partis et appareils d’État a été sans équivoque : refus répétés et répression sans limite, exacerbées par le roi en personne dans le cas catalan. En outre, aujourd’hui, cette dialectique uniformisatrice alimente et renforce l’extrême-droite. Le système politique espagnol est ouvertement bien plus intransigeant et belliqueux de nos jours à l’encontre des revendications nationales présentes dans l’État.

Troisièmement, nous croyons que tout cela survient dans le cadre d’une dérive autoritariste globale du capitalisme avec un dénominateur commun bien identifiable : les droites rompent avec les règles démocratiques les plus élémentaires pour combattre la moindre expression d’une politique progressiste. Dans le cas espagnol, cela s’incarne dans des pratiques et des propositions de suppression des statuts d’autonomie (et bien évidemment du convenio et du concierto economico), la menace d’illégaliser les organisations indépendantistes pour le simple fait d’être indépendantistes, l’utilisation du pouvoir judiciaire pour imposer une conception unique de l’unité de l’État et pour écraser le reste des pouvoirs, la répression indiscriminée de l’action collective et revendicative, le procès en illégitimité fait à des représentants élus, et bien d’autres choses encore. Dans notre cas, disons-le, le fédéralisme autoproclamé du Parti socialiste, dont le gouvernement actuel repose également sur la répression de milliers de Catalans et celle des prisonniers politiques basques, ne nous a jamais convaincus.

Processus national et social

Il est urgent que nous devenions un État. Nous sommes conscients des difficultés et des obstacles. Et nous savons que ce combat-là prendra beaucoup de temps. Mais nous faisons, comme en 1979, un nouveau pari qui, pour démarrer, sera forcément unilatéral. Ce que nous ferons à l’avenir sera cohérent avec notre caractère spécifique et avec le chemin entrepris par ELA il y a 110 ans : nous travaillerons en nous appuyant sur la logique à la fois radicale et pragmatique qui alimente notre travail syndical quotidien et en concevant ce processus national dans une perspective démocratique, civile et sociale. Oui, surtout sociale. Parce que c’est notre vocation et parce que nous sommes convaincus que ce n’est qu’à partir de la défense de la justice sociale et de la solidarité que le processus indépendantiste gagnera peu à peu l’adhésion citoyenne majoritaire dont il a besoin.
“Union ouvrière et fraternité basque” fut la devise fondatrice d’ELA en 1911. Aujourd’hui, nous l’imaginons sous la forme d’une république.

10. Abertzaleentzako garai erabakigarria Iparraldean

123. Azken lau urteetan konfirmatu egin da Iparraldeko mugimendu abertzale eta erakunde progresisten dinamismoa. Hainbat erakunde sortu dira, esaterako Enargia, energia sustatzeko kooperatiba (700 bazkide baino gehiago eta udalerriekiko kontratu garrantzitsuak dituena) eta martxan jarri dira eremu ezberdinetako ekinaldi eta hobekuntzak: Eusko tokiko moneta, migranteekiko elkartasun sareak, elkarte feministak, etab.

124. Baina garai honetan agerian geratu dira ere dinamika abertzalearen gabezia eta beharrizan batzuk, esaterako Jaka Horien mugimenduarekin, zeinak argitara atera duen nolabaiteko deskonexioa dagoela erakunde politikoen, sindikatuen eta elkarteen eta eredu sozial eta ekonomikoaren ondorioak gehien nozitzen dituzten biztanleen artean.

125. Gainerakoan, une politikoa erabat baldintzatzen dute pandemiak, Macronek gidatutako kontrarreforma sozialek eta gero eta gehiago 2022ko presidentetarako hauteskundeek; honez gero gerta liteke ere eskuin muturrak garaitzea. Honek guztiak marko zaila osatzen du mugimendu sozial eta klimatikoa dinamizatu beharra dagoen une batean.

126. Mugimendu abertzalearentzat eta ELAren Iparraldeko dinamikarentzat igaro den lau urteko aldi hau defini daiteke pibote-une bezala, ETAren desegiteak, armagabetzeak, presoen agendak eta Iparraldearen existentzia instituzionalak markatutako aroaren eta erantzun berriak eskatzen dituen garai berri baten artean.

127. Trantsizio honen eta Manu Robles-Arangiz Fundazioan izandako eztabaida prozesuaren ondorioz, ELAk berebiziko garrantzia duen apustua egin du: Alda mugimendua sortu du, auzo eta sektore herrikoietara orientatua. Urrats berri bat da, eguneroko borrokak eta militantzia soziala masa-erakunde abertzale batean kokatzeko asmoz, zeinak logika erradikal eta pragmatiko batekin lan egingo duen, helburutzat justizia sozial eta ekologikoa hartuta. Datozen urteetan proiektu horren garapenean inplikatzea izango da Manu Robles-Arangiz Fundazioaren lan eremu nagusietako bat.

128. Eremu instituzionalean, lau urte igaro dira lurralde guztia hartzen duen lehen erakunde errepresentatiboa sortu zenetik: Euskal Herriko Lurralde Elkargoa. Aurreko ponentzian nabarmendu genuen egitate historiko honen garrantzia eta botere berri honek zein politika egiteko aurrekontua izateak Iparraldeko aktoreentzat zekartzan erronka berriak.

129. Erakundea egituratu eta martxan hasi denetik eskumenak dituen eremuetako politikak definitzeko unea iritsi da. Izan ere, politika garrantzitsuak ari dira definitzen zenbait arlotan: garraioa, klima, kultura… Eta garrantzi berezia du etxebizitzaren auziaren inguruan piztu den eztabaida, Iparraldeko bizilekuen arazoaz. Funtsezko agenda da gizartean eta belaunaldietan dituen inplikazioengatik, eta eztabaida horretan parte hartu nahi dugu.

130. Molac legearekin gertatuak erakusten du, besteak beste, Iparraldeko errealitate instituzionala hauskorra dela, baita euskara ofiziala ez izatearen ondorioak ere; honek eraman behar gaitu mobilizazio sozialarekin jarraitzera, izan daitezkeen aurrerapausoei eusteko.

131. ELAk Fundazioaren bitartez lanean jarraituko du erakunde eta alternatiba ekologiko eta sozialek osatutako ekosistema sendotzeko, gure abertzaletasun ireki eta inklusiboaren adierazpen gisa.

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