Mgr Jacques Gaillot est décédé le 12 avril à l’âge de 87 ans. Non conformiste et iconoclaste, il fut mis au ban de l’Eglise par le Vatican pour ses prises de position d’avant-garde. Affecté dans un évêché virtuel, celui de Partenia en Algérie, Mgr Gaillot devint « l’évêque, des autres, l’évêque des sans », sans papier, sans abri, sans droits, sans liberté, sans Etat, sans essais nucléaires, etc. Devenu tête de Turc des milieux traditionalistes qui se sont déchaînés contre lui, l’évêque rencontra sur sa route nombre de militants abertzale et agit en leur faveur. Gabi Mouesca fut l’un d’entre eux, voici son témoignage.
« J’ai rencontré pour la première fois Jacques Gaillot en 1998. A la maison centrale de Moulins. Prison réputée alors comme étant la plus sécuritaire d’Europe. De nombreux “perpét” s’y trouvaient, de longues et très longues peines. Beaucoup de prisonniers dévorés par la haine et le désespoir aussi.
J’avais invité Jacques à venir nous rencontrer, échanger. Je voulais que ces hommes mis au ban de la société rencontrent un homme bon, un Frère.
La rencontre s’est faite. Lumineuse.
Il ne m’appartient pas de dire ce que cette rencontre a provoqué chez un tel ou un tel, mais je porte en moi le souvenir de regards qui se sont éclairés, de visages qui se sont détendus à l’écoute de Jacques. A son écoute on se réhumanisait en un lieu déshumanisant.
Puis, nos chemins se sont croisés bien des fois depuis. Lors de “parloirs” en prison, mais aussi hors les murs, dans des temps de partage, d’engagement militant. Sa présence était toujours discrète. Les mots comptés mais d’une lucidité et d’une force sans égal.
Jacques a toujours été un soutien actif des Basques en résistance, comme il l’était des Palestiniens, des Corses et autres peuples en lutte. Jacques a été de celles et ceux —trop rares— qui incarnent la solidarité inconditionnelle auprès des plus souffrants .
Nous sommes aujourd’hui des millions de par le monde qui pleurons le départ de Jacques ».
Au fil des interventions de Mgr Gaillot en Iparralde, quelques extraits du journal Enbata.
+ Lors d’une grève de la faim en faveur des prisonniers politiques basques, Enbata n°1418 du 14 mars 1996.
+ A Mugerre, messe et témoignages en faveur des presos, Enbata n° 1420 du 28 mars 1996.
+ En faveur de Géronimo Prieto, invité à Bayonne par le Comité de défense des droits de l’homme en Pays Basque, Enbata n° 1496 du 25 septembre 1997
Merci Jacques pour ta vie consacrée à tous les délaissés de cette terre