Une des vertus de la révolte des gilets jaunes est de réactiver des débats comme celui concernant l’injustice et les inégalités sociales. Un abîme sépare le discours des élites au service du pouvoir de la réalité dénoncée par les classes populaires.
Et le matraquage de la pensée unique est tellement puissant qu’on en vient parfois à douter des évidences qui jalonnent pourtant notre quotidien. Dans ce contexte, que disent par exemple, des intellectuels rigoureux comme Thomas Piketty qui est un des meilleurs spécialistes des questions fiscales en France ? Son diagnostic est sans appel. Le système fiscal français est totalement injuste, car pour les 5% les plus riches, toutes contributions confondues (impôts et cotisations), au lieu d’être progressif, il est devenu régressif : c’est-à-dire que les contributions des plus riches sont proportionnellement plus faibles que celles des autres catégories. De même, l’ISF est censé faire fuir à l’étranger les détenteurs de patrimoine. C’est totalement faux, car depuis 1990, le nombre et les montants de patrimoine déclarés à l’ISF sont en constante hausse. Loin d’être un impôt inefficace, il est contraire de plus en plus efficace.
Degré zéro d’empathie
La conclusion que l’on peut en tirer est que la révolte des gilets jaunes est totalement justifiée. Face à ce constat, Emmanuel Macron dissimule mal son degré zéro d’empathie à l’égard des personnes en difficulté, comme en témoigne sa remarque méprisante à l’adresse d’un chômeur : “il n’y a cas traverser la rue pour trouver du travail”.
Emmanuel Macron dissimule mal
son degré zéro d’empathie
à l’égard des personnes en difficulté,
comme en témoigne sa remarque méprisante
à l’adresse d’un chômeur
De même, malgré sa tentative actuelle pour mobiliser les maires à ses côtés à l’occasion du grand débat, sa déclaration faite à un forum du quotidien Le Monde en 2015 selon laquelle être élu député relève d’un “cursus honorum d’un ancien temps” atteste du peu de considération qu’il porte en son for intérieur pour les élus de terrain. Il n’a d’ailleurs échappé à personne qu’il a boycotté le Congrès des maires de France en novembre dernier…
Mais comment comprendre l’entêtement d’Emmanuel Macron à ne pas vouloir réinstaurer l’ISF dans sa totalité ? Comment expliquer que, malgré une crise sociale majeure qui a engendré nombre de dégâts matériels, mais surtout des centaines de blessés, et même des morts, ce Président ne daigne pas changer le cap d’une politique qui a déjà occasionné tant de dégâts sociaux ?
L’aveuglement d’Emmanuel Macron est totalement incompréhensible, si ce n’est à considérer comme nous l’expliquent les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, que la bourgeoisie d’affaire ayant contribué à son accession au pouvoir l’exhorte à mener, coûte que coûte, et jusqu’au bout sa croisade libérale.
Lors d’un déplacement de lancement du grand débat, Emmanuel Macron a estimé que si certaines personnes en difficulté “font bien”, d’autres “déconnent”. Là encore, il devrait faire preuve d’humilité, car en matière de c… personne n’est exempt d’un jugement sévère de ses (con)citoyens… Puisque dans cette affaire, chacun y va de son appel à la raison, je m’y joins modestement, en suggérant à ceux qui ont soutenu Emmanuel Macron en Iparralde qu’ils seraient peut-être bien inspirés de se distancier de son aveuglement idéologique…. face à la juste révolte des “gilets jaunes”.