par Isabel Capdeville, Inter-Amap Pays Basque
Les différentes AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) d’Iparralde (regroupant 1500 familles) proposent une double approche de la place de l’agriculture dans le futur l’EPCI (Etablissement Public de Coopération Intercommunale) Pays Basque. Une Communauté Pays Basque unique pour quoi ? Une agriculture pour quoi faire ? Nous vivons sur un territoire qui veut porter un sens et où peuvent se rencontrer deux mondes (l’urbain et le rural ou la Côte et l’Intérieur). Ne le morcelons pas, ni dans ses compétences, ni dans ses particularités.
Une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) est un partenariat de proximité entre un groupe de consommateurs et un producteur paysan pour l’achat direct et régulier de légumes, fruits, œufs et autres aliments paysans. Elle suit la logique du « plus près, plus sain, plus juste ». Elle promeut une agriculture capable de nourrir la population du territoire, et non une agriculture prisonnière de la recherche effrénée de profit ou de subvention ne se souciant plus de sa finalité alimentaire et sociale.
Rencontre de la Côte et de l’Intérieur
En effet, nous avons besoin d’une agriculture qui soit une composante du territoire, dans un souci de respect de l’environnement, des personnes qui y vivent, et des savoirs faire paysans. C’est-à-dire une agriculture avec moins de terres «PACables» (en référence à la Politique Agricole Commune européenne qui oriente et limite trop les choix agricoles possibles) et plus de terres «CAPables» d’alimenter localement les foyers et cantines.
Le point de vue des AMAP, peut éclairer la question de l’EPCI en s’interrogeant sur les apports de cette expérience d’achat et de vente directes. Ce qui est à retenir de cette expérience n’est pas tant la satisfaction d’un achat alimentaire à un prix juste que la rencontre de deux mondes. Celui de l’urbain et du rural, ou encore celui de la Côte et de l’Intérieur.
Plus de 10 ans d’AMAP en Pays Basque, nous apprennent comment l’un peut servir l’autre dans une belle réciprocité territoriale. Comment la richesse alimentaire de l’intérieur peut satisfaire la demande de la Côte, plutôt qu’importer de la nourriture.
Cette histoire de 10 ans nous fait comprendre que nous pouvons faire « un » avec nos différences et comment notre souhait de collaborer à un même projet provoque de fructueuses rencontres.
Notre idéal de faire ensemble
Les AMAP se développent dans un système en évolution constante : plus de paysans, plus de groupes constitués, plus de sujets sociaux à traiter (environnement, alimentation, économie, éducation…). Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir. A chaque virage, notre idéal de faire ensemble nous donne l’envie de réfléchir collectivement et de construire pour tous.
Nous vivons sur un territoire qui veut porter un sens. Ne le morcelons pas, ni dans ses compétences, ni dans ses particularités.
Nous espérons que, plus près du sujet, les futurs administrateurs de l’EPCI (Communauté Pays Basque unique) créeront avec la société civile une stratégie agricole s’appuyant sur l’intérêt local, mettant en valeur les idéaux relatifs à une gouvernance alimentaire responsable. Qu’il sera possible de construire sans oublier de penser à nourrir.